24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 06:22

Le missilier MBDA travaille en ce moment sur un nouveau concept de missile multirôle hypersonique, emportant plusieurs charges autonomes et re-localisables. Ce missile - destiné à frapper des cibles aussi bien terrestres que navales, situées dans un environnement géostratégique complexe - est le CVS 401 Perseus. Dans une période où la présentation de nouveaux matériels aéronautiques et militaires bat son plein (1), l'entreprise d'armements nous présente à travers une vidéo - qui ne va pas sans nous rappeler celle qui nous présentait l’année dernière le système russe Club-K - à quoi ressemblerait ce missile d’un futur proche (2) et comment il serait employé. Il est d’ailleurs intéressant de voir apparaître dans ce document-fiction plusieurs lanceurs Club-K, ces derniers étant décrits comme l’une des menaces que le Perseus devrait permettre de traiter.

 

Missile lourd (800 kg), étudié pour remplacer l’actuelle gamme des Harpoon, Exocet et autres Otomat, le Perseus serait tiré aussi bien d’une cellule de lancement vertical d’une frégate, d’un destroyer ou d’un croiseur, que d’un tube lance-torpilles d’un sous-marin (ce qui suppose une capacité de changement de milieu). Propulsé à Mach 3 dans un rayon d’action qui en ferait davantage une arme tactique que stratégique, le Perseus disposerait d’un système d’identification des cibles de très haute résolution. En fait, tout serait pensé dans le sens de la plus grande précision avec la marge d’erreur la plus faible possible. Le missile pourrait aussi bien être guidé du bâtiment militaire que par un opérateur au sol. Il recevrait durant son vol des informations en permanence, qui lui permettraient de se recaler à n’importe quel moment sur un objectif mobile, voire d’en changer au moment critique.

 

 

Projections conceptuelles intéressantes, le Perseus pourrait 1- percer une bulle aéronavale de protection en venant frapper pile à la verticale d’un bâtiment, là où les radars opèrent le moins 2- frapper d’un seul coup ou détacher au dernier moment deux charges militaires intégrées dans le missile principal et permettant une triple frappe dispersée (dans trois parties différentes d’un bâtiment de guerre par exemple) 3- exercer cette triple frappe sur une cible terrestre qui, au dernier moment, se révèlerait non pas une mais multiple. Chacune des charges offrirait jusqu’au dernier moment la possibilité d’être guidée sur un objectif précis.

 

(1) Cf. Le 49e salon du Bourget qui se tient actuellement du 20 au 26 juin 2011.

(2) Les études actuelles travaillent sur une vingtaine d’années soit une mise au point aux alentours de 2035.

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 19:13

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Le missile antichar FGM 148 Javelin

 

Du fait de leur forte capacité de pénétration, les systèmes d’armes antichars connaissent un réemploi important au sein de la guerre contre-insurrectionnelle. Quand bien même l’ennemi serait-il dépourvu de moyens blindés, ces armes peuvent être utilisées avec efficacité contre des abris fortifiés, des bunkers, des maisons, des grottes servant de refuges... Véritable succès technique et commercial, le Missile d’Infanterie Léger Antichar (MILAN) franco-allemand est ainsi utilisé depuis plusieurs années en Afghanistan. Cependant - et hormis son âge et son poids (1) -, le MILAN souffre d’un handicap: il est filoguidé. Le filoguidage est un système de navigation du missile par un fil qui se dévide  dès la sortie du tube. C'est par ce fil que sont transmises les corrections de trajectoire durant le tir. Ce système de tir suppose que le servant ajuste, avec constance et pendant de longues secondes, la cible dans sa lunette jusqu'à l'impact. Partant, il est particulièrement exposé surtout s’il a été repéré au départ du coup.

 

C’est notamment pour cette raison que l’Armée de Terre a commencé, ces dernières années, à rechercher un système d’armes complémentaire au MILAN, et qui ne présentait pas l’inconvénient du filoguidage. Cette spécificité a, d’emblée, éliminé la dernière version du MILAN (2) ainsi que le missile franco-canadien Éryx (également filoguidé) au profit de concurrents non européens. Dans un premier temps, le choix a semblé privilégier le système antichar israélien Spike de la firme Rafael, mais c’est finalement le Javelin américain de Raytheon et Lockheed Martin qui l’a emporté (3).

