8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 17:51
AU 3e RIMa DE VANNES, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ADRESSE SES VOEUX AUX FORCES ARMÉES

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    Ce vendredi 8 janvier 2010 fut la journée des voeux présidentiels aux Forces armées. Nicolas SARKOZY était, pour l’occasion, accompagné d’Hervé MORIN, Ministre de la Défense (1), d’Hubert FALCO, Secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants, et du Général d’Armées Jean-Louis GEORGELIN, Chef d’État-major des Armées.

    La cérémonie des voeux présidentiels s’est déroulée au 3e RIMa de Vannes (Morbihan), une unité éprouvée par des pertes humaines en Afghanistan en 2009. Nicolas SARKOZY a réaffirmé l’important engagement français en Afghanistan (plus de 3700 hommes à l’heure actuelle). Cet engagement est justifié, même si le Président s’est gardé d’annoncer l’envoi de renforts comme le réclame Washington depuis plusieurs mois. Le jeudi 28 janvier prochain se tiendra, en effet, une conférence internationale particulièrement importante à Londres, où sera vraisemblablement annoncée la décision ou non d’envoyer de nouveaux renforts en Afghanistan. Le Président de la République a, cependant, redit que l’objectif restait la protection et la stabilisation de la société afghane “dans le cadre d'un pays souverain, stable, en paix, acteur du dialogue international”. Par conséquent, s'il n'est pas encore d'actualité d'envoyer des renforts, il est hors de question de se retirer d'Afghanistan.

    Les voeux présidentiels ont été également l’occasion de défendre la réforme de la carte militaire, dont l’ampleur suscite de profondes inquiétudes. Lancée en 2008, généralisée en 2011, cette réforme aboutira a une transformation inédite du déploiement de nos forces armées sur l’ensemble du territoire national. 83 casernes et bases seront supprimées dont 11 bases aériennes et 1 base aéronavale. Nicolas SARKOZY a justifié cette réorganisation majeure par le soucis de réaliser des économies qui seront directement réinvesties dans la modernisation des équipements de nos soldats.

    Exprimant sa reconnaissance pour nos 10 000 militaires déployés dans le monde entier (Afghanistan, Liban, Côte d’Ivoire, Kosovo, et au large de la Somalie principalement), le Président a souligné la spécificité du métier des armes dont les risques mortels constituent le “prix de l’héroïsme militaire”. Et c’est cet héroïsme qui, selon Nicolas SARKOZY, fait de l’engagement militaire “un engagement à nul autre pareil” qui “distingue les faits d’armes des faits divers.”

    Cette distinction entre la notion de héros et celle de victime dans le discours présidentiel - distinction que nous ne cessons de souligner dans nos interventions - ne pourra manquer de nous rappeler que le 3e RIMa fut, aussi, le régiment insulté au mois d’octobre dernier par une élue locale - Nadia MOREL - refusant de rendre hommage aux soldats tombés en Afghanistan.

(1) Voir la vidéo des voeux 2010 du Ministre de la Défense, Hervé MORIN.

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 08:52
L'AFGHANISTAN ET NOUS, 2001-2009

UNE EXPOSITION DU MUSÉE DE L'ARMÉE

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Depuis le 31 octobre dernier, se tient au Musée de l’Armée (Hôtel des Invalides) une exposition photographique sur l’Afghanistan. Cette exposition est réalisée à partir de 170 photographies provenant de l’Agence Seven et du fonds de l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD).

    Elle tente de donner un éclairage sur les réalités économiques et sociales afghanes, les bouleversements liés à un conflit de plusieurs décennies, la réalité également de l’engagement de la coalition internationale ainsi que celle de la difficile reconstruction de l’État afghan.

    Les 14, 15 et 16 janvier prochains aura lieu toute une série de tables rondes, qui permettront un échange entre les photo-reporters et les spécialistes de ce conflit.

    L’exposition “L’Afghanistan et nous 2001-2009” se tiendra jusqu’au 26 février 2010.

    Informations pratiques

* Le Musée de l’Armée est ouvert tous les jours de 10.00 à 17.00 sauf le 1er lundi du mois et le 1er janvier.

* Tarifs – 7 €. Gratuit pour les –18 ans.

* Le catalogue de l’exposition – “L’Afghanistan et nous 2001-2009”, Éditions Nicolas Chaudun, 256 p, 27 €.

