4 décembre 2009
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Il est des attitudes qui révoltent jusqu’au plus profond de nous-même, et des paroles toujours surprenantes tant on ne pouvait les imaginer de personnes censées donner une façon d’exemplarité. Des attitudes et des paroles qui font qu’un enseignement peut se transformer en une véritable CAUSE. Tel est le cas de notre mission - l’éducation à l’Esprit de Défense – revue à la lumière d’un fait qui s’est produit le lundi 16 octobre dernier.
Ce jour-là, se tenait à Vannes (Morbihan) un conseil municipal au cours duquel une minute de silence fut demandée en hommage aux combattants du 3e RIMa tombés cette année en Afghanistan (1). À cette occasion, les élus de gauche comme de droite se levèrent à l’exception de Madame Nadia MOREL. Élue de l’opposition, inscrite sur la liste Vannes-Projet-Citoyens (VPC), Nadia MOREL, âgée de 37 ans, est également Professeur des écoles et mère de trois enfants. Refusant de se lever lors de cette minute de silence, elle a, depuis, justifiée sa position dans la presse locale, affirmant: “Je ne me suis pas levée effectivement. Je suis antimilitariste et pacifiste. Je respecte le métier de soldat, mais pas le combat meurtrier sur un sol qui n'est pas le nôtre.” (2)
Dans le journal Le Télégramme, elle ajoute également: “À titre privé, j'ai de la peine pour les familles des victimes. C'est une chose terrible que la mort de ces soldats. D'un autre côté, c'est un métier qu'ils ont choisi. Je suis personnellement pacifiste. Je respecte le fait que des gens puissent avoir une attitude différente de la mienne. Mais je n'adhère pas à la minute de silence qui s'est déroulée lors du conseil municipal. Tous les jours, il y a des gens qui meurent à Vannes. On ne fait pas de minute de silence pour autant.” (3)
Cette attitude est consternante à plus d’un titre. Alors que nous écrivions récemment sur la vigueur du lien Armée-Nation aux États-Unis, voilà que cette affaire - qui commence à prendre une dimension nationale au même titre que le dépôt de plainte des familles des soldats tués à Sper Kunday – illustre on ne peut mieux la faiblesse de ce lien dans notre pays, partant l’urgente nécessité de le reconstruire. Un pays où une élue confond l’engagement militaire, voulu par le Chef de l’État en Afghanistan, avec le devoir de solidarité de la Nation envers ses fils envoyés au combat. Quand bien même se dit-elle pacifiste, Nadia MOREL comprend-elle vraiment ce qui se passe en Afghanistan où nos soldats sont justement envoyés pour pacifier non seulement un pays mais une région du monde de grande instabilité?
Point de guerre d’expansion ni de guerre coloniale pour les plus puissantes armées d’Occident qui mettent leurs moyens au service de la paix et de la construction de la Démocratie. D'aucuns en souriraient quant à ce dernier point, certes, mais cela est un autre débat. Toujours est-il que le phénomène est suffisamment inédit et récent dans l'histoire du monde pour être affirmé et souligné une fois de plus, à savoir que des soldats occidentaux se battent et meurent au nom d’un droit international dont on se demande comment Madame MOREL l’enseigne auprès de ses élèves.
Car c'est ici que l’affaire se révèle la plus désespérante, à savoir que l'élue en question est aussi Professeur des écoles, c’est-à-dire enseignante dans le cycle primaire. D’emblée et d’enseignant à enseignant, je ne peux m’empêcher de lui poser la question de savoir quelle histoire peut-elle bien enseigner à son très jeune public? Son pacifisme la conduit ainsi à désapprouver “le combat meurtrier sur un sol qui n’est pas le nôtre”, mais dans ce cas comment étudier l'histoire de notre pays durant les deux guerres mondiales? Que dit-elle au sujet des milliers de soldats américains, canadiens et britanniques – pour ne citer que ceux-là – venus mourir en France pour prix de sa liberté d'aujourd'hui dans des combats autrement plus meurtriers que les embuscades afghanes? Mais peut-être n'en parle t-elle pas.
