4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 19:46

Midway

  "First hit at Midway" par Paul RENDEL

 

1942-2012. Il y a 70 ans la Deuxième Guerre mondiale entrait dans sa troisième année. Le conflit est désormais planétaire. On se bat sur presque tous les continents: en Europe, en Afrique, en Asie, en Océanie. Mers et océans deviennent de véritables champs de bataille qui s’étendent “au-delà de l’horizon” avec le développement sans précédent du combat aéronaval. Après une période de brutales conquêtes, les puissances de l’Axe se heurtent à un raidissement allié sur tous les fronts. 1942 est une année en suspens où de grandes batailles terrestres et aérovanales sont livrées. Le monde retient son souffle: l’Axe est-il sur le point de l’emporter ou assiste t-on au début du redressement allié?

 

 

Le 4 juin 1942 débutait la bataille aéronavale de Midway, un mois après celle de la bataille de  la Mer de Corail. Elle s’acheva le lendemain par une très nette victoire américaine, qui porta un coup d’arrêt décisif à l’expansion japonaise dans le Pacifique, six mois seulement après l’attaque de Pearl Harbor. Nonobstant sa brièveté, Midway constitua donc une bataille majeure de la Deuxième Guerre mondiale.

 

Midway est un atoll américain qui se trouve dans le prolongement Nord-Ouest de l’archipel des Hawaii, non loin de la ligne de changement de date (180e méridien). Stratégiquement, l’île et son aérodrome militaire tiennent le rôle d’avant-poste américain dans le Pacifique central. Pour les Japonais, s’emparer de Midway en y débarquant 5000 hommes était un moyen de renforcer leur ligne de défense orientale, tout en rendant très rapidement possible une offensive sur l’ensemble des Hawaii. Si ces dernières tombaient, c’était le territoire américain – plus particulièrement la côte Ouest – qui aurait été directement menacé. Par ailleurs, ce renforcement oriental était aussi dicté par l'humiliation récente qu'avait fait naître l'audacieux bombardement de Tokyo lors du raid Doolittle, le 18 mai 1942.

 

Une victoire à Midway et dans les îles Hawaii aurait eu d’importantes conséquences sur le cours de la guerre. En 1942, les États-Unis n’étaient pas encore remis du choc de Pearl Harbor, et l’US Navy n’était pas encore la puissance navale qu’elle devait être deux ans plus tard. Pour les Américains, il fallait gagner du temps dans le Pacifique, alors qu'au même moment ils concentraient la majeure partie de leurs moyens dans une autre direction océanique et continentale: l'Atlantique, l'Afrique et l'Europe. Au lendemain de l’agression de Pearl Harbor, Winston S. Churchill  avait réussi à faire valoir, auprès de Franklin D. Roosevelt, l’idée que le théâtre européen devait être le théâtre des opérations prioritaire (conférence d'Arcadia en décembre 1941 et janvier 1942). La libération de l’Europe prenait donc le pas sur la victoire contre le Japon, ce qui n’était pas chose facile à faire admettre aux Américains après ce qu’ils considéraient comme "the Day of infamy".

 

1942 devait donc être une année de temporisation pour l’US Navy qui manquait de bâtiments dans le Pacifique. Une victoire japonaise à Midway, en juin, aurait sensiblement contrarié la stratégie anglo-américaine, obligeant à un redéploiement des moyens navals de l’Atlantique dans le Pacifique, ce avec des conséquences sur le cours du conflit en Afrique et en Europe… Une année de temporisation d’autant plus nécessaire que début mai avait eu lieu une autre grande bataille aéronavale aux portes même de l’Australie: la bataille de la Mer de Corail. Au cours de cet engagement, qui ressembla à première vue à une victoire tactique japonaise, les Américains perdirent le porte-avions lourd USS Lexington CV-2, et le USS Yorktown CV-5 fut gravement endommagé, à un point tel que la Marine impériale japonaise crut l’avoir coulé.