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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 19:24
DOCUMENTAIRE

A L'ÉCOLE DES PILOTES DE CHASSE DE L'AÉRONAVALE

Appontage RafaleAppontage d'un Rafale sur le porte-avions Charles de Gaulle
   
    La chaîne de télévision France 4 diffuse durant ces vacances scolaires un double volet documentaire sur le recrutement et la formation des pilotes de l’Aéronavale (1): "À l'école des pilotes de chasse de l'Aéronavale". Les deux premières émissions ont déja été diffusées le mardi 22 décembre dernier, mais deux autres émissions sont programmées pour le lundi 28 à partir de 20.35, ainsi que le vendredi 1er janvier 2010 à partir de 22.05.

    Ce documentaire en quatre parties a été réalisé en 2009 par Bruno SEVAISTRE et Pascal CRESEGUT. Il nous montre le parcours de quatorze jeunes hommes, candidats pour devenir pilotes de combat dans l’Aéronavale. En d'autres termes, ce qu'il y a de plus haut dans le monde des pilotes de chasse. De l’engagement jusqu’à la consécration (2), la promotion “Bravo 2009” doit affronter des épreuves théoriques et pratiques dont la difficulté va en s'accroissant.
Tous rêvent de pouvoir, un jour, piloter le fleuron de nos forces aériennes: l’avion Dassault Rafale.

    Des élèves m’ayant depuis le début de l’année fait part de ce rêve de pouvoir voler un jour à bord d’un avion de chasse, je ne peux que leur recommander vivement le documentaire de Bruno SEVAISTRE et de Pascal CRESEGUT, qui montre bien l’évolution pas à pas des candidats pilotes depuis leur incorporation. Ces derniers sont tous issus de formation scientifique, généralement le baccalauréat S, mais des filières plus techniques telles que STI peuvent aussi y mener. Contrairement à une idée reçue le passage par une classe prépa scientifique n'est pas un préalable obligatoire, quand bien même cela peut-il aider grandement par la suite. En revanche, un bon niveau en anglais, un mental solide, et un goût de l’effort éprouvé au sein d’une formation technique particulièrement exigeante, sont indispensables.
En fait, quatre candidats de Bravo 2009 seulement parviendront à franchir les premiers mois de la sélection, dont un seul véritablement pourra poursuivre le cursus à l'École de l'Air de Salon-de-Provence.

    La formation pour devenir pilote de combat dans l'Aéronavale est très longue. Elle s'étend de quatre à six années, et c'est là que résidait l'une des grandes difficultés du documentaire: comment montrer six années de formation avec les mêmes individus, sachant que la plus grande partie d'entre eux seront éliminés entre temps. L'émission est, donc, entrecoupée de témoignages de candidats pilotes plus avancés dans le cursus afin de pouvoir restituer toutes les grandes étapes de la formation d'un pilote de l'Aéronavale. Ainsi, les candidats de la promotion "Bravo 2009" sont-ils essentiellement suivis lors des premiers mois d'une sélection impitoyable sur la base de Lanvéoc-Poulmic à bord d'avions Cap 10.

T45.jpgAvion d'instruction T 45 appontant sur le porte-avions USS John Fitzgerald Kennedy (CV 67). On distingue la crosse d'appontage que le pilote déploie au dernier moment, et qui permet d'accrocher un câble d'arrêt tendu à travers le pont pour freiner l'avion. Le USS Kennedy a été retiré du srvice actif en 2007.

    Très rapidement, cependant, le propos des réalisateurs nous emmène aux États-Unis, où les aînés de "Bravo 2009", ceux ayant réussi à intégrer l'École de l'Air pour se spécialiser dans la formation de pilote de chasse, vont se perfectionner au sein d'un cursus commun avec les candidats pilotes de l'US Navy et du Corps des Marines. Puissance aéronavale unique au monde depuis la Deuxième Guerre mondiale, disposant actuellement de onze porte-avions en service opérationnel, les États-Unis ont, en effet, développé un savoir-faire inégalé en matière de formation de ce type de pilotes. D'emblée, les meilleurs pilotes de l'Aéronavale au monde sont américains. C'est à la Naval Air Station (NAS) Meridian (3), dans le Mississippi, et à bord d'avions à réaction T 45 Goshawk, que les jeunes officiers français perfectionnent leur pilotage et, fait essentiel pour des pilotes de l'Aéronavale, apprennent à apponter pour la première fois sur porte-avions. 300 appontages sont  d'abord effectués en simulateur avant de réaliser le premier sur le USS Carl Vinson (CVN 70) (4).

