4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 10:17

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Depuis l’Antiquité, la guerre a suscité des réflexions théoriques destinées à améliorer l’usage des armes et des armées, à donner la victoire dans les meilleures conditions, à définir ce que pouvait être celle-ci. Traités et précis recherchant des règles et des modèles dans les batailles du passé ont fini par donner naissance à la science stratégique et à fonder le genre de l’Histoire militaire. Celle-ci montre, par ailleurs, que très souvent les modèles, scenarii et attentes stratégiques longuement élaborés dans les écoles militaires, marquent un retard par rapport à la prochaine guerre qu’ils avaient cherchée à anticiper. Voire que le propre d’un conflit est justement de développer une situation de contournement de tout ce qui avait pu être imaginé durant le temps de paix précédent.

 

Par le passé comme par le présent, une bataille reste avant tout marquée par une situation d’extrême confusion dont peu d’acteurs parviennent à saisir clairement le déroulement. De nos jours, en dépit des technologies modernes – et peut-être même à cause d’elles -, la multiplication des acteurs autres que militaires dans et autour de la bataille augmente comme jamais elle ne l’a été la complexité de la guerre. Le fameux “brouillard de la guerre” du théoricien prussien Carl von CLAUSEWITZ (1780-1831) reste toujours d’actualité que ce soit en Afghanistan ou ailleurs.

 

Partant, les efforts en matière doctrinale et de prospective de nos armées n’ont, eux aussi, cessé de grandir. N’en déplaise à ceux qui ne voient en l’institution militaire qu’un outil brutal, mais pour servir notre Défense d’aujourd’hui cet outil n’a jamais été aussi complexe et aussi en recherche d’un point de vue intellectuel. Essentiellement concentrés sur le site de l’École militaire de Paris, des organismes sont ainsi chargés de réfléchir sur les menaces et les conflits présents et futurs dans un contexte où les leçons du passé doivent plus que jamais servir la fluidité des crises contemporaines au-delà de toute sclérose intellectuelle. Les débats passionnés, outre-Atlantique comme ici, sur le bien fondé de la doctrine de contre-insurrection (COIN ou counter-insurgency) à la lumière de la guerre en Afghanistan - et de la redécouverte des écrits de David GALULA (1919-1967) – illustrent cette difficulté pour nos armées de trouver un point d’équilibre en matière doctrinale. Détecter les phénomènes de rupture tout en continuant à distinguer les permanences, orienter l’effort de Défense sur le long terme au travers d’une pensée doctrinale de haut niveau, capable de se renouveler, tels sont les objectifs de structures comme l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM), du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS), de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), etc. Ces institutions, dont certaines sont en relation étroite avec le monde universitaire, constituent les “têtes chercheuses” ou “rayonnantes” (1) en matière de doctrine et de conceptualisation.

 

Parmi ces “têtes chercheuses”, il est à remarquer l’originalité du Centre Interarmées de Concepts, Doctrines et Expérimentations (CICDE), de création récente (avril 2005), dont la mission est d’explorer de futurs éléments de doctrine, d’élaborer des concepts, d’en suivre l’expérimentation et de donner des recommandations capacitaires en vue d’une application opérationnelle rapide. Dirigé par le Général Vincent LAFONTAINE, le CICDE a été lui-même conçu pour faire face aux besoins d’une armée en pleine transformation doctrinale du fait de la fin de la Guerre froide, d’une interarmisation grandissante et de la numérisation de l’espace de bataille. Avec une grande autonomie de réflexion, se nourrissant sur un très large spectre d’informations aussi bien militaires que civiles, le CICDE fonctionne de manière collaborative sur des sujets aussi complexes qu’adapter les concepts doctrinaux français à ceux de l’OTAN, contribuer à l’architecture doctrinale de la Défense européenne, assurer la cohérence opérationnelle des forces… Organisant des colloques, le CICDE met en ligne certains de ses travaux sur son site. Si quelques uns peuvent paraître arides du fait d’une approche technico-conceptuelle poussée, d’autres sont en revanche parfaitement utilisables pour des enseignants désireux de comprendre le dynamisme doctrinal animant nos forces armées d’aujourd’hui.

 

(1) L’IHEDN, partenaire des trinômes académiques, constituent moins une structure de recherche – au sens “think tank” -, qu’une institution chargée de former des relais d’opinion tournés vers la société civile à des niveaux divers. Au cours de sessions régionales et nationales, les auditeurs participent cependant à des travaux de réflexion sur des sujets d’actualité, qui peuvent produire d’intéressantes conclusions en matière de prospective.

 

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commentaires

P
<br /> c'est dommage que même le CICDE soit un rassemblement de retraités, appartenant au passé mais qui jouent de leur relations pour se faire offrir voyage et solde hors de tout impot; CE n'est pas en<br /> fonctionnat comme cela que notre reflexion avancera.<br />
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