21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 19:19

Le récent combat de Landarkhel dans lequel le soldat de 1ère classe Clément CHAMARIER a succombé, samedi soir, a aussi fait deux blessés dont un caporal-chef grièvement touché aux jambes. Alors que la reconnaissance à nos soldats tués en Afghanistan - comme ailleurs - connaît un véritable déficit civique, que dire de celle qui devrait aussi aller aux blessés de guerre (et d’autres missions) dont le nombre est bien plus élevé que celui des morts. Ceux dont la situation est plus difficile du fait d’une existence qui, désormais, doit porter un handicap parfois définitif (1). Ils sont actuellement environ 600 à avoir été blessés en Afghanistan: polycriblés, amputés, avec des séquelles à vie lorsque la tête ou la colonne vertébrale sont touchées…

 

126e-RI.jpgHommes du 126e RI à l'entraînement au CENTAC avant leur départ en Afghanistan. La mise en sûreté et l'évacuation d'un blessé sous le feu est un exercice systématique

 

De nos jours, la protection du combattant face à toute la ferraille qui peut voler sur le champ de bataille a été sensiblement accrue. La volonté de préserver une “substance combattante” de plus en plus rare dans nos armées professionnelles, ainsi que la réactivité de l’opinion publique devant les pertes humaines, expliquent une transformation qui se lit directement dans le poids des tenues de combat actuelles. Qu’ils soient Américains, Canadiens, Britanniques, Français ou autres, les soldats de la coalition portent des casques et des gilets pare-balles dont le matériau le plus communément rencontré est le kevlar. Les gilets pare-balles et pare-éclats - qui se confondent maintenant avec le gilet d’assaut dans lequel viennent se loger les chargeurs et autres équipements - sont tissés à partir de fibres de très haute résistance comme les para-aramides (Kevlar, Twaron, Goldflex) ou les polyéthylènes (Spectra, Dyneema, Zylon). Aujourd’hui, il existe plusieurs types de gilets dont les caractéristiques de protection varient selon la vélocité des projectiles à stopper. Des poches permettent de glisser, soit devant soit derrière, des plaques de protection additionnelles en métal ou en céramique avec pour conséquence un alourdissement sensible d’un gilet déjà pesant… À l’heure actuelle, le standard de protection maximum (niveau 4) concernant les gilets pare-balles permet d’arrêter une munition d’une vélocité de 878 m/s à l’impact.

Gilet pare-balles série 3

L'Armée française utilise le gilet pare-balles réglementaire dit de série 3 d'un poids de 10,5 kg.

 

Ce renforcement de la protection ne va pas sans poser plusieurs paradoxes cependant. Le premier peut tomber sous le sens, encore faut-il le dire: le soldat étant alourdi il est plus lent donc plus vulnérable. Sa résistance dans l’effort est limitée par le poids et l’encombrement du gilet. Deuxième paradoxe, certains projectiles conservent une énergie cinétique suffisamment importante pour pénétrer le gilet sans pouvoir ressortir du corps. Cela complique l’intervention chirurgicale. Troisième paradoxe lié au renforcement de la protection, le choc de l’impact est tel - n’étant plus absorbé en partie par la pénétration - que même sans pénétrer le coup peut causer de graves blessures internes: lésions des cervicales et de la moëlle épinière, éclatement d'organes... Nous touchons ici aux limites du “protéger à tout prix” qui, s’il a incontestablement sauvé de nombreux soldats, a aussi augmenté sensiblement le nombre de paralytiques.

 

Medecin-US.jpg

Quoi qu’il en soit le délai de l’intervention sanitaire qui suit une blessure au cours d’un combat fait plus que jamais la différence entre un mort et un blessé. La règle est connue des médecins militaires depuis longtemps: c’est la “golden hour” qui correspond à un délai d’intervention médico-chirurgical d’une heure au delà duquel les chances de survie du blessé déclinent sensiblement. C’est avec l’utilisation massive de l’hélicoptère - qui permet une intervention rapide sur le champ de bataille même, et en des lieux inaccessibles à l’avion – durant la Guerre du Vietnam, que les Américains parviennent à augmenter considérablement les chances de survie de leurs blessés graves en tenant la golden hour. L’évacuation médicale par hélicoptère sur le lieu même des combats est, depuis, devenue une véritable spécialité américaine. Aujourd’hui, en Afghanistan, les US MEDEVAC, héliportés en quelques minutes auprès des soldats blessés, administrent déjà les premiers soins dans l’hélicoptère même: transfusions, réanimation, massages cardiaques, diagnostics et préparation de l’intervention chirurgicale… Lorsque les blessés arrivent à l’antenne chirurgicale ou à l’hôpital (la structure médico-chirurgicale de théâtre), leur taux de survie reste encore important.

 

Réalisant un reportage pour la chaîne qatari Al Jazeera, le journaliste indépendant Vaughan SMITH, a récemment montré combien cette procédure du “pick and save”, mise en pratique par les hommes du 214e Régiment d'aviation de l'US Army en Afghanistan, sauvait de nombreuses vies. Certaines blessures étant malheureusement trop graves, il n’est quasiment pas possible de sauver le soldat. Ce fut le cas pour Clément CHAMARIER où, malgré l’intervention d’un infirmier présent sur place, les premiers soins n’ont pu préserver la vie du soldat.

 

 

Les réalités du conflit afghan ont obligé l’Armée française à faire un effort particulier en matière de soins de première urgence. À défaut de pouvoir disposer d’autant d’hélicoptères que les Américains, nos forces intègrent systématiquement dans les missions un personnel de santé bien formé dont la mission est de conserver au mieux le bénéfice de la golden hour. Plusieurs d’entre eux - les Infirmiers de Classe Supérieure (ICS) Mathieu THOINETTE et Thibault MILOCHE - ont d’ailleurs payé de leur vie cette  indispensable "médicalisation de l'avant" et leur présence au sein des unités de combat.