    On l'aura donc compris, être pilote de chasse est l’une des formations militaires les plus sélectives et les plus difficiles. Mais être pilote de l’Aéronavale signifie faire partie des meilleurs parmi les meilleurs. Si tous les pilotes de l’Aéronavale disposent des mêmes compétences que celles des pilotes de l’Armée de l’Air, l’inverse n'est pas le cas. Comme dans l'Armée de l'Air, un pilote de l'Aéronavale est avant tout un militaire avant d'être un pilote, avec toutes les contraintes inhérentes au métier des Armes. Il est également un marin ayant une connaissance spécifique des contraintes relatives à l'environnement maritime que l'on ne trouve pas à terre. Ainsi, décollage et appontage sur un porte-avions font partie des manoeuvres les plus redoutées pour tous les pilotes. Même pour les plus grands porte-avions (ceux de la classe Nimitz par exemple), vu du ciel le pont paraît toujours très petit… Un pilote de l’Aéronavale ne dispose que de quelques dizaines de mètres pour réussir à décoller ou apponter sur une surface instable du fait du roulis et du tangage.

Arabian-sea-6---April-2007.jpg"Touch and go" d'un avion Rafale du Charles de Gaulle sur le porte-avions américain USS John C. Stennis (CVN 74)  le 12 avril 2007. Les deux porte-avions manoeuvrent depuis plusieurs mois dans le Nord de la mer d'Arabie afin d'assurer le soutien des troupes au sol en Afghanistan. Le mois suivant, le porte-avions français sera immobilisé de longs mois à Toulon pour y subir des réparations lourdes (IPER). Il ne pourra être remplacé faute d'un deuxième porte-avions disponible. Jusqu'en 2009, ce sont nos alliés américains qui permettront à nos pilotes de s'entraîner périodiquement sur leurs porte-avions. Le pont d'un porte-avions américain est, cependant, beaucoup plus long: 330 m en moyenne pour 260 m pour le Charles de Gaulle. Plus particulièrement la piste oblique - celle sur laquelle les appontages se réalisent -  qui mesure 243 m pour les premiers et 203 m pour le second. Il est aussi à noter que la longueur des catapultes américaines est de 90 m pour 75 m sur le Charle de Gaulle. L'évaluation de la distance et de la vitesse d'approche sont donc différentes, même si ce qui compte demeure, avant tout, l'alignement par rapport au miroir quel que soit le porte-avions (Source photographique: US Navy).

HUD-F-18.jpgAppontage d'un chasseur américain F 18 Hornet vu du Head-up display (HUD)

    On comprendra que les réflexes à la seconde près jouent énormément. La piste d'aterrissage pour un pilote de l'Aéronavale bouge du fait de la houle, mais elle est également mobile du fait de la vitesse de marche du porte-avions. Un double paramètre qui exige une précision hors du commun dans la manoeuvre de l'appareil, et qu'un pilote de l'Armée de l'Air ne connaît pas car les pistes terrestres sont longues de plusieurs kilomètres et sont des infrastructures par définition immobiles. D’où la nécessité, pour les pilotes de l’Aéronavale, de s’entraîner en permanence. Une flottille qui ne s’entraîne plus perd rapidement son savoir-faire, au même titre que les équipes travaillant autour des avions, notamment en ce qui concerne le catapultage et la préparation des missions. C’est le problème majeur qui s’est posé lors de la longue immobilisation (IPER) de notre unique porte-avions de 2007 à 2009: à savoir comment continuer à assurer le niveau de qualification de nos pilotes et de leurs équipes.

    Dans le même ordre d’idée, disposer d’une force aéronavale signifie la capitalisation d’un savoir-faire complexe aussi bien en matière technologique (aéronautique comme maritime), technique, qu’en matière de formation et d’entraînement des hommes, à commencer par les pilotes. Ceci ne peut s’improviser du jour au lendemain, et il faut de longues années – et de très coûteux moyens – pour mettre sur pied ce type de force navale.

Charles-de-Gaulle.jpgLe porte-avions Charles de Gaulle (à droite) réalisant un exercice avec le porte-avions américain USS Enterprise (CVN 65) en 2007. La différence de taille des ponts d'envol est particulièrement nette sur cette photographie (source photographie - US Navy)

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(1) L'année 2009 correspond au 100e anniversaire de l'Aéronavale.

(2) Cf. "Charles de Gaulle. Six appontages pour une qualif", in Cols bleus, n° 2931 du 12 décembre 2009. La consécration réside en
la qualification d'appontage sur le porte-avions Charles de Gaulle (6 appontages réussis), et l'intégration d'emblée dans un groupe aérien embarqué. C'est cette longue formation qui aboutit en conclusion du documentaire avec l'expérience d'Edgar qui obtient sa qualification et son indicatif pilote opérationnel dans la flottille: "Schuler".

(3) La deuxième grande base d'entraînement des pilotes de l'US Navy est la NAS Kingsville au Texas.