 

En fait, le tonnage des navires coulés (en défaveur des Américains) comptait moins que la redistribution stratégique imposée aux deux adversaires par cet affrontement. Les Japonais venaient de subir une défaite stratégique: leur offensive sur l’Australie subissait un coup d’arrêt, et si un seul porte-avions léger japonais avait été coulé (le Shoho), deux autres furent mis hors de combat qui ne pourront pas participer à l’offensive sur Midway prévue le mois suivant. Le Shokaku avait été suffisamment endommagé pour ne pas pouvoir être réparé à temps, et le Zuikaku perdit tellement d'avions et de pilotes qu'il n'était plus opérationnel. De nombreux pilotes japonais avaient été perdus en Mer de Corail, et le potentiel offensif nippon était désormais sérieusement érodé. L’insuffisance du renseignement japonais vint aggraver le tableau quant à l’évaluation exacte du potentiel aéronaval américain. Ainsi, le porte-avions USS Yorktown - l’un des quatre porte-avions américains alors disponibles dans le Pacifique – avait été donné pour coulé. En fait, il fut, début mai, rapidement retiré du champ de bataille, et dérouté sur les îles Tonga afin d'y subir les premières réparations. Peu de temps avant la confrontation de la Mer de Corail, les Américains, aidés par les Britanniques et les Néerlandais, avaient réussi à percer le JN25 à savoir le code de cryptage de la Marine impériale. Alerté au dernier moment, mais de sources sûres, sur le prochain objectif des Japonais, l’Amiral Chester W. Nimitz pu anticiper son redéploiement en faisant appareiller le Yorktown, toujours avarié, pour Pearl Harbor. Le porte-avions américain parvint à la grande base des îles Hawaii le 27 mai, où il fut réparé en 3 jours et 3 nuits. Un véritable record! De nouveau opérationnel, il appareilla le 30 en direction des îles Midway.

 

Le fait était d’importance, car les Japonais pensaient avoir de bonnes chances d’en finir avec les porte-avions américains à Midway. Tablant sur le secret de l’opération et une aéronavale américaine affaiblie, ils ne se doutaient pas alors que la situation ne leur était plus aussi favorable. Non seulement la défense de l’atoll  de Midway fut considérablement renforcé, mais la spectaculaire réparation du Yorktown changeait la donne. Alors que la Marine japonaise s’attendait à affronter deux porte-avions regroupés au sein d’une même task force, c’étaient deux task forces qui se dirigeaient vers elle: la Task force 16 autour de l’USS Enterprise et l’USS Hornet (commandée par le Contre-amiral Raymond A. SPRUANCE), et la Task force 17 autour de l’USS Yorktown (commandée par le Contre-amiral Frank J. FLETCHER).

 

Qui plus est, le plan japonais dispersa d’emblée ses forces sur un espace considérable. Pas moins de quatre flottes de combat opérèrent de manière indépendante lors de la bataille pour Midway. Tout d’abord une force de diversion chargée d’aller frapper l’Alaska et les îles Aléoutiennes. L’objectif étant de distraire les forces américaines, et de dégarnir la défense de Midway. Cette première opération fut un échec du fait de la connaissance exacte des intentions japonaises par le commandement américain. Elle n’en mobilisa pas moins - et  inutilement - 2 porte-avions et 4 cuirassés. La force principale était celle de l’Amiral Chuichi Nagumo. Forte de 4 porte-avions – le Soryu, le Hiryu, l’Akagi et le Kaga -, elle constituait le fer de lance de l’offensive japonaise contre Midway. C’est elle qui soutint l’essentiel de l’affrontement, cherchant à détruire les défenses américaines autour et dans l’atoll. L’isolement de celui-ci devant permettre le débarquement d’une force d’invasion aux ordres du Contre-amiral Nobutake Kondo. Plus en arrière, une quatrième flotte, commandée par l’Amiral Isoroku Yamamoto, devait aider à la destruction de la flotte américaine en cas de confrontation navale générale, notamment avec ses 3 cuirassés dont le plus grand du monde: le Yamato.

