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L’AFGHANISTAN

  DOSSIER RÉALISÉ PAR MADAME LUCE LARCADE ET LE GÉNÉRAL (2S) SERGE AUZANNEAU


    I- Éléments de Géographie

    L'Afghanistan (capitale Kaboul) est un pays d'Asie centrale, d'une superficie de 647 500 km2 (soit 20% plus grande que la France). Enclavé dans d'austères montagnes, sans débouché maritime et bénéficiant d'un climat continental, ce pays a de très longues frontières communes avec ses voisins: 5529 km de frontières au total. Le Pakistan se situe à l’est et au sud sur 2430 km, l’Iran à l’ouest sur 936 km, le Tadjikistan au nord sur 1206 km, le Turkmenistan sur 744 km, l’Ouzbekistan sur 137 km et la Chine au nord–est sur 76 km. L'Afghanistan se trouve ainsi être un carrefour de civilisation; persane, turque, arabe, indienne, chinoise et russe. Cette position stratégique a été à l’origine de nombreux conflits.

Localisation générale de l'Afghanistan
   
    La population afghane compte entre 22 et 28 millions d'habitants de divers groupes ethniques, et elle est composée de 80% de sunnites et 20% de chiites, en particulier les Hazaras des plateaux centraux. La religion officielle est donc l'Islam. Cette population est majoritairement rurale, et une dizaine d’ethnies cohabitent. Citons les principales : les Pashtouns (38%), les Tadjiks (25%), les Hazaras (19%), les Ouzbeks (6%). Notons que près de 2 millions de réfugiés ont quitté leur pays pour l’Iran et le Pakistan suite aux événements. Ce sont essentiellement de petites ethnies, pauvres et analphabètes, qui vivent comme au Moyen Âge, isolées dans des zones montagneuses.

    Notons que les ethnies afghanes sont fragmentées en une myriade de tribus, de familles et de clans. La vengeance est un principe séculaire qui anime les tribus pashtounes. Les Hazaras chiites sont cantonnés dans les plateaux et vallées des provinces centrales. Ils sont en opposition avec les pashtouns sunnites. Il y a autant de langues que d’ethnies. Les deux langues officielles sont le patshoun et le dari (farsi persan).

    53% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’agriculture est l’activité principale. l'Afghanistan est le premier producteur mondial d’opium. Il a des ressources minérales importantes (or, argent, cuivre) et des gisements de gaz naturels. L'agriculture a été ruinée par de nombreuses années de guerre et par le déplacement des populations. Il en subsiste les cultures d'un peu de blé, de riz et de maïs, du coton, des fruits et légumes, qui font souvent l'objet de contrebande vers le Pakistan. Interdite puis tolérée à diverses reprises, la culture du pavot prospère. Également un peu d'élevage, essentiellement extensif, nomade et transhumant. L'industrie est surtout artisanale (tapis, peaux). Quelques mines de charbon, du gaz, et des mines de pierres précieuses (lapis-lazuli, émeraudes), de l'uranium, de l'or et du cuivre.

    L'Afghanistan est le siège de civilisations très anciennes. À l'origine province de l'Empire iranien Achéménide (VIe-IVe siècle avant J.C), la région est hellénisée après la conquête d'Alexandre le Grand en 329 avant J.C. dont les successeurs se maintiennent jusqu'en 250. De 250 à 125, elle fait partie du Royaume de Bactriane et subit en 160 l'invasion scythe. La région fait partie de l'Empire Kushana (Ier siècle avant J.C-Ve siècle après J.C), influencé largement par le bouddhisme. Puis l'Afghanistan est progressivement intégré au monde musulman. L'islamisation commence lors de la conquête de Harat par les Arabes (651) et se poursuit sous les ghaznévides (du Xe au XIIe siècle). Puis se sera l'invasion mongole en 1221 par Gengis Khan.

    Aujourd'hui, l’Afghanistan est une république islamique à régime présidentiel composée de 34 provinces. Le Président (Hamid Karzaï est élu pour 5 ans. L’Assemblée nationale est composée de la Chambre des représentants et la Chambre des aînés. La chambre des représentants est élue au suffrage universel (65 siéges sont réservés aux femmes).