Comment cette enseignante, qui opère une confusion intellectuelle entre ce qui relève du fait divers (4), et ce qui touche à une situation de conflit à l’échelle internationale, peut-elle enseigner ou préparer à l'enseignement de l’Histoire, du Droit, du Civisme, de la mondialisation, tels que les programmes scolaires le demandent? Si le territoire national n’est plus menacé comme il a pu l’être en 1870, en 1914 et en 1940, il peut encore l’être de nos jours mais d’autres manières. La Défense reste la Défense, mais les champs de batailles se sont déplacés, voire ont changé de nature, et les menaces ont muté. Or, les déclarations de l’élue VPC de Vannes offensent le métier d’enseignant par l’incapacité profonde qu’elles révèlent à comprendre le monde et les conflits d’aujourd’hui.
Si un enseignement peut venir en appui d'une cause (du fait de la grande liberté pédagogique des professeurs), il reste avant tout un enseignement avec un cadre et des objectifs clairement fixés par la loi républicaine. Ainsi en est-il de l’enseignement de la Défense, de l’éducation à l’Esprit de Défense, de la sensibilisation de notre jeunesse aux problèmes de Défense en France comme en Europe, telle que la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 les fonde de manière OBLIGATOIRE. Cette loi, étayée par plusieurs protocoles d’accord entre les Ministères de la Défense, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, insiste particulièrement sur l’importance du cycle primaire où les symboles nationaux doivent être appris par les élèves. Or, nous sommes en droit, devant les arguments que nous présente Madame MOREL, de nous interroger sur son attitude face à des parties du programme scolaire qui iraient à l’encontre de ses convictions (“pacifisme”, “antimilitarisme”...).
Nadia MOREL n'est pas représentative d'un monde enseignant qui, aujourd’hui et fort heureusement, ne confond plus ses salles de classe avec la section ou la cellule d’un parti politique. Elle n’en reste pas moins le reflet de cette minorité de pédagogues pervertis qui - n’aidant pas nos enfants à comprendre l’actualité, alors que cela est justement leur métier - inflige un mal incommensurable aux hommes et aux femmes qui défendent notre pays.
La vie locale à Vannes n’est pas celle que l’on peut connaître à Kaboul. La France n’est pas l’Afghanistan au même titre qu’un État de droit apaisé ne peut être comparé à un pays où règne l’anarchie tribale. Un fait divers, si désolant soit-il ici dans notre pays, n’a rien à voir avec ce qui s’est passé à Sper Kunday le 18 août 2008. Un accidenté de la route n’est pas un héros, comme les soldats du 3e RIMa tués en Afghanistan ne sont pas des victimes mais de véritables HÉROS. Cette somme atterrante de confusions de la part d’un professeur, réduit sa "peine” proclamée à l’endroit des “familles des victimes” à une pure pétition de principe si ce n'est une rhétorique hypocrite.
Une comparaison ne vaut que par la qualité et la pertinence des éléments qu’elle met en relation. Nadia MOREL ne compare rien car elle ne comprend rien. L'hommage lui est inutile car elle ne peut saisir ni le sens ni la valeur du sacrifice. Pire, en tant qu’élue et Professeur des écoles, elle est une HONTE pour notre pays et l’Éducation nationale (5).
(1) Vannes, dans le Morbihan, est la ville garnison du 3e RIMa. Les militaires tués sont: le Sergent-chef Johan HIVIN-GÉRARD, le Caporal-chef Thomas ROUSSELLE, le Caporal Johan NAGUIN, le Caporal Antony BODIN et le 1ère classe Kevin LEMOINE.
(2) “L’élue Nadia Morel, cible des anciens combattants”, Ouest-France du jeudi 29 octobre 2009.
(3) “Minute de silence. L’attitude de Nadia Morel critiquée”, Le Télégramme du jeudi 29 octobre 2009.
(4) Ibid. “Tous les jours, il y a des gens qui meurent à Vannes. On ne fait pas de minute de silence pour autant.”
(5) Une pétition est actuellement en ligne dont l'auteur - L'Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO) - demande à Nadia MOREL "des excuses ou la démission".