(4) Le USS Carl Vinson est le porte-avions vedette du film mythique de Tony SCOTT, "Top gun" (1986).

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 17:01
JOYEUX NOEL 2009

Christmas tree

    Le blog “Défense et Démocratie” souhaite un très joyeux Noël à nos soldats, nos marins et nos aviateurs. À toutes celles et tous ceux qui participent à la défense de notre Démocratie et de ses valeurs.

    Partout dans le monde et sur tous les océans, nos militaires sont présents pour défendre la paix, le respect du droit international, aider d’autres peuples à trouver le chemin de l’État de droit, garantir nos intérêts.

    Notre pensée, toujours forte à l’endroit des soldats éloignés de chez eux et de leur pays, le sera aussi - et en particulier - pour les familles endeuillées en Afghanistan et au Liban. À ces familles dont c’est le premier Noël privé du mari, du compagnon, du père, du frère ou du fils tombé en 2009, nous disons notre compassion, et notre plus sincère affection. Merci.

    Notre hommage ne tient pas en une minute de silence, il est permanent.

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 07:57
Calendrier 2010
    La revue de l'Armée de Terre, "Terre Information Magazine", que les élèves peuvent consulter au CDI vient de faire paraître son nouveau calendrier pour l'année 2010.

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 19:13

    Aujourd’hui se déroulait, dans la base navale de Toulon, la 7e édition de la Journée annuelle du Sous-Marin (JSM), une journée dédiée à nos forces sous-marines. La France est une puissance sous-marine de premier ordre avec 4 Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE) et 6 Sous-marins Nucléaires d’Attaque (SNA). Les premiers sont de grosses unités de 110 sous-mariniers. Ils constituent le fer de lance de notre dissuasion nucléaire. Leur propulsion est nucléaire, leur armement également (1). Les seconds - de taille plus réduite (72 sous-mariniers) - sont à propulsion nucléaire, mais leur armement reste conventionnel. Les SNA sont particulièrement polyvalents avec, cependant, la mission majeure d’assurer la sécurité des SNLE en mission ou à l’entraînement.

    Forte de 3600 hommes et de 10 bâtiments, les forces sous-marines françaises sont, donc, organisées en deux parties. Les 4 SNLE sont le coeur de la Force Océanique Stratégique (FOST) qui, elle, constitue la deuxième composante de nos Forces Nucléaires Stratégiques (FNS). C’est cette composante navale qui est la plus importante, et c'est sur elle que se fonde l’essentiel de notre capacité de dissuasion. La Marine est l'Armée qui, aujourd'hui, permet plus que jamais la sanctuarisation du territoire national, alors que la France continue de rester un pays de culture et de tradition continentales.

    C’est le Vice-Amiral d’Escadre Jean-François BAUD, commandant la FOST, qui a présidé aujourd’hui cette 7e JSM dont le thème était l' "Histoire du sous-marinier”. À cette occasion était invité Alexandre SHELDON-DUPLAIX, un chercheur du Service Historique de la Défense (SHD) que l’Enseignant Défense connaît bien pour le croiser régulièrement dans les fonds d’archives du Département de la Marine sis dans le château de Vincennes. M. SHELDON-DUPLAIX est, par ailleurs, l’auteur d’une très récente “Histoire mondiale des porte-avions.”


(1) Les missiles M45 seront très bientôt remplacés par des M51. Les M45 et M51 sont des missiles balistiques stratégiques mer-sol à changement de milieu de type MIRV (Multiple Independently targetable Reentry Vehicle). Les missiles MIRV sont des vecteurs emportant plusieurs ogives, et capables de frapper simultanément plusieurs objectifs.



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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 10:01
GUERRE ET STATISTIQUES

MIROIR ET TROMPE-L'OEIL

    Une organisation israélienne de défense des Droits de l’Homme, B’Tselem, vient de publier un bilan de deux décennies de guerre entre Israéliens et Palestiniens. Selon les statistiques de cette organisation 7398 Palestiniens ont été tués en vingt ans contre 1483 Israéliens, soit un total de 8881 morts. Ce calcul ne comptabilise pas les victimes des affrontements interpalestiniens, ni ceux avec le Hezbollah au Liban (1).

    Ce qui ressort de cette étude, c’est que le conflit israélo-palestinien - rapporté à sa permanence médiatique depuis vingt ans, ainsi qu’à la violence quasi quotidienne des images télévisuelles – ne reste finalement qu’un conflit de très basse intensité avec un ratio de 1,2 morts par jour depuis deux décennies. Rapportés aux populations respectives, les chiffres de l’organisation B’Tselem ne sont également pas significatifs avec un ratio de 1 pour 100 côté palestinien, et 1 pour 600 côté israélien.