 

Dès que l'état de santé du soldat blessé est stabilisé, il est rapidement rapatrié en France. Cela peut se faire à partir d’avions ravitailleurs C135-FR équipés du kit MORPHEE (Module de Réanimation pour Patient à Haute Élongation d’Évacuation), notamment s'il y a un grand nombre de blessés comme ce fut le cas en 2008 au lendemain de la bataille de Sper Kunday. Ce kit d’adaptation, dont il existe deux versions (une lourde et une légère) donne à nos Forces armées une capacité d’évacuation collective, tout en dispensant les services d’une unité hospitalière de soins intensifs. De retour en France, le blessé est dirigé dans les Hôpitaux d’Instruction des Armées (HIA) de la région parisienne. Au nombre de 9, les HIA relèvent du Service de Santé des Armées (SSA). Celui de Percy, situé à Clamart, est l’un des plus importants, car on y trouve plusieurs spécialités chirurgicales (neurochirurgie, orthopédie et traumatologie, stomatologie et maxillo-faciale, plastique, thoracique) ainsi qu'un centre de traitement des brûlés.

 

Au-delà du traitement médical de la blessure se pose aussi la question – celle-ci autrement plus durable - du traitement de la souffrance morale et de la réadaptation à la vie du soldat, souvent devenu infirme et exclu, de fait, de la vie militaire. La résilience n’est pas seulement une question qui se pose de manière collective, à l’échelle de la société, comme nous l’avions déjà soulevé dans des articles précédents. Elle se pose aussi à l’échelle de l’individu qui doit redonner un sens à son existence et doit réapprendre à vivre. Dans et autour de l’institution militaire, il existe actuellement des structures qui prennent en charge le suivi des blessés et s’occupent de leur réinsertion, en plus des unités d'origine qui continuent de jouer un rôle important auprès des soldats comme de leur famille. La Cellule d’Aide aux Blessés de l’Armée de Terre (CABAT), commandée par le Lieutenant-colonel Thierry MALOUX, ainsi que l’Institution Nationale des Invalides (INI) sont les plus connues. Se situant davantage dans le milieu associatif, mais en lien étroit avec le milieu militaire, on trouvera également les associations du Général Bernard THORETTE, Terre fraternité, du Général Michel BARRO, l'Association pour le Développement des Oeuvres d'Entraide dans l'Armée (ADO), et de l’Amiral Jacques LANXADE, Solidarité Défense dont le travail bénévole reste exemplaire. Dans cette présentation, on ne s’étonnera pas de la prééminence de l’Armée de Terre qui contribue à plus de 90% des pertes (tués et blessés).

 

(1) Sur l'action de l'Armée en faveur des blessés et des familles de soldats blessés et tués, lire l'article de (Jean) GUISNEL, "L'Armée renforce son soutien aux soldats victimes des combats et à leurs familles", Défense ouverte du 16 février 2011.

 

 

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 18:21

 

Le 4 octobre 2010, le 1er Régiment d’Infanterie de Sarrebourg en Moselle, recevait ses premiers équipements FELIN à destination de ses 6 compagnies de combat. Sur une vidéo du journal  Le Figaro nous pouvons désormais voir à quoi ressemble cet équipement dans sa configuration opérationnelle, tel qu’il a été mis en oeuvre lors d’une récente présentation, et tel qu’il sera bientôt projeté sur le théâtre d’opérations afghan à la fin de l’année. À l’heure actuelle, le 1er RI travaille à la mise en condition de ce matériel Hi-Tech.

 

Le FELIN ou Fantassin à Équipements et Liaisons Intégrés est un programme d’équipement majeur de l’Armée de Terre, lancé en 2001 après plusieurs années d’étude. Emboitant le pas à des programmes similaires dans d’autres pays – Land warrior aux États-Unis ou FIST en Grande-Bretagne – le FELIN est pris en main par la société SAGEM (groupe SAFRAN) à partir de 2004. Jusqu’en 2008, les divers équipements du système sont soumis au banc d’essai. Une première livraison en présérie permet un passage au banc d’évaluation en 2009. Cette année, plusieurs unités reçoivent le FELIN pour le tester dans des milieux considérés comme extrêmes pour l’engagement de l’infanterie: désert, jungle, montagne…

 

Icône pdf 1

Téléchargez le dossier SAFRAN en pdf

 

Aujourd’hui, le programme FELIN, arrivé à maturité, est désormais opérationnel. Nous entrons dans la phase de production, qui voit le déploiement du matériel dans les unités. 22 588 tenues ont été ainsi commandées à la SAGEM, et les premières unités ont commencé à être équipées dès la fin 2010. Avec le 1er RI, le 13e BCA a déjà perçu l’ensemble de ses tenues FELIN. Bientôt suivront les 16e BC, le 92e RI et le 35e RI. Il est ainsi prévu d’équiper 4 régiments d’infanterie par an jusqu’en 2015, année au cours de laquelle l’ensemble de l’Armée de Terre sera félinisée.

 

Le FELIN est un système d’équipement individuel du combattant d’infanterie. De conception modulaire, il comporte 90 pièces d’équipement permettant 16 configurations différentes selon les missions. Se présentant comme une plate-forme d’équipements associés, la tenue peut se voir ajouter ou, au contraire, se voir retirer des éléments au gré des circonstances. Le FELIN fait véritablement entrer notre infanterie sur le champ de bataille numérique, en info-centrant toutes les fonctions élémentaires du fantassin à savoir sa protection, ses capacités d’observations, d’agression, de mobilité et de communication. En situation de combat direct avec l’ennemi, le système FELIN permet à tout soldat de devenir un soutien tactique à part entière par la capacité de ce dernier à informer en temps réel tous les autres combattants de son groupe, les localiser et leur apporter un feu y compris en configuration indirecte ou déportée.