 

La première rencontre eut lieu le 3 juin, lorsque les Américains, ayant repéré la force de débarquement japonaise, l’attaquèrent. Ce fut un échec, mais ils montrèrent aux Japonais que l’effet de surprise était désormais nul. La véritable bataille ne commença que le lendemain lorsque de part et d’autre les porte-avions lâchèrent leurs groupes aériens contre leurs objectifs. Pour les Japonais, il fallait repérer les porte-avions américains et les couler tout en détruisant les défenses de Midway. Pour les Américains, il fallait trouver les porte-avions japonais et les couler afin de desserrer l’étau autour de l’atoll. Dans la matinée du 4 juin, une première vague d’assaut japonaise dévaste l’atoll, mais les appareils américains ont eu le temps de décoller, les uns pour défendre l’île, d’autres pour attaquer la flotte japonaise. Durant ce premier et unique assaut sur Midway, les appareils de reconnaissance japonais et américains cherchent à localiser les porte-avions adverses. Si les Américains marquent le premier point en repérant rapidement le groupe aéronaval japonais, leurs premières attaques sont catastrophiques. Plusieurs escadrilles sont anéanties avant même de pouvoir approcher les porte-avions japonais. Inexpérimentés pour beaucoup – notamment ceux des groupes aériens de l’USS Hornet -, équipés d’appareils lents et obsolètes face aux terribles Mitsubishi Zero, les pilotes américains vont d’emblée essuyer des pertes terribles, n’ayant que leur courage à opposer.

 

Mais leur sacrifice n’est pas inutile. Il épuise et fait perdre un temps précieux à la chasse japonaise, dont les appareils à court de carburant doivent apponter pour se ravitailler au moment où ceux de la première vague d’assaut contre Midway de retour de leur raid doivent eux aussi apponter et se ravitailler. C’est l’instant crucial de la bataille, où le système tactique japonais est à son point de tension maximum: les 4 porte-avions ayant lancé simultanément l’assaut contre Midway - tout en parant les premières contre-attaques aériennes américaines -, leurs groupes aériens doivent ravitailler au même moment laissant la flotte sans protection pendant de longues minutes. C’est précisément à ce moment qu’une nouvelle escadrille américaine de bombardiers en piqué surgit et attaque les porte-avions japonais dont les ponts sont encombrés d’avions prêts à redécoller. Le 4 juin 1942 à 10.25 du matin, l’Akagi, le Kaga et le Soryu sont touchés à mort. En moins de 5 minutes, les pilotes américains ont renversé le cours de la bataille, détruisant 3 des 4 porte-avions de l’Amiral Nagumo. Le choc est terrible pour les marins japonais. Les incendies qui ravagent les 3 bâtiments sont visibles à des kilomètres à la ronde par toute la flotte. Le quatrième et dernier porte-avions japonais, le Hiryu, tente alors désespérément de faire la différence en lançant deux vagues de bombardiers et de torpilleurs contre le USS Yorktown repéré peu de temps auparavant. Le porte-avions américain est de nouveau atteint par 3 bombes aux alentours de midi, et 2 nouvelles torpilles le frappent encore vers 15.00, mais il flotte toujours, et commence à se replier.

 

À 17.00, alors que le Hiryu s’apprête à lancer une troisième vague pour achever le Yorktown, il est  à son tour repéré et attaqué par des bombardiers américains qui ne lui laissent aucune chance. En flamme et désemparé, le dernier porte-avions de l'Amiral Nagumo devait couler le lendemain. En une journée, le groupe aéronaval japonais a été anéanti. Après ces terribles pertes pour la Marine impériale, la bataille se prolongea encore durant quelques heures. Le sous-marin japonais I-168 repéra le USS Yorktown gravement endommagé, et le coula ainsi qu’un destroyer d’escorte, le USS Hammann. Ce fut la fin pour ce vétéran de la bataille de la Mer de Corail. Côté japonais, deux croiseurs lourds du Contre-amiral Kondo, victimes d’une collision et ralentis, furent également attaqués par les Américains. Le Mikuma fut coulé et le Mogami très gravement endommagé.

 

Dès lors, ce qui entra dorénavant dans l’Histoire comme la bataille de Midway prenait fin. Les Américains se retirèrent rapidement du champ de bataille, refusant à l’Amiral Yamamoto l’occasion de poursuivre la lutte avec ses cuirassés et leurs terribles canons. Le score était, cependant, sans appel contrairement à la précédente bataille qui s’était déroulée aux portes de l’Australie en Mer de Corail. Pour 1 porte-avions perdu, l’US Navy en avait cette fois coulé 4. Mais le pire pour les Japonais résidait dorénavant dans l’immense difficulté de leur industrie à les remplacer au moment même où le Victory program commençait à produire ses premiers effets et que le temps jouait désormais en faveur des Américains.