    En effet, pour les spécialistes, l’un des critères permettant de définir une typologie des conflits est le seuil d’intensité de ces derniers. Ce seuil d’intensité est, entre autres, révélé par l’ampleur ou non des pertes humaines quotidiennes. On comprendra aisément que les deux guerres mondiales ont été des conflits de très haute intensité, dont les pertes (militaires comme civiles) se sont chiffrées en millions d’individus dans des périodes de temps, somme toute, assez courtes en comparaison à l’affrontement entre Israéliens et Palestiniens.

    Certes, la froideur des nombres n’enlève rien à la cruauté de la situation, et d’un point de vue humaniste comme moral, la guerre – quelle qu’elle soit - restera toujours un échec pour l’Homme, puis la naissance de l'activité guerrière jusqu'à nos jours. Une vie est une vie, et rien ne saurait la remplacer. Ce que montrent en revanche les statistiques, c’est une relativisation nécessaire, d’une guerre à l’autre, de la notion de pertes. De 1914 à 1918, l’Armée française perdait chaque jour près de 980 hommes! Avec 4365 soldats tués depuis le début de son engagement en Irak, en mars 2003, l’armée américaine atteint un ratio de 1,7 mort par jour. Rien à voir, donc, avec la réalité chiffrée de la Guerre du Vietnam pourtant distante d’à peine une trentaine d’années, et avec laquelle les médias ont d’emblée voulu établir une comparaison.

    Et si de notre point de vue français, nous faisions le calcul du nombre de nos morts en Afghanistan depuis l’automne 2001, nous arriverions à un ratio de 0,01 mort par jour… Cette statistique - encore plus dérisoire eu égard aux deux autres conflits du Moyen-Orient cités précédemment - est pourtant relayée sans commune mesure dans les médias par des critiques en méconnaissance de cause de notre engagement en Afghanistan et des réalités militaires. Relayée également par une judiciarisation inédite des opérations militaires.

    La France qui ne fait plus de guerres de conquête, s’est engagée en Afghanistan comme ailleurs - et aux côtés d’autres nations démocratiques - dans la stabilisation de l’ordre mondial, si ce n’est dans la construction d’une paix globale. En ce sens, ce qui se passe en Afghanistan peut être considéré à bien des égards comme une guerre juste à défaut d’être la lutte la plus efficace ou la mieux adaptée pour reconstruire un Afghanistan stabilisé et pacifique. Cela est, cependant, un autre débat que nous n’avons pas à ouvrir sur ce blog.

    En revanche ce que nous pouvons remarquer, c’est que c’est au moment où nous sommes engagés dans une guerre dont le motif est loin d’être moralement condamnable au regard de l’Histoire ancienne et présente; que c’est au moment où nos pertes militaires n’ont jamais été aussi faibles sur un engagement d’aussi longue durée; que c’est à ces moments là que nous sommes le moins prêts à vouloir défendre nos valeurs… Bref, on ne soulignera on ne peut mieux - et à travers quelques chiffres simples - la fragilité et la faiblesse morale de notre société.

(1) Cf. Lire le compte-rendu du rapport par Jean-Dominique MERCHET.



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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 09:13
L'ARMÉE FRANCAISE SE CONCENTRE EN KAPISA
Situation de la province de la Kapisa

    L’Armée française a quitté le commandement des forces de l’OTAN, qu’elle assurait jusqu’à présent dans la capitale afghane, Kaboul. C’est aux forces armées turques que revient dorénavant ce commandement, transmis au cours d’une cérémonie de passation à Camp Warehouse, hier, en présence du Général Marcel DRUART.

    Désormais, les forces françaises en Afghanistan – dont la Brigade Lafayette actuellement en cours de constitution en France - sont concentrées et redéployées dans une province voisine de Kaboul : la Kapisa. C’est essentiellement en Kapisa que se situent nos bases militaires, et où se fixe notre action à la fois militaire et pacificatrice.

Contrôleurs aériens français en Afghanistan

    La Kapisa est une petite province à l’échelle administrative du pays. D’une superficie de 1842 km2 et peuplée de 360 000 habitants, elle est divisée en 6 districts. De petite taille, elle n’en comporte pas moins une importance stratégique majeure d’où la concentration de nos meilleures troupes de combat en ce lieu. La Kapisa est, en effet, une région montagneuse, particulièrement accidentée, dont les altitudes varient entre 1000 et 3000 mètres, ce qui explique à la fois l’envoi de troupes de montagne ou d’unités qui ont d’abord subi, en France, un aguerrissement et un entraînement en montagne. C’est par la Kapisa que passe l’une des routes d’infiltration principales des Talibans vers Kaboul. C’est également en Kapisa que se situent la vallée d'Uzbin et le village de Surobi.