 

Maillon situé au centre des flux d’informations de son groupe de combat, le FELIN est aussi intégré dans les autres systèmes d’armes présents sur le champ de bataille: blindés Leclerc, VBCI, canon CAESAR, hélicoptère Tigre, drone, avion Rafale qu’il pourra renseigner directement. Capable de combattre de jour comme de nuit, le FELIN agit aussi comme un capteur de la chaîne de commandement à tous ses échelons, du général au chef d’équipe. C’est cette faculté d’agir en réseau sur le terrain, comme de pouvoir s’intégrer dans un réseau tactique plus large, qui fait désormais entrer le fantassin français dans la dimension véritablement info-centrée de la guerre moderne. À ce titre, le FELIN constitue une brique d’un ensemble technologique et tactique plus vaste: le système Scorpion.

 

Film du groupe SAFRAN/SAGEM

 

Fantassin mécanisé évoluant sous blindage à la vitesse d’un VBCI, le FELIN est destiné au combat débarqué à proximité de l’objectif. À l’origine, le programme avait lancé un autre sous-programme concernant la mise au point d’une nouvelle arme: la PAPOP ou Poly-Arme Poly-Projectile. De conception bullpup (1) comme le FAMAS, la PAPOP (dont il a existé deux versions) devait pouvoir traiter tout objectif masqué ou non. Le poids de l’arme et la bonne évolutivité du FAMAS ont finalement conduit à l’abandon de la PAPOP. Aujourd’hui, c’est un FAMAS de nouvelle génération qui équipe le FELIN.

 

L’un des reproches souvent adressé à l’endroit du fantassin info-centré, que ce soit le Land warrior américain ou le FELIN français, - hormis le coût - est le poids de la tenue. Celui-ci est déterminé à 30 kg avec une dotation réglementaire en munition de 6 chargeurs et 4 grenades. L’expérience en Afghanistan comme ailleurs montre, cependant, que les combattants n’hésitent pas à emporter avec eux davantage de chargeurs et de grenades augmentant sensiblement le poids de la tenue… Toutes les configurations FELIN que nous avons pu observer jusqu’à présent, montrent effectivement un combattant lourdement équipé, voire encombré par la taille de certains appareils optiques… Le système n’échappe pas à cette recherche permanente du compromis entre la mobilité et la protection, cette dernière représentant 40% du poids total de la tenue. L’actuel FELIN, nonobstant son appellation, n’a, donc, plus rien à voir avec les fantassins des guerres d’Indochine ou d’Algérie, qui étaient beaucoup plus “félins” au sens propre…

 

Si la question du poids se pose dans l’immédiat face aux Taliban, elle peut être nuancée à l’aune du paradigme de l’infanterie occidentale où le fantassin a toujours été un combattant chargé que ce soit les “mules” de Marius, les gens d’armes du XVe siècle ou les grognards de Napoléon. Le FELIN a pour lui une recherche de pointe en matière d’ergonomie, d’optronique et de liaisons radio qui a le mérite d’intégrer directement au combattant une large panoplie de moyens pour un poids d’ensemble équivalent aux anciens équipements, la protection et la polyvalence du soldat en moins pour ces derniers. Pensons à ce que pouvait peser une paire de jumelles, un poste radio TRPP 13 ou TRPP 11 pour une efficacité bien moindre aussi bien à l’échelle du combattant que du groupe…

 

Mise en condition du système FELIN par le 13e BCA

 

Le programme FELIN a permis de grandes avancées technologiques et ergonomiques. Pour communiquer, le combattant dispose d’un système d’ “ostéo-communication” où micros et écouteurs transmettent les messages par vibration au contact des os du crâne. Le RETEX a fait intégrer les commandes radio ainsi que le terminal informatique à la poignée du FAMAS qui, pour se faire, a été allongée au-delà de la poignée pistolet. Il est vrai que le casque à tendance à s’alourdir avec les systèmes optiques et de communication qu’il centralise désormais. Si l’US Army travaille, actuellement, sur des concepts d’exosquelettes pouvant permettre de soulager le portage du soldat et d’augmenter l’endurance de ce dernier, d’autres recherches en matière d’électro-textiles et d’armes plus légères pourraient alléger dans un avenir proche l’actuel FELIN.

 

FELIN - Mardi 8 février 2011

Sniper FELIN du 1er RI, dans sa "ghillie suit",  en démonstration à Sarrebourg

 

Quoi qu’il en soit, l'actuel concept de guerre info-centrée nécessite plus que jamais une force combattante à la fois physiquement bien entraînée et bien instruite techniquement. Le fantassin d’aujourd’hui, de préférence de grand gabarit, se doit de penser la bataille à la vitesse de l’INTRANET tout en restant conscient des limites de son équipement - notamment l’autonomie des batteries d’énergie (2) –, et tout en conservant la “rusticité” traditionnelle du grenadier-voltigeur. Mais au-delà de ces considérations techniques, le système FELIN est surtout représentatif d’une évolution de notre infanterie moderne où l’homme - devenu rare dans les armées de métier - doit être capable de combattre tout en étant économisé et préservé. La part de la protection – en coût comme en poids - dans de telles tenues est d’une certaine manière le sacrifice à consentir dans des conflits où une partie de la Nation ne perçoit pas l’intérêt direct d’engager nos soldats. La moindre perte devenant, en effet, très vite insupportable au regard de l’opinion publique.

 

(1) Le terme “bullpup” désigne la conception mécanique d’une arme à feu dont la culasse et le mécanisme de tir se situent très en arrière, à l’endroit qu’occupe habituellement la crosse sur les fusils d’assaut classiques. L’avantage de l’architecture bullpup est de permettre la réalisation d’armes plus courtes et plus compactes sans pour autant sacrifier la longueur du canon. Le FAMAS français a été particulièrement novateur en la matière.