Hamid Karzaï est l'actuel Président  de l'Afghanistan

Carte administrative de l'Afghanistan: régions et provinces
   
    Ce pays qui fait la une des quotidiens est très mal connu. L’origine de son nom viendrait du persan afghan «  gorges de montagne » due à son relief essentiellement montagneux. Situé dans le prolongement sud -ouest de l’Himalaya, c’est un pays de hautes montagnes et de plateaux arides. La chaîne de l’Hindou-Kush orientée sud–ouest/nord–est, avec de nombreux sommets enneigés de plus de 6000 m d’altitude en est le massif principal. Notons que 40% des terres sont situées ente 1500 et 2000 m d’altitude.

Carte du relief de l'Afghanistan
   
    Comme le notait M. Barry, “À l’ouest et au nord, ceinture les montagnes une steppe plate et aride. L’été y est brûlant, jaune et poussiéreux, mais il neige en hiver et au dégel succède un bref printemps ou la steppe se pare d’herbes et de fleurs. Au sud la steppes se dégrade en plaines désolées de pierrailles jaunes. Les torrents descendus de l’Hindus Kush y fertilisent quelques oasis. Le terrain montagneux, rocailleux est coupé de gorges profondes et de nombreuses fissures dans les falaises. Les rivières qui prennent leur source dans la chaîne montagneuse centrale s’écoulent de part et d’autre du massif. Seul le Kaboul se jette dans l’Indus qui rejoint le golfe du Bengale. Le Hilmand, long de 1400km se perd dans les marais iraniens." (1)

    Le climat est rude. Il est du type continental aride. Les hivers sont généralement très froids (-25°) et les étés secs et très chauds (40°). L’eau est un problème important. La neige est la source d’eau essentielle dans ce pays il n’y a que de rares pluies. Ces dures contraintes ont rejeté les populations aux périphéries du pays dans les oasis, au sud et à l’est, et dans quelques plaines au nord et à l’ouest. En résumé, c'est un pays montagneux au climat difficile. Une population multi-ethnique, aussi rude que le pays.

(1) BARRY (Michael), Le Royaume de l'insolence. L'Afghanistan (1504-2001), Flammarion, 2002, 510 p.

        II- Éléments d'Histoire

    De part sa situation géographique, l’Afghanistan est une terre d’invasion. C’est aussi une véritable forteresse naturelle (montagnes difficiles à pénétrer, déserts arides, climat soumis aux températures extrêmes). Ce pays a vu passer : les Perses, les Macédoniens, avec Alexandre le Grand, les Grecs, les Huns, puis vinrent les Arabes puis les Turcs qui islamisèrent le pays. Plus tard, au XIIe siècle, les Mongols avec Chancis Khan envahirent le pays. Au XVIIIe siècle, les Persans imposèrent leur régime.

    En 1838, les Anglais, désireux de protéger l’Inde, envahirent le pays mais furent tenus en échec et durent se retirer. Une seconde tentative en 1878 fut un succès et l’Afghanistan dut accepter un semi protectorat britannique. Les Anglais annexèrent une partie du territoire afghan (traité de la ligne Durand) dont la célèbre passe de Khyber, un des rares points. de passage avec le Pakistan actuel. Mais en 1919, après une troisième guerre avec les britanniques, le royaume d’Afghanistan obtint son indépendance.

    De 1919 à 1946 le pays connaît une modernisation profonde tant dans les domaines économique que social avec l’aide de la Turquie et de l’Iran, ainsi l’enseignement fut ouvert aux femmes. Cependant la société afghane reste très traditionaliste et opposée à l’occidentalisation du pays, d’où plusieurs coups d’État. Une constitution fut proclamée en 1931. Enfin en 1946, l’Afghanistan devient Membre des Nations Unies.

    L’indépendance du Pakistan, survenue en 1947 fut l’occasion de demander la restitution des territoires annexés par les anglais (remise en cause de la ligne Durand). Le Pakistan refusa et se rapprocha des États-Unis du coup l’Afghanistan se jeta dans les bras de l’URSS. Dans les années qui suivirent un large programme de modernisation fut lancé: abandon du voile islamique, mixité, démocratisation renforcée, tolérance et laïcité…

    En 1973, suite à des années de grande sécheresse qui entraînèrent la famine et par contre-coup la naissance de groupe révolutionnaire islamistes et communistes, un coup d’Etat provoqué par Mohammed Daoud chassa le roi et proclama la République avec l’Islam comme religion d’état et le parti unique.