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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 09:39
LE LIEN ARMÉE-NATION: UN CAS D'ÉCOLE


    Cela est maintenant officiel, deux familles de soldats tués lors de la bataille d’Uzbin (18-19 août 2008) vont porter plainte (1). En première ligne de cette démarche inédite, nous trouvons la famille LE PAHUN dont Julien – en tête de la patrouille de reconnaissance - fut l’un des tous premiers à tomber lors de l’embuscade meurtrière de l’été dernier. Ces dix morts en un seul affrontement ont marqué les esprits, et les réactions médiatiques comme de l’opinion publique ont été vives.

    Plus d’un an après ce tragique événement - dont Frédérique PONS nous reconstitue l’enchaînement quasi minuté des faits dans son ouvrage “Opérations extérieures: Les volontaires du 8e RPIMa, Liban 1978-Afghanistan 2009” -, l’onde de choc ne s’atténue pas en dépit du reflux émotionnel inhérent à la mise en scène de l’information dans notre société. La récente polémique liée au rôle tenu par les services secrets italiens dans ce secteur de Sarobi, juste avant la relève des forces italiennes par les forces françaises, l’a encore illustrée.


    Ce sont, cependant, les conséquences militaires – peu visibles pour le public non averti – qui ont été parmi les plus importantes, car les dix tués l'ont été dans un contexte de combat direct avec les Talibans. Sur les 36 soldats français tombés en Afghanistan depuis le début de notre engagement, la grande majorité l'a été, en effet, soit par accidents soit par IED. Le RETEX de la bataille a, donc, été très rapide, et il a conduit à des modifications sensibles du dispositif militaire français en Afghanistan: envoi de pièces d’artillerie CAESAR, envoi de drones et d'hélicoptères en plus grand nombre, achat de missiles FGM 148 Javelin aux Américains, augmentation de l’infanterie et de ses soutiens directs au sein des nouveaux GTIA, amélioration du matériel des combattants… La faiblesse de la reconnaissance aérienne des lieux, comme du soutien d’artillerie, ont été parmi les principaux facteurs d’explication de nos pertes ce jour-là.

    Il y a cependant plus grave selon les familles. Différents faits et sources (témoignages des soldats et de leur hiérarchie, enquêtes réalisées par les parents eux-mêmes, mutations d’officiers…) attesteraient d’une somme de dysfonctionnements et de manquements dans l’organisation et la préparation de la patrouille du 18 août (2). Ce sont ces dysfonctionnements et ces manquements, que les parents de Julien LE PAHUN, principalement, veulent connaître. Face au silence des autorités politiques et militaires, ils ont décidé de déposer plainte non pas contre l’État ni l’Armée, mais contre trois officiers qu’ils estiment directement responsables du fait de leur incompétence. Désirant distinguer ces trois officiers du reste de l’Armée - qu’au demeurant ils soutiennent pleinement dans son engagement en Afghanistan et, d’une manière générale, dans toutes les autres OPEX -, les LE PAHUN veulent montrer qu’il ne peut y avoir d’impunité en cas de fautes graves au sein d’une armée démocratique.

    Leur démarche pose, cependant, de redoutables problèmes. Les situations de combat sont toujours des contextes de tension paroxystique où les événements s’enchaînent très rapidement sans que les acteurs en aient une vision toujours claire et compréhensible (le fameux “brouillard de la guerre”…). Tout en recevant la douleur de celles et ceux qui veulent savoir après coup, il y a le risque immense de faire du hors contexte, et de vouloir reconstruire a posteriori des actions qui ont dû être menées avec des informations incomplètes et un matériel insuffisant sur le moment.

    Il n'est pas dans le propos de notre blog de prendre parti sur le bien fondé ou non de l'initiative de ces deux familles. Il est, en revanche, de notre travail d’éducation à l’Esprit de Défense de poser les questions de fond qui se cachent derrière ce genre de démarche, et qui touchent directement le lien entre la Nation et son Armée. La mise en danger de la vie d'autrui est inhérente à toute situation de guerre. Disposer de la vie de ses subordonnés est le propre du commandement militaire, ce qui ne veut pas dire qu'il en fait ce qu'il veut... Cette pesée sur la vie des autres fonde la spécificité du métier des armes, et explique très certainement qu'être militaire n'est pas seulement qu'un métier... Par son essence même, la guerre ne permet pas d’envisager hier comme aujourd’hui, ni demain, le “zéro mort”. Toute mission de guerre - et la reconnaissance d’Uzbin en était une – comporte fatalement des risques mortels que le commandement et la société doivent savoir accepter.