(2) Avec les tenues FELIN, SAGEM/SAFRAN fournit d’indispensables kits de rechargement. Ces kits – prévus également pour les vieux VAB - permettent aux soldats de se brancher à l’intérieur des véhicules afin de recharger leurs batteries, mais aussi de synchroniser leur système d’information.

 

Icône pdf 1Téléchargez le FAMAS félinisé en pdf


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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 14:15

MV-Beluga-Nomination.png

Le MV Beluga Nomination est un cargo frigorifique allemand, ex BBC Ireland

 

Sur le front de la piraterie maritime, l’actualité ne connaît malheureusement pas de répit. Alors que nous relations récemment l’assaut donné par la marine sud-coréenne pour libérer le tanker/chimiquier Samho Jewelry, vendredi 21 janvier, c’est un cargo frigorifique allemand qui est tombé entre les mains des pirates le lendemain au large des îles Seychelles. La prise du MV Beluga Nomination, avec ses 12 hommes d’équipage, a donné lieu à un affrontement qui ne s’est, cependant, pas aussi favorablement terminé que pour le Samho Jewelry. 

 

Pris en chasse par un bâtiment de commandement et de soutien de la marine danoise affecté à la Task force OTAN - le HDMS Esbern Snare L17 - et un bâtiment garde-côtes seychellois, le Beluga Nomination a tenté de gagner la Somalie, lorsqu’un combat a eu lieu mercredi 26 faisant au moins un mort du côté des pirates mais aussi deux morts au sein de l’équipage. La version des faits quant à l’ouverture du feu et les causes directes de la mort des membres de l’équipage diffère selon l’armateur, les forces multinationales ou les autorités des Seychelles. Toujours est-il qu’au cours de l’action, d’autres marins ont réussi à prendre la fuite, mettant à l’eau un canot de sauvetage. Deux marins ont ainsi pu être récupérés vendredi 28, mais deux autres étaient toujours portés disparus à ce jour.

 

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HDMS Esbern Snare L17

 

Fait important, un tanker GPL singapourien capturé par les pirates depuis le 24 octobre, 2010, le MV York, a rejoint hier le Beluga Nomination, toujours poursuivi, afin de s’interposer entre le cargo allemand et les forces multinationales. Ces dernières n’osant ouvrir le feu sur un tanker. Cette tactique qui est d’utiliser une prise pour ravitailler un autre navire pirate, l’utiliser comme bâteau mère ou comme bouclier dissuasif également, est désormais devenue courante. Elle illustre l’efficace organisation de la piraterie dans cette région du monde où, si les pirates ne sont souvent que de pauvres hères, les commanditaires à terre ont, eux, une vision plus globale de la situation, et ils mettent en place une véritable stratégie opérative. Cette interposition a d’emblée permis au Beluga Nomination de s’échapper avec le York.

 

Hier, c’est un autre tanker allemand battant pavillon libérian, le New York Star, qui a fait l’objet d’une intervention de la marine néerlandaise. S’écartant de son convoi et du bâtiment de guerre qui assurait sa protection (1), le New York Star est abordé par les pirates vendredi 28. Ces derniers prennent pied sur le navire mais ne parviennent pas à en prendre le contrôle, ce qui laisse le temps à la frégate néerlandaise anti-aérienne De Ruyter, et au destroyer russe Admiral Vinogradov, renseignés par des avions de patrouille maritime australiens, d’organiser la riposte. Hier (samedi 29), des forces spéciales néerlandaises ont été directement héliportées sur le New York Star, libérant l’équipage et reprenant le contrôle du tanker. On ne sait pas s’il y eut des combats directs avec les pirates, mais il semblerait que ces derniers aient évacué le navire juste avant l’assaut.

 

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Le destroyer russe Admiral Vinogradov

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Le tanker New York Star

 

Que ce soit dans le cas du Beluga Nomination ou du New York Star, il est à remarquer le rôle joué dans le dispositif de protection anti-pirate par la “citadelle”, même si l’issue pour le cargo allemand correspond davantage à un échec contrairement à la situation du tanker. Dans un article précédent, nous avions souligné l’importance de la rapidité d’intervention des forces militaires de l’OTAN, de l’EUNAVFOR comme de l’US Navy pour secourir les bâteaux attaqués par les pirates. La superficie du théâtre d’opérations fait, cependant, que les forces multinationales peuvent se trouver très loin des lieux où les attaques se produisent. Lorsque le Beluga Nomination est abordé, le bâtiment de l’EUNAVFOR le plus proche se situe à 1000 milles de distance, qui plus est accaparé par une autre mission: celle de l’escorte d’un navire du Programme Alimentaire Mondial (PAM). La frégate De Ruyter se trouve à 600 milles du New York Star, en Mer d’Arabie, lorsque l’alerte est déclenchée par le SSAS (2) du tanker. Il lui faut naviguer 22.00 à pleine vitesse pour rallier la zone d’intervention.

 

Dans ce genre de situation, tout ce qui peut faire gagner du temps est capital. La “citadelle” désigne le centre nerveux d’un navire, à savoir son château et la passerelle lorsque ces deux endroits ont subi des aménagements permettant à l’équipage de s’y replier dans une sécurité relative, le temps que les secours interviennent. La passerelle étant le lieu où se trouvent les appareils de commandement du navire, il est important qu’elle tombe le plus tard possible aux mains des pirates. Plus long sera le temps où l’équipage pourra exercer son contrôle sur la navigation du bâteau (et ses moyens de communication), plus ce temps jouera contre les pirates même montés à bord.

 

Pour que la citadelle fonctionne, il faut bien évidemment que les armateurs en acceptent le principe, que les équipages soient entraînés à réagir dans ce contexte, et qu’ils en aient aussi le temps. Techniquement, le navire doit subir une transformation: les points de passage obligés au château et à la passerelle devant être réaménagés et renforcés. La passerelle, en elle-même, peut recevoir des tôles doublées jusqu’à 10 mm d’épaisseur et des vitres à l’épreuve des balles.