    Cinq ans plus tard, en 1978 un nouveau coup d’Etat d’origine communiste suspend la constitution, crée une démocratie populaire et met sur pied un programme de “socialisation” qui provoqua des réactions de rejet, car il cassait le cadre traditionnel d’une société "moyenâgeuse" et s’attaquait à la religion. Il déclencha la résistance armée des islamistes radicaux (les moudjahidines).

    Un an plus tard un nouveau coup d’Etat renverse le gouvernement en place et fait appel aux troupes soviétiques pour l’aider à neutraliser les groupes islamistes et, très vite, le combat contre les troupes d’occupation devint “La guerre sainte”. Nous sommes en pleine guerre froide, les Américains soutiennent le moudjahidines et leur fournissent des armes, en particulier des missiles antiaériens (Stinger) pour lutter contre les hélicoptères russes. Ils financent les groupes qui luttent contre les troupes de l’URSS. L’un des financiers est Oussama Ben Laden, riche homme d’affaire saoudien. Le Pakistan sert de base arrière et près de 3 millions d’Afghans s’y réfugient. Leurs enfants seront pris en mains et fanatisés dans les “madrasas”. Ils formeront les futurs Talibans.

    En 1989 les Soviétiques se retirent de ce pays où ils laissent 15 000 morts. Malheureusement la guerre civile continue, alimentée par les oppositions religieuses (sunnites, chiites, modérés, radicaux), ethniques (Pashtouns, Tadjiks, Ouzbecks…), et les seigneurs de la guerre qui veulent protéger leurs intérêts. Les combats continuent à Kaboul, la capitale. En 1996, les Talibans sortent au grand jour et vont tout balayer.

    Ce mouvement est commandé par le mollah Omar et encadré par des religieux (les oulémas), soutenus par les services secrets pakistanais et financés dit-on par “certains pays”. Ils réussissent à contrôler les deux tiers du pays. Seule l’Alliance du Nord et le Commandant Massoud résistent. Les Talibans appliquent aussitôt les règles d’un Islam ultra rigoriste et la Charia. Les femmes perdent tous leurs droits. Les interdits sont innombrables. L’Afghanistan sombre dans l'obscurantisme. C’est le pays des exécutions publiques, des lapidations, et des mutilations. C’est aussi l’un des pays les plus pauvres du monde avec une analphabétisme en hausse rapide. La vie sous ce régime est devenue un enfer. Le mollah Omar et Oussama Ben Laden, qu'unissent des liens familiaux, font de l'Afghanistan un camp d’entraînement du terrorisme international.

    Le 11 septembre 2001, le commandant Massoud est tué dans un attentat et des avions s’écrasent sur les tours à New York et sur le Pentagone à Washington. Les Américains accusent le régime taliban et Ben Laden d’être à l’origine de ces attentats, ce que l'enquête internationale prouvera. Le 20 décembre 2001, la Force Internationale d’Assistance à la sécurité (FIAS) est créée par la résolution 1836 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

III- L'Afghanistan des Talibans par Luce Larcade

    Le régime des Talibans fut dirigé par le Mollah Mohammad Omar, encadré par les oulemas (“érudits”), et encadré financièrement par l'Arabie Saoudite, le mouvement des Talibans devint vite populaire.

Talibans établissant un barrage routier
    Au début de 1996, l’Afghanistan était toujours partagé entre différentes milices armées, mais les Talibans dominaient la plus grande partie du pays dont la capitale, Kaboul. Ils créèrent un service gouvernemental nommé "Ministère pour la promotion de la vertu et la prévention du crime". Puis ils imposèrent aux Afghans une vision très stricte de la loi coranique. Il était interdit aux femmes de se dévoiler, le port obligatoire du tchadri était obligatoire, et il était également interdit de travailler.