    La judiciarisation de la guerre peut, par ailleurs, avoir pour conséquence de développer une inhibition néfaste au sein de nos forces armées, propre à remettre en cause tout esprit offensif ou d’initiative sur le terrain. Ce qui pourrait provoquer bien plus de morts à l’avenir dans des actions de type Uzbin, si ce n’est - perspective véritablement catastrophique pour notre Démocratie - une incapacité encore plus forte à pouvoir livrer et gagner une guerre, fut-elle juste…

    L’Armée, quant à elle, doit être en mesure de sanctionner efficacement l’impéritie des siens, si celle-ci est avérée (3), et à le faire savoir clairement dans une société de communication où tout finit par se savoir. Ce que demandaient sans doute les LE PAHUN. L'Armée et l'État peuvent-ils, cependant, tout révéler en temps de guerre? Qui plus est à l'âge de ces guerres asymétriques qui font des médias LE véritable champ de bataille?

    Tout en nous associant à la douleur de la famille LE PAHUN – que nous connaissons personnellement par ailleurs, et pour laquelle nous témoignons la plus grande et la plus sincère affection -, espérons que cette nouvelle affaire soit honnêtement présentée et analysée par les médias. Que les graves questions qu’elle soulève soient aussi clairement comprises par une opinion publique si éloignée des affaires afghanes dans cette deuxième bataille d‘Uzbin qui commence.

(1) Les parents du soldat Julien LE PAHUN et l’ex-épouse du Sergent Rodolphe PENON. Lire aussi les développements du blog Secret Défense, notamment l'analyse du Cabinet de Barner qui y est rapporté.
(2) Jean-Dominique MERCHET, dont la qualité des sources n'est pas à remettre en question, relativise la question des fautes commises. Le journaliste de Libération pencherait davantage pour un état général d'impréparation des forces françaises alors envoyées à ce moment en Afghanistan.
(3) Si l'Histoire peut, en effet, nous donner des exemples d'incompétence du commandement militaire ayant conduit à des catastrophes, il est à rappeler que la guerre est tout sauf une science exacte. Qu'il faille reconnaître qu'en de nombreux cas, les conflits ont fait mentir les écoles doctrinales et stratégiques qui, durant des années, ont tenté d'en prévoir le déroulement. Le principe du RETEX participe justement de la remédiation que l'institution militaire porte sur elle-même. À travers enquêtes et analyses au plus près du terrain, l'Armée reconnaît ses insuffisances et en tire les enseignements immédiats afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs à l'avenir.

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 16:30
LA FRANCE ENGAGE LE 2e RÉGIMENT ÉTRANGER PARACHUTISTE EN AFGHANISTAN


    On ne le rappellera jamais assez, une guerre se remporte avant tout par la capacité à y engager des hommes. Quelle que soit l’importance du soutien naval ou aérien, quel que soit le degré de sophistication atteint par les forces armées occidentales, rien ne remplacera l’action classique d’une force au sol, en nombre suffisant pour tenir et quadriller le terrain. A fortiori lorsque l’on s’engage dans une confrontation qui voudrait “gagner le coeur et l’esprit des populations” comme l’affirment désormais les plus hautes autorités militaires des nations engagées dans le conflit afghan.

    Rarement conflit n’aura impliqué un aussi grand nombre de pays alliés sur un espace aussi réduit que l’Afghanistan (647 000 km2). Des pays qui comptent parmi les premières puissances militaires de la planète, mais qui connaissent actuellement des difficultés suffisamment grandes pour empêcher de parler d’une victoire à court terme. Cela est un paradoxe.

    En fait, les nations occidentales ne sont plus en mesure, politiquement comme moralement, de se donner les moyens humains de triompher, quand bien même n’ont-elles en face d’elles des adversaires qui n’auraient aucune chance de l’emporter militairement. Certes, les Talibans reprennent le dessus comme le reconnaît le Général américain Stanley A. McCHRYSTAL, commandant en chef les forces de la coalition. Leurs opérations sont bien plus virulentes et mieux coordonnées qu’au début du conflit. Agissant par petits groupes lourdement armés, combinant les attaques aux IED et des embuscades meurtrières, ils frappent les troupes de secours aux points de passage obligé au moment où ces dernières se dirigent sur les lieux d'une première attaque. Avec une connaissance irremplaçable du terrain, de la langue et des populations, les Talibans ont incontestablement repris l’initiative.