 

En souvenir de cette grande bataille qui marque la fin de l'expansion japonaise dans le Pacifique, l'US Navy donna le nom de "Midway" à l'un de ses porte-avions. Le USS Midway CV 41, retiré du service actif en 1992, mouille actuellement dans la grande rade militaire de San Diego, face à la presqu'île de Coronado, où il a été transformé en musée flottant. Dans le pont inférieur sont exposés quelques uns des appareils de l'aéronavale américaine de la Deuxième Guerre mondiale. Sur le quai où se trouve amarré le bâtiment, un buste du vainqueur de la bataille de Midway, l'Amiral Raymond A. SPRUANCE a été érigé ainsi que deux autres monuments, l'un à la gloire des porte-avions de l'US Navy et l'autre dédié aux hommes et femmes de l'US Navy ayant servi dans le Pacifique de 1941 à 1945.

 

Camille, élève de la classe de 2nde 6, nous raconte la bataille de Midway.

 

Grumman F4F Wildcat

SBD Dauntless

A6M ZeroLes avions de la bataille de Midway

 

**********

 

3 Juin 1942: La bataille du Midway

 

Depuis le choc de Pearl Harbor le 7 décembre 194, les Américains veulent reprendre l’initiative dans tout le Pacifique. La flotte américaine est dirigée par l’Amiral Nimitz et envoi des raids sur Tokyo. De l’autre côté, Yamoto, l’amiral de la flotte japonaise connait les intentions de Nimitz et envoi quatre porte-avions qui sont l’Akagi, le Kaga, le Soryu, l’Hiryu  et deux cuirassés, le Mogami et le Mikuma à Midway. Il envoie aussi une flotte pour faire division, dans la base de Dutch Harbor. C’est ainsi que commence la bataille du Midway. La flotte américaine est composée de deux porte-avions, qui sont le Hercet et l’Enterprise ainsi qu’un troisième qui les rejoindra. Il s’agit du porte-avions Yorktown, endommagé lors de la bataille de corail.

 

Le 3 juin 1942, la flotte japonaise est repérée et les porte-avions Akagi et Soryu sont endommagés. Le Kaga est coulé et l’Akagi et Soryu sont encore touchés. Il ne resste plus que le porte-avions Hiryu, toujours intact, qu envoie des bombardiers sur la flotte américaine et qui arrive à toucher Yorktown le 6 juin 1942. Le porte-avions Hiryu est coulé peu de temps après tandis que la base du Midway est endommagée. C’est donc une victoire écrasante de la flotte américaine. 

 

Cette bataille aura menée, quelques années plus tard, en 1976, à un film appelé « Midway », réalisé par Jack SMIGHT.

 

Camille

 

 

4-juin-2012.jpg

   Les marins du porte-avions nucléaire USS Enterprise CVN-65 rendent hommage aux aviateurs et marins américains tués lors de la bataille de Midway, en mer d'Arabie le lundi 4 juin 2012. L'un des trois porte-avions américains présents lors de cet affrontement était le USS Enterprise CV-6 dit "Big E"


 

COMMÉMORATION 1942

 

Marjorie - Le Victory program (6 janvier 1942)

Ufkun - La fin de la conférence d'Arcadia (14 janvier 1942)

Nassima - La conférence de Wannsee (20 janvier 1942)

Iman - La chute de Singapour (15 février 1942)

William - L'opération Chariot (27 mars 1942)

Wissame - Le raid DOOLITTLE (18 avril 1942)

Émilie - La bataille de la Mer de Corail (4 mai 1942)

 

Tigre---Message-2.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires

Armée-Nation

  • : Défense et Démocratie
  • : Participer à la défense de la Démocratie et de ses valeurs en promouvant l'Éducation à l'Esprit de Défense au sein de l'École
  • Contact

ISAF - FINUL - Serval


Recherche

Archives