    Étaient aussi proscrits : la musique, la danse, la peinture et le dessin, tous les jeux traditionnels y compris certains jeux enfantins (poupées pour les petites filles part exemple). Les interdits frappaient le port de costumes occidentaux et le maquillage pour les femmes. Les cinémas furent fermés. La télévision étant prohibée, les plus fortunés se débrouillaient pour organiser des séances de diffusion clandestines. Les femmes n'ont plus accés aux hôpitaux et ont l'interdiction de se faire soigner par un médecin masculin. Les hommes ont l'obligation de porter la barbe longue sous peine d'emprisonnement, porter des vêtements traditionnels et prier plusieurs fois par jour dans les mosquées. Les sports sont eux aussi interdits.

Formés par des années de guerres étrangère et civile, ininterrompues depuis 1979, les combattants talibans sont remarquablement adaptés à la guérilla. Utilisant du matériel récupéré sur les combattants ennemis, parfaitement fondus au sein des populations locales, bénéficiant de solides soutiens au Pakistan voisin, ils portent désormais le conflit sur le terrain médiatique. Ils prouvent ainsi leur parfaite compréhension de ce qu'est une guerre asymétrique
    Finalement il serait plus aisé d'énumérer ce qui n'est pas interdit que de dresser la liste des interdictions. L'homosexualité a fait l'objet d'un débat qui laisse plutôt perplexe. Fallait-il les jeter du haut d'une falaise, les pousser du haut d'un immeuble, ou mettre les coupables au fond d'un trou et abattre un mur dessus. La troisième solution fût retenue, mais en raison du nombre important de survivants, les chefs religieux commandèrent de passer un bulldozer pour achever les condamnés. Dans les rues de Kaboul, la "Police religieuse", à bord de camionnettes, veillaient au respect de la loi.

    Les Talibans ont donc élaboré un code sévère en matière de comportements. Les mesures adoptées par les Mollahs n'étaient pas très populaires mais ont favorisé un minimum de rétablissement d'ordre dans le pays. Depuis le 27 Septembre 1996, l'Afghanistan est devenu un pays islamique gouverné et dominé par les hommes. C'est devenu l'un des pays les plus pauvres du monde, malgré une production massive d'opium (70% de la production illicite mondiale). Il est, cependant, vrai que le régime Taliban combattit la drogue. L'Afghanistan est actuellement l’un des pays les plus pauvres de la planète, privé d’infrastructures commerciales et industrielles, et de réseaux de communication moderne. C’est l’un des pays aussi où l’on trouve le plus de mines anti-personnelles.
L'Égyptien Ayman Al-Zawahiri est l'un des idéologues islamistes qui a permis l'existence d'Al Qaida et les attentats du 11 septembre 2001. Avec Oussama Ben Laden et le Mollah Omar, il est activement recherché par les Occidentaux. Les trois hommes se cacheraient dans la zone tribale pakistanaise, région où se situent actuellement les sanctuaires talibans


REVUE DE PRESSE

AFGHANISTAN: L'ACCORD SUR LE DEPLOIEMENT DE LA FORCE INTERNATIONALE A ETE SIGNE – LE MONDE DU 1er JANVIER 2002
    Les contingents de dix-sept pays, dont celui de la France, devraient être sur place à la mi-janvier. Après plusieurs jours de négociations, Afghans et Britanniques ont signé un accord sur le déploiement d'une force internationale en Afghanistan. Plusieurs pays participants ont déjà envoyé des contingents sur place ou s'apprêtent à le faire. La France y enverrait un contingent de 500 hommes sur les 4500-5000 hommes que devrait compter la mission de la paix. Après de multiples tergiversations, l'accord sur le déploiement de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) a été paraphé, lundi 31 décembre 2001 à Kaboul, par le ministre afghan de l'intérieur, Younis Qanouni, et le premier commandant de cette force, le général britannique John McColl. Le document doit maintenant être signé par les divers pays qui contribueront à cette force, qui devrait compter trois mille cinq cents hommes.

