16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:21

 

Le 4 octobre 2010, le 1er Régiment d’Infanterie de Sarrebourg en Moselle, recevait ses premiers équipements FELIN à destination de ses 6 compagnies de combat. Sur une vidéo du journal  Le Figaro nous pouvons désormais voir à quoi ressemble cet équipement dans sa configuration opérationnelle, tel qu’il a été mis en oeuvre lors d’une récente présentation, et tel qu’il sera bientôt projeté sur le théâtre d’opérations afghan à la fin de l’année. À l’heure actuelle, le 1er RI travaille à la mise en condition de ce matériel Hi-Tech.

 

Le FELIN ou Fantassin à Équipements et Liaisons Intégrés est un programme d’équipement majeur de l’Armée de Terre, lancé en 2001 après plusieurs années d’étude. Emboitant le pas à des programmes similaires dans d’autres pays – Land warrior aux États-Unis ou FIST en Grande-Bretagne – le FELIN est pris en main par la société SAGEM (groupe SAFRAN) à partir de 2004. Jusqu’en 2008, les divers équipements du système sont soumis au banc d’essai. Une première livraison en présérie permet un passage au banc d’évaluation en 2009. Cette année, plusieurs unités reçoivent le FELIN pour le tester dans des milieux considérés comme extrêmes pour l’engagement de l’infanterie: désert, jungle, montagne…

 

Icône pdf 1

Téléchargez le dossier SAFRAN en pdf

 

Aujourd’hui, le programme FELIN, arrivé à maturité, est désormais opérationnel. Nous entrons dans la phase de production, qui voit le déploiement du matériel dans les unités. 22 588 tenues ont été ainsi commandées à la SAGEM, et les premières unités ont commencé à être équipées dès la fin 2010. Avec le 1er RI, le 13e BCA a déjà perçu l’ensemble de ses tenues FELIN. Bientôt suivront les 16e BC, le 92e RI et le 35e RI. Il est ainsi prévu d’équiper 4 régiments d’infanterie par an jusqu’en 2015, année au cours de laquelle l’ensemble de l’Armée de Terre sera félinisée.

 

Le FELIN est un système d’équipement individuel du combattant d’infanterie. De conception modulaire, il comporte 90 pièces d’équipement permettant 16 configurations différentes selon les missions. Se présentant comme une plate-forme d’équipements associés, la tenue peut se voir ajouter ou, au contraire, se voir retirer des éléments au gré des circonstances. Le FELIN fait véritablement entrer notre infanterie sur le champ de bataille numérique, en info-centrant toutes les fonctions élémentaires du fantassin à savoir sa protection, ses capacités d’observations, d’agression, de mobilité et de communication. En situation de combat direct avec l’ennemi, le système FELIN permet à tout soldat de devenir un soutien tactique à part entière par la capacité de ce dernier à informer en temps réel tous les autres combattants de son groupe, les localiser et leur apporter un feu y compris en configuration indirecte ou déportée.

 

Maillon situé au centre des flux d’informations de son groupe de combat, le FELIN est aussi intégré dans les autres systèmes d’armes présents sur le champ de bataille: blindés Leclerc, VBCI, canon CAESAR, hélicoptère Tigre, drone, avion Rafale qu’il pourra renseigner directement. Capable de combattre de jour comme de nuit, le FELIN agit aussi comme un capteur de la chaîne de commandement à tous ses échelons, du général au chef d’équipe. C’est cette faculté d’agir en réseau sur le terrain, comme de pouvoir s’intégrer dans un réseau tactique plus large, qui fait désormais entrer le fantassin français dans la dimension véritablement info-centrée de la guerre moderne. À ce titre, le FELIN constitue une brique d’un ensemble technologique et tactique plus vaste: le système Scorpion.

 

Film du groupe SAFRAN/SAGEM

 

Fantassin mécanisé évoluant sous blindage à la vitesse d’un VBCI, le FELIN est destiné au combat débarqué à proximité de l’objectif. À l’origine, le programme avait lancé un autre sous-programme concernant la mise au point d’une nouvelle arme: la PAPOP ou Poly-Arme Poly-Projectile. De conception bullpup (1) comme le FAMAS, la PAPOP (dont il a existé deux versions) devait pouvoir traiter tout objectif masqué ou non. Le poids de l’arme et la bonne évolutivité du FAMAS ont finalement conduit à l’abandon de la PAPOP. Aujourd’hui, c’est un FAMAS de nouvelle génération qui équipe le FELIN.