 

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La frégate néerlandaise De Ruyter F804 de la classe des Sept Provinces

 

Sur le Beluga Nomination, la citadelle n’a pas changé le cours des événements (3). Qui plus est, les armateurs et commandants des navires de commerce semblent partagés quant à la mise en oeuvre de ces citadelles. Pour certains, le calibre 7,62 M 43 (7,62 x 39 mm) des Kalashnikov vient rapidement à bout des serrures et verrous, ainsi que les RPG 7. Ces derniers étant des armes antichars d’origine, ils sont par définition conçus pour pénétrer les blindages donc, a fortiori, des tôles fussent-elles renforcées. On pourra, cependant, rétorquer qu’utiliser un RPG dans un lieu confiné et cloisoné comme la coursive d’un navire n’est pas une bonne idée, l’arme – comme la plupart des lance-roquettes – nécessitant un dégagement de plusieurs mètres à l’arrière du tube. Par ailleurs, l’impact, s’il se fait à quelques mètres de distance d’une porte ou d’une cloison, comporterait de graves risques pour le tireur lui-même.

 

La solution pour forcer une citadelle ressemblerait davantage à une charge d’explosif comme les forces spéciales ont l’habitude d’en utiliser pour forcer les portes plus ou moins blindées. C’est cette option qui, semble t-il, a été utilisée sur le Beluga Nomination. Sur le New York Star, en revanche, la citadelle a joué son rôle, retardant suffisamment les pirates le temps que le De Ruyter puisse lancer l’assaut héliporté. Quoi qu’il en soit, les faits nous montrent une fois de plus qu’il n’existe pas de parade absolue devant un abordage de vive force. Si l’existence d’une citadelle et du SSAS sont des solutions non négligeables, la proximité d’unités militaires, et leur capacité à déployer très rapidement des unités de commandos, restent indispensables pour dissuader ou neutraliser une force pirate.

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(1) Le destroyer russe Admiral Vinogradov 572. Spécialisé dans la lutte anti-sous-marine, l’Admiral Vinogradov appartient à la classe Udaloy, celle-ci correspondant aux destroyers américains de la classe Spruance.

(2) Le SSAS ou Ship Security Alert System est un système d’alerte silencieux monté à bord des navires marchands. Il se présente sous la forme d’un coffret électronique et d’une antenne, activés à partir de deux boutons: l’un situé obligatoirement sur la passerelle du navire, le second en un lieu choisi par l’armateur. Il faut une pression de 30 secondes sur l’un de ces deux boutons pour activer un signal d’alerte immédiatement relayé par satellite, et transmis à l’autorité de sécurité située à terre.

(3) La citadelle du Beluga Nomination a, cependant, tenu deux jours avant de céder, d’où l’actuelle polémique en Allemagne sur la passivité des forces militaires durant ces deux jours.

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 13:51

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Le destroyer coréen Choi Young (à gauche) ravitaillant à la mer

 

Ancien professeur de Droit international, ancien ministre et actuel député du Pas-de-Calais, le socialiste Jack LANG a rendu ce lundi un inquiétant rapport concernant le développement de la piraterie au large des côtes somaliennes. Travaillant en tant que conseiller juridique de l’ONU sur cette question, il a remis son rapport à M. BAN Ki-Moon. Avec la mondialisation économique et la maritimisation des échanges, la piraterie a connu un développement sans précédent durant ces dernières décennies. Que ce soit dans le détroit de Malacca, dans le Golfe de Guinée ou au large de la corne de l’Afrique, pour ne citer que les lieux les plus problématiques, elle constitue un véritable fléau qui mobilise désormais des moyens militaires lourds (1).

 

La difficulté de lutter contre ce mal endémique est connue: il faut coordonner des moyens internationaux toujours insuffisants eu égard aux superficies maritimes à surveiller. Bien plus, il faut tarir la source même du mal qui se trouve à terre et non en mer (instabilité géopolitique, mal développement…). À cela, ajoutons aussi les insuffisances juridiques internationales qui favorisent l’impunité et l’audace des pirates. À l’heure actuelle, on assiste à un processus de professionnalisation, d’amplification et d’intensification de la piraterie qui, selon le rapport LANG, s’il n’est pas rapidement stoppé, pourrait atteindre un point de non retour. Au-delà de la Somalie, la piraterie a atteint un niveau record en 2010 avec une augmentation de 10% du nombre des attaques (445 dans le monde entier) correspondant à la capture de 53 navires et plus d’un millier de marins.

 

Écoutant l’Automatic Identification System (AIS), un système de géolocalisation non crypté, pour repérer les navires passant au large de leurs côtes, déployant des “bateaux mères” qui permettent à de rapides skiffs d’abordage d’opérer bien au-delà de leur rayon d’action, maniant un armement de plus en plus lourd, les pirates obéissent à des commanditaires à terre, qui finissent par organiser une véritable économie grise. C’est le processus de professionnalisation que souligne le rapport de M. LANG.

 

Face à cette menace, la communauté internationale tente de mettre en place toute une série de parades, qui vont de l’embarquement à bord des navires marchands de contractors ou d’équipes militaires, à la riposte directe de bâtiments de guerre. Le cas le plus problématique étant la prise d’otages et leur rapide libération avant que les pirates ne les dispersent à terre. Ainsi avons-nous tous en mémoire, les cas des voiliers Le Ponant et Tanit en avril 2008 et avril 2009.

 

Chimiquier Salmho Jewelry

Commandos sud-coréens à l'extérieur de la passerelle du Samho Jewelry

 

Un autre exemple de combat livré contre les pirates, et qui devrait rester dans les annales de la lutte anti-piraterie contemporaine, est l’assaut donné par une unité de commandos sud-coréens (l’unité Cheonghae) peu après la capture, le 15 janvier dernier, d’un navire battant pavillon maltais: le Samho Jewelry. Qui plus est ce dernier étant un tanker (chimiquier), d’autres risques pouvaient venir s’ajouter à la prise en otage de ses 21 membres d’équipage (essentiellement des Coréens).