    Malgré la demande unanime de la population de voir les soldats de l'ISAF se déployer très rapidement et en nombre à Kaboul, la présence des premiers éléments britanniques est jusqu'à maintenant très discrète. L'ISAF devrait toutefois monter petit à petit en puissance. Soixante-dix militaires britanniques sont arrivés ces deux derniers jours à Kaboul pour préparer l'installation de l'état-major de la force dans une caserne du centre de la ville. Le gros des troupes ne devrait pas être en place avant la mi-janvier bien que le ministre français de la défense, Alain Richard, ait annoncé que des soldats français seront à Kaboul "dans les prochains jours". Le déploiement français se fera à partir de Douchanbé, au Tadjikistan, qui sera le point de transit entre la France et Kaboul, a précisé M. Richard. Le nombre de soldats français devrait être "un peu supérieur à cinq cents", a ajouté le ministre.

    Selon le général britannique John McColl, qui commandera l'ISAF pendant les trois premiers mois de son mandat, pour l'instant limité à six mois, dix-sept pays devraient contribuer à cette force. Ils enverront dans les quarante-huit heures à Kaboul une mission de reconnaissance, soit trente à quarante officiers. Les missions de la force internationale comportent notamment des patrouilles "dans Kaboul et ses environs", c'est-à-dire essentiellement sur les 60 km de route qui relient Kaboul à la base de Bagram, qui sert d'appui logistique à l'ONU, à l'ISAF et aux troupes américaines. L'ISAF assurera aussi l'entraînement de la future armée afghane dans et aux alentours de la capitale.

    L'ISAF va, pour l'instant, cohabiter sur le sol afghan avec les troupes américaines, qui poursuivent leur recherche des hauts dirigeants des talibans et de l'organisation Al-Qaida d'Oussama Ben Laden. Cette recherche a, selon des sources indépendantes, provoqué une nouvelle bavure, dimanche, quand l'aviation américaine a bombardé le village de Qalaye Niazi, à 4 km au nord de Gardez, dans la province orientale de Paktia. Plusieurs civils ont été tués et, selon un porte-parole américain, une enquête a été ouverte. Les chefs tribaux de la province de Paktia ont réclamé au gouvernement, conduit par Hamid Karzaï, de faire cesser ces bombardements américains qui ont déjà tué plusieurs dizaines de civils. Cependant, interrogé à ce sujet, le ministre des affaires étrangères, le Dr Abdullah, a affirmé que la campagne américaine "se poursuivra le temps qu'il faudra pour liquider les terroristes".

Françoise Chipaux


L'ARMEE FRANÇAISE SE RENOUVELLE ET VEUT SE CANTONNER A KABOUL  - LE MONDE DU 4 OCTOBRE 2005

    PAMIR XII, douzième régiment militaire français envoyé en Afghanistan depuis la chute des talibans et l'institution de l'ISAF, à la fin 2001, a officiellement pris lundi soir le relais de PAMIR XI. Ce bataillon de 600 hommes, issu de la 2e brigade blindée d'Orléans, et pour l'essentiel du régiment de marche du Tchad de Noyon (RMT), sera comme son prédécesseur chargé de sécuriser la zone de responsabilité française, qui couvre le nord de Kaboul et la plaine de la Shomali, et ce pendant quatre mois.

    Il est commandé par le colonel Thierry Ducret, chef de corps du RMT de Noyon (Oise), qui a pris le relais du colonel Jacques Duffour, commandant de PAMIR XI, lors d'une cérémonie à l'aéroport militaire de Kaboul. Principalement composé d'unités de la 7e brigade blindée de Besançon, PAMIR XI était arrivé début juin avec pour principale mission d'assurer la sécurité, dans sa zone, des élections législatives du 18 septembre. Celles-ci se sont déroulées sans incident majeur, à la grande satisfaction du colonel Duffour. "Vos efforts ont été récompensés par le parfait déroulement des élections parlementaires", a-t-il déclaré lundi à ses troupes. L'armée française affirme que les opérations de PAMIR XI ont aussi permis de récupérer et de détruire plus de 20 tonnes de munitions. Au cours de ces quatre mois, le bataillon français a également effectué plus de 200 escortes, 230 surveillances de nuit et plus de 200 opérations civilo-militaires (aides sanitaires, construction d'écoles, forages de puits, etc.).

