5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 15:43

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Mouvement de chars Tigre I de la 2e Panzerdivision SS Das Reich durant la bataille de Koursk. Avec un blindage frontal de 110 mm, un canon L/56 de 88 mm (dérivé d'un canon antiaérien) et une optique de qualité permettant des tirs précis entre 1000 et 1500 m, le Tigre I était un blindé particulièrement dangereux en dépit de fragilités mécaniques et d'une grande consommation en carburant


Il y a 70 ans débutait la bataille de Koursk, l’une des plus grandes et des plus célèbres confrontations sur le Front de l’Est.

 

En lançant l’opération Citadelle, Adolf HITLER tente de reprendre l’initiative stratégique après la défaite de la VIe Armée à Stalingrad en février 1943. Celle-ci bouleverse profondément la situation stratégique avec une évacuation précipitée du Caucase par les forces allemandes, une progression rapide de l’Armée rouge en plusieurs points d’un front immense, mais aussi un rétablissement de la Wehrmacht au mois de mars (troisième bataille de Kharkov). La victoire de Kharkov permet au Maréchal Erich von MANSTEIN de stabiliser le front allemand. Ce faisant, elle dessine également un vaste saillant entre, au nord la ville d’Orel et au sud les villes de Bielgorod et de Kharkov. Entre ces deux abcès de fixation, le centre de gravité du saillant est la ville de Koursk.

 

Profondément enfoncé dans le dispositif allemand, le saillant de Koursk voit s'accumuler rapidement de nombreuses forces soviétiques durant le printemps 1943, laissant entrevoir une prochaine grande bataille d'encerclement. Le commandement allemand est cependant divisé. Pour MANSTEIN, la prochaine bataille sera la grande offensive où la Wehrmacht renversera le cours de la guerre compromis par l’échec de Stalingrad. Il s’agira de réduire le saillant à sa base par le nord et le sud, et opérer ainsi un vaste encerclement de plusieurs armées soviétiques. Le Général Walter MODEL, l’autre grand acteur de la bataille, reste prudent. Devant le renforcement très sensible des défenses soviétiques, il estime qu’il est trop tard pour attaquer aussi frontalement. Le Général Heinz GUDERIAN, qui s’attache surtout à reconstituer le potentiel blindé et mécanisé de la Wehrmacht - autour de matériels modernes mais encore trop peu nombreux -, rejette le principe même de l’opération Citadelle qu’il prévoit trop coûteux matériellement. HITLER, lui, hésite longuement. Pour STALINE et ses généraux (Georgi JOUKOV, Constantin ROKOSSOVSKI, Nikolaï VATOUTINE), Koursk sera d’abord une grande bataille défensive avec pour objectif d’empêcher la réduction du saillant tout en épuisant la Wehrmacht. Ils ont beaucoup appris des terribles défaites et combats des années 1941-1942. La victoire de Stalingrad les a grisés, mais la contre-offensive de Kharkov a rappelé que l’Armée allemande restée redoutable, et tactiquement au sommet de son art.

 

Engageant ses 20 meilleures divisions blindées, ainsi qu’une infanterie plus jeune car trop rapidement reconstituée après les saignées des hivers 1941 et 1942, déployant pour la première fois des matériels blindés supérieurs à tout ce que les Soviétiques pouvaient aligner (chars Tigre, Panther, chasseurs de chars Ferdinand) – quoique encore insuffisamment testés -, la Wehrmacht se lance dans la bataille de Koursk le 5 juillet 1943. Un double mouvement en tenaille, l’un au nord dans le secteur d’Orel (MODEL), le deuxième au sud dans le secteur de Bielgorod (MANSTEIN), tente de couper le saillant à sa base. S’attendant à cette attaque, l’Armée soviétique compense son infériorité tactique et technique par une supériorité numérique (1 900 000 hommes contre 900 000 côté allemand), et de gigantesques travaux défensifs dans la profondeur. Des espaces  immenses sont infestés de centaines de milliers de mines, 5000 km de tranchées sont creusées, des milliers de position antichar très bien camouflées sont échelonnées sur des dizaines de kilomètres. Tout est fait pour ralentir la progression de l’infanterie ennemie au prix le plus fort, et détruire les blindés allemands à bout portant.