Hommes du 93e Régiment d'Artillerie de montagne (93e RAM) ouvrant le feu au mortier de 120 mm. En dépit de l'engagement de canons modernes CAESAR, les mortiers de 120 et de 81 mm tractés par VAB restent particulièrement bien adaptés au théâtre d'opérations afghan

    Cette reprise de l’initiative qui pourrait conditionner à terme une défaite de l’Occident en Afghanistan s'explique moins par la force que peuvent représenter les Talibans – sans pour autant nier le courage de leurs combattants -, que par la faiblesse politique des pays occidentaux. Les traditions pacifistes et neutralistes de nombre de pays européens inhibent l’aptitude au combat de leurs forces armées. Plus récemment, les derniers développements de la bataille d’Uzbin (18 août 2008) nous apprennent que les services secrets italiens avaient acheté une trêve à l’ennemi taliban, afin de préserver la vie des soldats italiens dans la région de Sarobi.

    Cependant, le plus grave reste la réticence de nos démocraties à engager davantage d’hommes sur ce théâtre d’opérations. Les hésitations du Président américain Barack OBAMA dans l’envoi de nouveaux renforts et, surtout, les dernières déclarations du Ministre de la Défense australien, John FAULKNER, qui voudrait voir un retrait rapide des troupes australiennes, fragilisent sensiblement la lutte sur le terrain. Ainsi, pour le Général McCHRYSTAL, la guerre pourrait bien être perdue d’ici un an faute de renforts suffisants (au moins 40 000 hommes supplémentaires).

    La France qui met en avant des expériences historiques de guerres contre-insurrectionnelles - expériences dont l’armée des États-Unis s’inspire directement -, n’échappe pas au mouvement avec les dernières déclarations du Président Nicolas SARKOZY assurant que le nombre de nos soldats en Afghanistan n’augmentera pas. Alors que nous redécouvrons la pensée de David GALULA, nous savons pertinemment que notre pays ne peut plus consentir l’engagement et les sacrifices humains qui nous avaient pourtant donné la victoire sur l'insurrection algérienne. À cette époque, la France avait déployé 400 000 soldats pour tenir un espace grand de 400 000 km2 en comptant la partie saharienne…

    Pourtant, c’est l’un de nos meilleurs régiments de combat que nous nous apprêtons à envoyer en Afghanistan à savoir le 2e Régiment Étranger Parachutiste. Cette unité d’élite de la Légion étrangère, comptant 1200 combattants, devrait être déployée d’ici le début de l’année prochaine au sein d’une nouvelle unité: la Brigade Lafayette. À l’heure où nous écrivons cet article, les légionnaires du 2e REP subissent un entraînement particulièrement intensif et adapté à ce qui devrait les attendre en Afghanistan. Entre Djibouti et les camps de manoeuvre de Champagne (Mourmelon/Mailly), ils répètent inlassablement des exercices les conditionnant à la menace des IED, aux embuscades d’un ennemi agressif et ingénieux, au combat urbain… Plus que jamais, l’Afghanistan est un champ de bataille pour l'infanterie, mais à l’inverse du légionnaire parachutiste de la Guerre d’Algérie, qui était allégé dans son équipement, celui de la Guerre d’Afghanistan emporte sur lui une quarantaine de kilos de matériel.

L'équipement du combattant moderne s'est considérablement alourdi. Le gilet de protection et d'assaut permettant d'emporter des munitions supplémentaires est très lourd. On remarquera aussi que le FAMAS est devenu plus pesant avec l'ajout d'accessoires - poignée, optique de précision, système de visée de nuit, rail Picatinny - qui obligent à la suppression du bipied d'origine

    Le 2e REP formera le noyau autour duquel s’organisera un nouveau Groupement Tactique Interarmes (GTIA). Un GTIA est une unité interarmes correspondant à un assemblage d’unités appartenant à plusieurs armes (Infanterie, Cavalerie, Artillerie, Génie…). La cohérence de cet assemblage est dictée par une mission donnée. Les GTIA français sont actuellement en cours de réorganisation sur le théâtre d’opérations afghan. La tendance est au renforcement de leur composante infanterie, cavalerie, et de leurs appuis. Ils devraient, très prochainement, former une toute nouvelle brigade baptisée Lafayette.

    Signe de l’adaptation rapide de nos forces armées dans un contexte conflictuel, la Brigade Lafayette est non seulement conçue comme une unité pleinement interarmes mais aussi interarmées. Des éléments de la Marine et de l’Armée de l’Air y seront directement intégrés.
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