    Le changement de bataillon intervient dans un contexte d'intenses négociations au sein de l'OTAN sur l'extension du mandat de l'ISAF, qui compte 10 500 soldats originaires de 37 pays. Déployée dans les régions stables de Kaboul, mais aussi au nord et à l'ouest du pays, l'ISAF doit étendre en 2006 son rayon d'action aux régions de l'est et du sud, agitées par une violente rébellion antigouvernementale, notamment des talibans. Elle y viendrait en appui de la coalition militaire sous commandement américain (18 000 hommes, à 90% Américains) qui, elle, mène des opérations armées quotidiennes dans le cadre de la"guerre au terrorisme". Si Washington pousse à un rapprochement entre les forces de l'ISAF et de la coalition, sur fond de rumeurs de réduction de ses troupes en Afghanistan, plusieurs pays de l'OTAN, dont la France, s'opposent à cette"bellicisation" du mandat de l'ISAF, jusqu'ici force de maintien de la paix. Lors d'un entretien avec le président afghan, Hamid Karzaï, lundi à Paris, la ministre de la défense française, Michèle Alliot-Marie, "a confirmé que la France n'était pas favorable à la fusion des deux opérations à ce stade car elles ont des missions et des moyens différents", selon son entourage. Plusieurs autres membres de l'OTAN se sont en revanche déclarés volontaires pour fournir les 6000 soldats nécessaires dans le Sud, notamment le Royaume-Uni, le Canada et les Pays-Bas.

    La France compte consolider ses positions à Kaboul, avec des effectifs proches du niveau actuel, les opérations extérieures mobilisant déjà 2400 soldats au Kosovo et 4000 en Côte d'Ivoire, d'après des sources militaires sur place. Lundi, le président Chirac a réaffirmé à M. Karzaï la volonté française de "prendre le commandement de Kaboul et de sa région" au sein de l'ISAF. "La mission de Kaboul correspond mieux à ce que l'armée française sait faire : des opérations de terrain, de la coopération avec les autorités locales et de l'appui au développement", explique une source militaire à Kaboul. Lundi, le colonel Duffour s'est félicité des "excellents contacts noués par PAMIR XI avec la population". Son successeur, le colonel Ducret, s'est engagé à "poursuivre dans cette voie" - avec AFP.


OBJECTIF SECURITE POUR L'OTAN EN AFGHANISTAN – LE FIGARO DU MARDI 12 AOUT 2003

1949-2009. Le traité de Washington qui donna naissance à l'OTAN fêtera ses 60 ans le 4 avril prochain. À cette occasion, la France devrait officiellement revenir dans le Commandement intégré de l'Alliance atlantique qu'elle avait quitté en 1966
    L'Alliance prend le commandement  de la force de maintien de la paix. L'OTAN a pris la tête des 5537 hommes de la Force de maintien de paix (ISAF) à Kaboul hier, à un moment particulièrement délicat pour l'Afghanistan. Cette toute première mission hors Europe de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord consistera à assurer la sécurité dans la capitale afghane et ses alentours ­ mission classique qui est celle de l'ISAF depuis la défaite du régime taliban, fin 2001, face aux forces de la coalition conduite par le Pentagone. Mais cette mission ne paraît plus suffire face à la résurgence des attaques de talibans et de bandits qui mettent en péril la reconstruction du pays.

    L'ONU a ainsi suspendu voilà peu ses missions dans nombre de régions en raison de l'insécurité qui y prévaut. «L'Afghanistan ne doit pas sombrer de nouveau dans l'anarchie et le chaos et l'Afghanistan ne doit pas redevenir le foyer de terrorisme international comme c'était le cas sous le régime des talibans» , s'est inquiété le ministre allemand de la Défense, Peter Struck, qui inaugurait, hier à Kaboul, le passage à l'OTAN du commandement de l'ISAF, jusqu'alors confié à l'Allemagne et aux Pays-Bas, en compagnie du président afghan Hamid Karzaï. Comme il le fait sans relâche depuis au moins un an, le président afghan a plaidé à nouveau pour que l'ISAF dépêche des forces de maintien de la paix dans les provinces, où les chefs de guerre locaux contrôlent de grandes portions du territoire.