 

Croisant sur zone, un destroyer de la marine coréenne, le Choi Young, fut immédiatement mis en alerte ainsi que l’unité de forces spéciales Cheonghae qui se trouvait à son bord. Une vidéo et une photographie mises en ligne par la marine coréenne nous montre un assaut de vive force, qui a été effectué le vendredi 21 janvier. Le château du tanker criblé d’impacts de balles laisse supposer un échange de tir intense. Isolant le Samho Jewelry en brouillant ses communications, éprouvant la réactivité des pirates en effectuant plusieurs survols par des hélicoptères, la marine coréenne a fini par lancer une attaque meurtrière pour les pirates. Si tous les membres de l’équipage furent libérés sains et saufs, et si le capitaine du navire fut blessé dans l'action, huit pirates furent abattus et cinq autres appréhendés.

 

(1) L’opération Atalante au large de la Somalie mobilise trois Task Forces relevant de trois commandement différents: l’Union européenne, l’OTAN, les États-Unis. Lire aussi l'interview du Contre-amiral Philippe COINDREAU par Mer et Marine.

 

 

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 16:36

LE LMTGH-OB EN AFGHANISTAN 


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LMTGH-OB (source - MINDEF)

 

Largages et parachutages ont toujours posé un problème de précision aux armées de l’Air. Soit l’avion privilégie une relative sécurité en volant à haute altitude et le largage perd en précision; soit il privilégie la basse altitude et la précision, mais cela se fait au détriment de sa sécurité. Militaires et historiens se souviennent ainsi du “carpet bombing” américain durant la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’à la Guerre du Vietnam, où l’US Air Force substituait la sauvegarde de ses pilotes et appareils à l’imprécision de ses bombardements à haute altitude. Cela avait pour résultat des frappes de saturation sur de vastes zones où le tri entre les objectifs réels et les destructions non désirées était impossible. Durant la Guerre du Vietnam, lors de la bataille de Khê Sanh (janvier/avril 1968), on vit cependant des largages réalisés au ras du sol où des avions cargos Hercules et Providers utilisèrent le système LAPES (Low Altitude Parachute Extraction System) à moins de 10 m au-dessus de la piste d’atterrissage et sous le feu de l’ANV pour ravitailler les US Marines.

 

Aujourd’hui, en Afghanistan, nos forces armées ont réussi le pari de faire les deux, c’est-à-dire opérer un largage à très haute altitude, tout en étant capable de loger une cargaison de matériel ou de vivres sur un point d’impact d’un rayon pouvant être inférieur à 300 m. Cette technique d’aérolargage est résumée sous l’acronyme LMTGH-OB pour “Largage de Matériel à Très Grande Hauteur en Ouverture Basse”.

 

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Palettes sur le point d'être embarquées dans un C 160 Transall (source - MINDEF)

 

L’Afghanistan ne pouvait qu’inciter à la mise au point de cette technique peu coûteuse, offrant une grande souplesse tactique, mais nécessitant un savoir-faire éprouvé. Un relief montagneux et cloisonné du pays, la menace permanente des tirs d’armes légères (fusils d’assaut et RPG), celle des missiles air-sol portatifs, donnent toute son intérêt au LMTGH-OB qui permet de ravitailler de jour comme de nuit, sans repères visuels ni appareils de vision nocturne, des OMLT isolées. De plus, la voie des airs permet de s’affranchir d’un réseau routier qui, s’il existe, n’en demeure pas moins pollué par de nombreux IED.

 

La technique d’aérolargage LMTGH-OB consiste en un largage de précision d’une charge comprise entre 500 et 1200 kg à une altitude de 7500 m (24 000 pieds). L’avion C 160 Transall (ou C 130 Hercules) se cabre légèrement, permettant à la palette de matériel de glisser sur des rails jusqu’à sa sortie par la porte arrière. Dès la sortie de l’avion, deux parachutes s’ouvrent et assurent la stabilisation du chargement, qui chute à une vitesse d’environ 45 m/s. Arrivé à une altitude de 500 m, six parachutes principaux se déclenchent à leur tour permettant l’atterrissage de la charge dans une zone de 300 m déjà prédéfinie. Plus l’ouverture de ces derniers est tardive, plus la précision du point d’impact sera grande, l’effet de dérive n’ayant pas le temps de jouer. Des LMTGH-OB auraient été déclenchés à 150 m, selon ce principe du HALO (High Altitude Low Opening) employé par les chuteurs opérationnels.

 

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Parachutistes du 1er RTP réglant les déclencheurs vario-barométriques de la palette (source - MINDEF)

 

L’ensemble ne se présente pas de manière particulièrement sophistiquée. Le matériel est arrimé sur une palette en bois classique. Les parachutes sont, ensuite, fixés et reliés à un système de déclencheurs vario-barométriques: la platine de libération. Réglés sur un niveau de pression précis, ces déclencheurs permettent la rupture de drisses conçues pour ne résister qu’à un certain seuil de tension,  ce qui libère les parachutes principaux. On comprendra que les questions de pression atmosphérique, comme la connaissance des vents sur la zone de largage, sont fondamentales pour la mise au point et le fonctionnement du LMTGH-OB.

 

Un logiciel a été, entre autres, développé pour permettre le calcul complexe du “point de relaxation”, c’est-à-dire les coordonnées où l’avion cargo doit opérer le largage. Ces calculs prennent en compte les relevés en temps réel du centre de météorologie de Toulouse. Celui-ci établit une carte des vents avec un maillage prévisionnel de grande précision (2km2), permettant aux équipages d’avoir une idée très précise des vents qu’ils vont rencontrer sur la zone de largage. La connaissance des pressions atmosphériques est importante pour le déclenchement des parachutes comme nous venons de le voir, mais aussi parce qu’un vol à haute altitude comporte des risques pour l'organisme, notamment celui de l'aéroembolisme qui voit la formation de bulles d'azote dans le sang. Les personnels embarqués doivent être adaptés aux variations de pression, ce qui nécessite un palier d'accoutumance  (dénitrogénation) avant la dépressurisation liée à l’ouverture de la porte arrière. Pilotes comme équipes de largage opèrent avec des kits à oxygène ainsi que des masques, et un médecin est intégré à toutes les missions au-dessus de 5500 m.