 

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Assaut soviétique. Des chars T34 avancent sous un bombardement d'artillerie. L'infanterie d'accompagnement est débarquée ce qui suppose que le contact direct avec l'ennemi n'est pas bien loin. Elle n'est pas du tout protégée


C’est dans la partie sud du saillant, où sont concentrées les meilleures unités mécanisées allemandes (2e Panzerkorps SS) qu’a lieu, les 12 et 13 juillet, un affrontement considéré comme l’une des plus grandes batailles de chars de l’Histoire. Des centaines d’engins blindés se canonnent dans une rencontre frontale et directe autour du noeud ferroviaire constitué par la petite ville de Prokhorovka. Bataille dans la bataille entre le 2e Panzerkorps SS et la 5e Armée de la Garde, le choc de Prokhorovka, pour impressionnant qu’il eut été, a été cependant beaucoup exagéré dans les chiffres des forces en présence ainsi que les pertes. La bataille est une victoire tactique allemande. Les SS sont restés maîtres du terrain, et ont démontré leur grande maîtrise du combat blindé au cours d’une mêlée où l’on estime à 270 les pertes en chars des Soviétiques contre 40 pour les Allemands. Soit un rapport de 6/7 contre 1 pour les équipages SS. Prokhorovka fut, donc, un véritable carnage pour les T-34 du Général Pavel ROTMISTROV. Elle reste, cependant, un succès tactique sans lendemain. Alors que pour MANSTEIN on est arrivé au point critique de la bataille – où selon lui les Soviétiques sont sur le point de lâcher -, voilà que HITLER, inquiété par le récent débarquement allié en Sicile, ordonne l’arrêt de l’opération Citadelle.

 

Considérée comme l’une des plus grandes batailles de matériels sur le Front Est, la bataille de Koursk, sur son tempo allemand, ne dure finalement qu’une douzaine de jours. Jours au bout desquels l’offensive s’essoufle, se voit retirer des moyens blindés importants et, in fine, s’enlise dans une bataille désormais défensive car, au même moment, l’Armée rouge déclenche deux puissantes offensives: l’une au nord du saillant, qui vise directement Orel (opération Koutousov), et l’autre au sud qui vise Bielgorod et Kharkov (opération Rumiantsev). Au nord l’offensive de MODEL qui avait été rapidement ralentie dès le début de l’opération Citadelle, n’est plus à l’ordre du jour. Menacé sur ses arrières, l’armée de MODEL doit revenir sur ses bases de départ, et un nouveau saillant se forme autour d’Orel où, cette fois, ce sont les Allemands qui sont sur la défensive. Maître en combat défensif, MODEL fait chèrement payer aux Soviétiques l’évacuation du saillant d’Orel, ces derniers perdant un demi million d’hommes dans ce secteur depuis le 5 juillet. Orel est cependant perdue et la Werhmacht est repoussée derrière la ligne Hagen (1) à la mi-août.

 

Au sud de ce qui fut le saillant de Koursk, JOUKOV attaque MANSTEIN à partir du 3 août. C’est l’opération Rumiantsev. Offensive principale - l’opération Koutousov ayant eu pour but de dégarnir le dispositif allemand au sud -, elle frappe un Groupe d’Armées Sud affaibli par le prélèvement d’unités majeures. Les combats sont acharnés et les pertes élevées de part et d’autre. Cependant, les Allemands sont épuisés par six semaines d'une bataille ininterrompue et particulièrement violente. Le seuil d’attrition des unités blindées et d’infanterie est atteint, obligeant MANSTEIN à se replier pendant qu’il est encore temps sur le Dniepr. Le 23 août 1943, l’Armée rouge reprend Kharkov, cette fois définitivement. Pour les Soviétiques, cette reprise marque la fin de la vraie bataille, alors que pour les Allemands cette dernière s’était achevée le 13 juillet avec l’ordre d’arrêt de l’opération Citadelle. Alors que le commandement allemand avait focalisé sur le saillant de Koursk, le commandement soviétique avait intégré l'affrontement dans celui-ci dans une manoeuvre stratégique beaucoup plus vaste et ambitieuse. L’Armée rouge a perdu plus de 860 000 hommes dans la confrontation, la Wehrmacht plus de 250 000. Les pertes humaines et matérielles allemandes sont cependant irremplaçables contrairement aux Soviétiques qui disposent de réserves bien plus importantes. Défaite tactique (puisque l’objectif de réduction du saillant n’a pas été atteint) sans être décisive (l'ampleur des pertes soviétiques interdisant de le dire), la bataille de Koursk enlève, cependant et désormais, toute possibilité d'initiative stratégique à HITLER sur le Front de l’Est.

 

(1) Une ligne défensive située à l’est de Briansk, qui ferme le saillant d’Orel.



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Chasseur de chars lourd, le Ferdinand fut engagé au combat pour la première fois durant la bataille de Koursk, au même titre que les Tigre I et les Panther. Armé d'un canon L/71 de 88 mm (plus long que celui du Tigre I), il était conçu pour engager blindés et infanterie ennemis à de longue distance. L'engin est ici représenté avec le camouflage d'été bi-ton utilisé à Koursk

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