    Karzaï semble avoir été entendu par les Américains, sans qui rien ne peut se décider en Afghanistan. Les Etats-Unis étaient par le passé farouchement opposés à un élargissement du mandat de l'ISAF, car Washington souhaitait conserver une grande marge de manoeuvre pour traquer les talibans et Al-Qaeda. Les militaires US se servent, pour parvenir à leurs fins, des forces des seigneurs de guerre locaux, dont les écarts de tous ordres sont en retour considérés avec beaucoup de mansuétude. Mais, se rendant compte qu'il légitimait et renforçait ainsi un pouvoir féodal régional, qui de surcroît met souvent des bâtons dans les roues du pouvoir central, le Pentagone aurait changé son fusil d'épaule.

    La priorité serait dorénavant une amélioration de la sécurité en province à l'approche des élections de juin 2004. L'ambassadeur des Etats-Unis à l'OTAN, Nicholas Burns, écrit ainsi dans l'édition européenne du Wall Street Journal que l'expansion de l'ISAF «devra être sérieusement envisagée une fois que l'OTAN se sera installée dans son rôle à Kaboul» . Il propose à l'ISAF de «soutenir et compléter» les équipes de reconstruction en province par les forces de la coalition dirigée par les Américains, fortes de 12 500 hommes. Mais certains membres européens de l'OTAN s'opposent à ce scénario d'extension au vu des coûts et des risques pour les soldats.

Philippe GRANGEREAU
Les pays membres de l'OTAN



CHRONOLOGIE: LA PRESENCE FRANCAISE EN AFGHANISTAN (2001-2008)

2001

7 octobre - Le président Jacques Chirac annonce la participation des forces françaises aux actions militaires menées par les Etats-Unis en Afghanistan dans le cadre de l'opération Enduring Freedom (Liberté immuable) visant à renverser le régime des talibans.

2002
2 janvier - Arrivée des premiers soldats français de la Force internationale en Afghanistan (Isaf, créée en décembre 2001) au nord de Kaboul. Au total, 640 militaires français sont déployés dont 400 dans le cadre de l'Isaf.
5 mars - La France participe aux bombardements de cibles du réseau Al-Qaïda, nouvelle étape dans son action militaire aux côtés des Américains.

2003
20 janvier -  Premières patrouilles à Kaboul.
Juillet - Début du déploiement de 250 hommes des forces spéciales.
14 décembre - La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, déclare que les troupes françaises de l'Isaf resteront en Afghanistan "au moins jusqu'à la fin de 2004".

2005
17 septembre -  Premier soldat français tué par l'explosion d'une bombe dans le sud.
3 octobre - Chirac assure au président Hamid Karzaï que la France continuera à apporter une aide militaire et civile à l'Afghanistan.

2006
17 décembre -  Alliot-Marie annonce le retrait des forces spéciales françaises en janvier 2007.

2007
21 avril - La France, à laquelle les talibans ont demandé de retirer ses troupes d'Afganistan, compte un millier de soldats dans le pays, auquel s'ajoute un millier de militaires français déployés dans la région, au sein d'unités de l'armée de l'air ou de la marine et dans les états-majors de la coalition.
26 avril - Le candidat UMP Nicolas Sarkozy affirme que "la présence à long terme des troupes françaises" en Afghanistan ne lui semble "pas décisive".
7 novembre - Le président Nicolas Sarkozy assure à Washington que la France restera engagée militairement en Afghanistan "aussi longtemps qu'il le faudra".

2008
3 avril - Sarkozy annonce lors du sommet de l'Otan à Bucarest que la France enverra 700 hommes supplémentaires - qui s'ajouteront aux quelque 2200 militaires français déjà déployés.
5 août - La France prend le commandement de la force de l'Otan dans la région de Kaboul.
18 août - 10 soldats tués et 21 blessés dans une embuscade à Saroubi, à l'est de Kaboul. Le surlendemain, Nicolas Sarkozy demande aux quelque 3000 soldats déployés de poursuivre le "combat contre le terrorisme".
22 septembre - Le Parlement donne son feu vert au maintien des troupes françaises en Afghanistan.

Source: Nouvel Observateur du mercredi 17 décembre 2008.
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