 

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Préparation de la platine de libération (source - MINDEF)

 

Le LMTGH-OB est une véritable opération à la fois interarmes et interarmées. Il nécessite de très bonnes communications air-sol entre l’avion et l’unité à ravitailler, mais il fait aussi travailler étroitement l’Armée de l’Air et l’Armée de Terre. Les pilotes sont issus de l’Escadron d’Utilisation et d’Appui Tactique (EUAT 1/61 Touraine) basé à Orléans. C’est au sein du 1/61 Touraine qu’a été mis au point cette technique d’aérolargage, et ses personnels sont des spécialistes du “travail sous oxygène”. Les équipes de largage sont constituées de soldats du 1er Régiment du Train Parachutiste de Toulouse. Spécialisé dans la livraison par voie aérienne, ce régiment gère le fret militaire sur la base de Douchanbé (Tadjikistan), qui est l’une de nos portes d’entrée logistique en Afghanistan. Ce sont les hommes du 1er RTP qui conditionnent les palettes, les embarquent et les larguent.

 

Le LMTGH-OB, on le voit, est une compétence précieuse pour le théâtre d’opérations afghan. Il nécessite un travail de spécialistes dans plusieurs domaines, et peu d’armées sont capables de maîtriser une telle précision de largage. En Afghanistan seuls les Américains et les Italiens sont capables de parachutage de précision qu’ils opèrent, cependant, à basse altitude. Les forces armées françaises offrent la possibilité de réaliser le même type d’opération avec une sûreté appréciable en ce qui concerne les armes que les Taliban peuvent actuellement déployer contre la menace aérienne. Le premier LMTGH-OB a été effectué à Oruzgan le 21 août 2008, et la procédure a été homologuée en Afghanistan la même année. D’abord utilisé pour le compte de nos propres forces, le LMTGH-OB vient d’être autorisé et étendu à l’ensemble des forces de l’ISAF.

 

LMTGH-OB

(Source - MINDEF)

 

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 10:17

LE SYSTÈME D'ARMES CLUB-K

 

Alors que les débats sur la prolifération des armes de destruction massive (ADM) et sur la défense anti-missiles demeurent plus que jamais d’actualité, la firme russe Concern Morinformsystem-AGAT Joint Stock Company met sur le marché un système de tir de missiles de croisière qui n’aidera certainement pas à rendre notre monde moins dangereux…


 

Présenté pour la première fois au printemps dernier et, plus récemment, au salon de l’EURONAVAL, le Club-K se présente comme un lanceur vertical de 4 missiles de croisère de type 3M-54 TE, 3M-54TE1 et 3M-14TE. Rien de bien nouveau jusqu’ici: les missiles 3M-54 Klub désignent une famille de missiles de croisière russes, conçus par la société Novator Design Bureau et que l’on pourrait comparer au missile BGM-109 Tomahawk dans l’arsenal occidental. Multirôles et pouvant frapper, selon les versions, des objectifs aussi bien à terre qu’en mer et sous la mer, les 3M-54/14 sont, cependant, plus petits et d’une portée inférieure aux Tomahawk.

 

3M-54E.jpg

Missile 3M-54E

 

En fait, l’innovation réside moins dans l’arme en elle-même que dans la manière dont Concern Morinformsystem-AGAT en a imaginé le déploiement. Le système Club-K se présente, en effet, comme un lanceur quadruple conditionné dans un conteneur 40 pieds (1). Le conteneur s’ouvre en quelques minutes afin de permettre l’érection d’un lanceur vertical qui peut tirer une salve de 4 missiles de croisière. Étudié pour être dissimulé au milieu d’une pile de “boîtes”, adapté à tous les vecteurs du transport multimodal (train, camion, navire porte-conteneurs), le Club-K est quasiment indétectable ou, du moins, il n’attire pas l’attention.

 

On verra d’emblée l’avantage militaire d’un tel système qui peut être déployé rapidement, n’importe où, peut être transporté anonymement sur de grandes distances, et être amené à proximité de l’objectif…  Les conteneurs peuvent aussi être dispersés pour ensuite être activés simultanément par satellite. Si l’on y ajoute un prix estimé entre 10 et 20 millions de dollars – ce qui est bon marché pour un système d’armes de cette catégorie -, on comprendra l’appréhension des experts de Jane’s Defense Weekly qui découvrirent pour la première fois le Club-K en avril dernier.

 

Aircraft-carrier-killer-shipping-container-Club-K.jpg

Extrait de la vidéo de Concern Morinformsystem-AGT Joint Stock Company

 

Dans une vidéo particulièrement bien soignée, que nous avons pu observer lors du salon de l’EURONAVAL 2010, Concern Morinformsystem – AGAT montre comment le Club-K peut frapper que ce soit à partir d’un semi-remorque tel que l’on pourrait en croiser tous les jours sur nos autoroutes, à partir d’un navire porte-conteneurs tel que l’on pourrait en voir tous les jours sur toutes les mers du globe, à partir d’un train de marchandises… Selon les versions du missile emporté par le système, des cibles militaires à terre (2) peuvent être frappées mais, fait intéressant, des cibles en mer également. Ici, ce ne sont ni plus ni moins que les porte-avions nucléaires américains accompagnés de leur groupe de combat – plus particulièrement les croiseurs et destroyers AEGIS -, qui sont visés.