 

L’un des reproches souvent adressé à l’endroit du fantassin info-centré, que ce soit le Land warrior américain ou le FELIN français, - hormis le coût - est le poids de la tenue. Celui-ci est déterminé à 30 kg avec une dotation réglementaire en munition de 6 chargeurs et 4 grenades. L’expérience en Afghanistan comme ailleurs montre, cependant, que les combattants n’hésitent pas à emporter avec eux davantage de chargeurs et de grenades augmentant sensiblement le poids de la tenue… Toutes les configurations FELIN que nous avons pu observer jusqu’à présent, montrent effectivement un combattant lourdement équipé, voire encombré par la taille de certains appareils optiques… Le système n’échappe pas à cette recherche permanente du compromis entre la mobilité et la protection, cette dernière représentant 40% du poids total de la tenue. L’actuel FELIN, nonobstant son appellation, n’a, donc, plus rien à voir avec les fantassins des guerres d’Indochine ou d’Algérie, qui étaient beaucoup plus “félins” au sens propre…

 

Si la question du poids se pose dans l’immédiat face aux Taliban, elle peut être nuancée à l’aune du paradigme de l’infanterie occidentale où le fantassin a toujours été un combattant chargé que ce soit les “mules” de Marius, les gens d’armes du XVe siècle ou les grognards de Napoléon. Le FELIN a pour lui une recherche de pointe en matière d’ergonomie, d’optronique et de liaisons radio qui a le mérite d’intégrer directement au combattant une large panoplie de moyens pour un poids d’ensemble équivalent aux anciens équipements, la protection et la polyvalence du soldat en moins pour ces derniers. Pensons à ce que pouvait peser une paire de jumelles, un poste radio TRPP 13 ou TRPP 11 pour une efficacité bien moindre aussi bien à l’échelle du combattant que du groupe…

 

Mise en condition du système FELIN par le 13e BCA

 

Le programme FELIN a permis de grandes avancées technologiques et ergonomiques. Pour communiquer, le combattant dispose d’un système d’ “ostéo-communication” où micros et écouteurs transmettent les messages par vibration au contact des os du crâne. Le RETEX a fait intégrer les commandes radio ainsi que le terminal informatique à la poignée du FAMAS qui, pour se faire, a été allongée au-delà de la poignée pistolet. Il est vrai que le casque à tendance à s’alourdir avec les systèmes optiques et de communication qu’il centralise désormais. Si l’US Army travaille, actuellement, sur des concepts d’exosquelettes pouvant permettre de soulager le portage du soldat et d’augmenter l’endurance de ce dernier, d’autres recherches en matière d’électro-textiles et d’armes plus légères pourraient alléger dans un avenir proche l’actuel FELIN.

 

FELIN - Mardi 8 février 2011

Sniper FELIN du 1er RI, dans sa "ghillie suit",  en démonstration à Sarrebourg

 

Quoi qu’il en soit, l'actuel concept de guerre info-centrée nécessite plus que jamais une force combattante à la fois physiquement bien entraînée et bien instruite techniquement. Le fantassin d’aujourd’hui, de préférence de grand gabarit, se doit de penser la bataille à la vitesse de l’INTRANET tout en restant conscient des limites de son équipement - notamment l’autonomie des batteries d’énergie (2) –, et tout en conservant la “rusticité” traditionnelle du grenadier-voltigeur. Mais au-delà de ces considérations techniques, le système FELIN est surtout représentatif d’une évolution de notre infanterie moderne où l’homme - devenu rare dans les armées de métier - doit être capable de combattre tout en étant économisé et préservé. La part de la protection – en coût comme en poids - dans de telles tenues est d’une certaine manière le sacrifice à consentir dans des conflits où une partie de la Nation ne perçoit pas l’intérêt direct d’engager nos soldats. La moindre perte devenant, en effet, très vite insupportable au regard de l’opinion publique.

 

(1) Le terme “bullpup” désigne la conception mécanique d’une arme à feu dont la culasse et le mécanisme de tir se situent très en arrière, à l’endroit qu’occupe habituellement la crosse sur les fusils d’assaut classiques. L’avantage de l’architecture bullpup est de permettre la réalisation d’armes plus courtes et plus compactes sans pour autant sacrifier la longueur du canon. Le FAMAS français a été particulièrement novateur en la matière.

(2) Avec les tenues FELIN, SAGEM/SAFRAN fournit d’indispensables kits de rechargement. Ces kits – prévus également pour les vieux VAB - permettent aux soldats de se brancher à l’intérieur des véhicules afin de recharger leurs batteries, mais aussi de synchroniser leur système d’information.

 

Icône pdf 1Téléchargez le FAMAS félinisé en pdf


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commentaires

C
I was informative to read about the FELIN infantryman. It is a device that is used in during wars and the links Integrated is a major equipment program of the Army. It is integrated to almost all the war equipment.
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E
<br /> <br /> Le docu-fiction du groupe SAFRAN nous présentant les possibilités du système FELIN ne vont pas sans nous rappeler cet autre docu-fiction du Dod qui présentait, il y<br /> a quelques années déjà, le concept des FCS...<br /> <br /> <br /> Voir cette vidéo ici.<br /> <br /> <br /> <br />
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