 

D’aucuns affirment que si Saddam HUSSEIN avait pu disposer de ce système d’armes, les États-Unis n’auraient pu mener l’offensive de 2003 dans les conditions que l’on sait. Mieux, des pays comme le Vénézuéla et, surtout, l’Iran ont fait savoir leur intérêt pour le Club-K, qui pourrait être un système particulièrement bon marché pour repousser les porte-avions américains. Quelques camions, amenés à proximité du littoral sans attirer l’attention, pourraient en effet déclencher une attaque de saturation à peu de frais sur une task force situé à 200 milles.

 

Le Club-K fait partie de ces systèmes d’armes qui sont de nature à transformer une donne internationale déjà complexe. Il n’aurait pu être commercialisé sans l’accord du pouvoir russe, qui entend ainsi montrer sa capacité à peser, d'une certaine manière, dans les relations internationales. Son concept, la faiblesse de son coût, le tout en rapport avec la capacité de destruction des missiles 3M-54/14 en font une arme particulièrement adaptée pour un conflit dissymétrique comme asymétrique. Un pays comme l’Iran pourrait ainsi tenir tête aux États-Unis. Pire, il n’est pas du tout impossible qu’une telle arme – si elle était commercialisée à grande échelle – ne puisse tomber un jour entre les mains de terroristes.

 

(1) Le transport multimodal utilise actuellement trois dimensions de conteneurs de 20, 30 et 40 pieds.

(2) Le matériel américain est particulièrement ciblé dans la vidéo: blindés M1 Abrams et Stryker, chasseurs F18 Hornet, avions cargos C5 Galaxy, bâtiments logistiques…

 

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 14:45

LES MUTATIONS DE L'ARMÉE DE TERRE: LE PROGRAMME SCORPION

 

Dire que la fin de la Guerre froide a vu s’opérer des mutations majeures au sein de notre outil de Défense est désormais un lieu commun. La situation géopolitique à partir des années 1990 change singulièrement les rapports de forces internationaux, et la perception des menaces qui en découle. Les armées accusent cette évolution au travers de remises en cause doctrinales, ces dernières influençant en retour le format des forces armées, leur mode d’emploi et leurs missions, et jusqu’à la conception des nouveaux matériels.

 

Vingt ans après la fin de la Guerre froide, la mise en place du programme Scorpion au sein de l’Armée de Terre illustre l’ampleur et la profondeur de cette transformation.

 

Logo Scorpion

 

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 21:32

 

 

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 09:02

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En partenariat avec le Centre National des Sports de la Défense (CNSD), le Lycée Galilée a organisé une course d’orientation le mardi 18 mai 2010. Dernière grande action pédagogique de cette année scolaire, entreprise dans le cadre du projet “La Nation et ses forces armées”, cette course d’orientation a mis sur le terrain 40 élèves de deux classes de 2nde. 

 

Destiné entre autres à mettre en pratique un ensemble de connaissances déjà apprises en Géographie, l’exercice s’est tenu dans l’enceinte même du CNSD au Camp Guynemer (Fontainebleau). Emmenés par M. NGUYEN, enseignant relais Défense de l’établissement et Mme WAMBST, enseignante de Mathématiques,  les élèves ont été pris en charge par le Major Grégory NOUHET et son adjointe.

 

Une première séance pédagogique, donnant des rudiments de planimétrie, fut dispensée avant de lancer les élèves sur un parcours de 19 balises (3 km théorique). Le premier groupe acheva le parcours, au terme d’une course effreinée d’un peu moins d’une demi-heure. Le dernier groupe clôtura le circuit en 1.10 environ. Quelques groupes n’ont pas réussi à trouver toutes les balises, mais l’essentiel était avant tout de participer, et d’apprendre à lire correctement une carte ne serait-ce que pour rallier le point d’arrivée.

 

P1060656Le Major NOUHET et les élèves de la 2nde 4

 

L’Enseignant relais Défense remercie le Général Jacques RENAUD (DMD 77), le Lieutenant-colonel Jean-Luc OLIVE, le Major Grégory NOUHET et les membres de son équipe (notamment l’Adjudant Alain PENTSCHEFF), pour le soutien qu’ils ont apporté à cette action. Au terme d’une année très riche où les élèves ont participé au soutien des troupes, et ont réalisé exposés, mémoires et débats concernant le rôle du citoyen dans la Défense de notre Cité moderne, cette course d’orientation est venue montrer qu’acteurs de la Défense et de l’Éducation pouvaient aussi travailler ensemble.

 

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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 08:56
UNE FAMILLE FRANCAISE DANS LA GUERRE D’AFGHANISTAN


Pré-acquis

1- Un jeune nommé Julien
2- Le père de Julien
3- La deuxième bataille d'Uzbin


Pré-requis

1- Guerre et opinion publique

2- La plainte de Joël LE PAHUN sur France-Info
3- La judiciarisation des opérations militaires
4- Actualité du lundi 30 novembre 2009

LE PROBLÈME

    Cela fait depuis trois mois que nous travaillons sur la famille LE PAHUN dont le fils aîné, Julien, a été tué lors de la bataille de Sper Kunday, le 18 août 2008. Vous connaissez maintenant le cheminement douloureux de cette famille à travers trois étapes clés: 1- la réaction émotionnelle du 20 août 2008 2- la réaction raisonnée du 26 août 2008 3- l’annonce d’un dépôt de plainte contre trois officiers le 29 octobre 2009.


Les questions à l’élève

1- Quel est votre sentiment – définissez ce terme – à l’endroit de cette histoire?
2- Comment comprenez-vous le cheminement du père de Julien du 20 août 2008 au 29 octobre 2009?
3- Qu’auriez-vous fait à sa place?

Les questions au citoyen

1- Du point de vue de la France et de notre société, quels sont, selon vous, les problèmes que soulèvent la démarche du père de Julien?
2- Du point de vue des ennemis de la France (les Talibans, ici), comment la démarche du père de Julien peut-elle être interprétée?

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