 

Royal Marines à l'entraînement mettant en oeuvre des missiles FGM 148 Javelin

 

Comme le Spike, le FGM 148 Javelin est un système antichar dont la munition autodirectrice est aussi dite “fire and forget”. C’est-à-dire que le tireur illumine la cible avec un laser, et la verrouille avant de procéder à la mise à feu. Une fois celle-ci déclenchée, plus besoin de se préoccuper de la navigation du missile qui a “mémorisé” la cible jusqu’à l’impact. Conçu dans les années 1980 en remplacement du M 47 Dragon, le Javelin a depuis été déployé avec succès au sein de l’US Army. Contrairement à la grande majorité des armes antichars de type lance-roquettes ou lance-missiles, il peut être tiré d’un espace restreint et confiné (une pièce par exemple) sans qu’il y ait à craindre un fort dégagement de chaleur à l’arrière du tube. Une première charge propulsive éjecte discrètement le missile de son lanceur (4), qui grimpe ensuite à 150 mètres de haut pour retomber sur sa cible. Le Javelin, qui peut également être tiré en trajectoire tendue, a ainsi la particularité de pouvoir frapper par le haut suivant une trajectoire en cloche. Cette capacité en fait une arme idéale pour toucher une cible repérée mais masquée derrière un mouvement de terrain, ou s'étant réfugiée derrière un obstacle quelconque. Par ailleurs, lorsque la cible en question est un engin blindé, toucher par le toit correspond à frapper là où le blindage est le plus vulnérable.

 

En Irak, le Javelin fait la preuve de ses terribles capacités antichars. Armé d’une charge militaire en tandem, il fait d’abord exploser les blindages réactifs et additionnels des véhicules de combat, avant de perforer avec une seconde charge le blindage principal. Ayant été initialement conçu et testé sur la protection composite du M1 Abrams, il perce tous les blindages existants actuellement. Le FGM 148 Javelin, qui peut aussi engager en tir direct des hélicoptères, est donc une arme redoutable. Tout en abritant son tireur, il frappe à 2500 mètres là où l’Eryx – aussi discret au départ du coup mais avec le problème du filoguidage en plus - ne frappe qu’à 600 mètres. Quant au Spike israélien, de maniement simple et de type “fire and forget” également, il est plus lourd pour un encombrement similaire, ce qui a son importance pour nos soldats déjà bien chargés en Afghanistan (5).

 

C’est d’ailleurs dans les vallées de Kapisa, ce mois-ci, que nos forces armées déploient le Javelin pour la première fois. Entraînés à Canjuers sur ce nouveau système d’armes depuis le mois de mars, le 152e Régiment d’Infanterie et le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes sont les premières unités  françaises à utiliser le Javelin en Afghanistan de manière pleinement opérationnelle, et dans un contexte tactique autre qu'antichar.

 

(1) Le MILAN a été conçu dans les années 1960, et a été déployé dans l’Armée française à partir de 1973. Le poste de tir et sa munition pèsent environ 28 kg.

(2) Le MILAN ER, ou Extended Response, est fabriqué par le missilier européen MBDA. Il a une portée de 3000 mètres et une capacité de destruction plus importante que les munitions MILAN précédentes.

(3) 76 postes de tir et 260 munitions ont été commandés.

(4) Une éjection à une distance de sécurité d’à peu près 10 mètres de l’emplacement du tir.

(5) Le système Javelin pèse 22 kg.

 

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Tir d'entraînement d'un Javelin à Canjuers. On remarquera la grande discrétion du dégagement de chaleur à l'arrière du tube, alors que le missile vient à peine d'être tiré. Détonation importante, forte secousse et dégagement à la fois d'une flamme et d'un retour de poudre sont les caractéristiques habituelles des armes antichars d'infanterie. Le Javelin efface une grande partie de ces effets augmentant ainsi la protection des servants et leur confort de tir

 

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 18:44

Gurkha rifles

 

Alors que nous relations récemment l'héroïsme d'un sous-officier gurkha en Afghanistan, le Sergent Dipprasad PUN, le journal Le Figaro vient de publier un article sur le recrutement et l'histoire de ces combattants d'élite.

 

 

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 09:30

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Si la résolution 1973 votée par les Nations-Unies a permis une intervention militaire qui a sauvé in extremis la rébellion anti-kadhafiste, elle montre aussi toute la complexité d’une gestion de crise à notre époque. Une gestion de crise qui semble poser plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions au-delà d’une équation en apparence simple: renversement du “Guide” = ouverture démocratique. Une équation qui pourrait cependant devenir rapidement simpliste si elle occultait la difficulté actuelle des gouvernements occidentaux à saisir les véritables contours de l’opposition au Colonel KADHAFI; sa nature profonde alors que la Libye est connue depuis longtemps comme étant une des bases d’Al Qaida au Maghreb (1).

 

En fait, rien n’est simple et les faits peuvent être analysés de manière paradoxale, que l’on suive le temps et les logiques des chanceleries, ceux des médias ou des cultures (2) que la crise fait s’affronter simultanément. De ces trois points de vue, rien n’est pareil, tout diffère, et le préjudice infligé à l’intelligence de la situation n’est pas à l’honneur de notre démocratie moderne. 24.00 à peine après son intervention, voilà que des voix s’élèvent pour critiquer la coalition et faire valoir soit le non respect de ladite résolution 1973, soit une interprétation contradictoire de cette dernière. Une semaine plus tard, des expressions comme “enlisement” ou “impasse stratégique” commencent à fleurir dans la presse et ailleurs… Si une coalition est effectivement à l’oeuvre en Libye - plus ou moins bien cimentée par la résolution onusienne votée le jeudi 17 mars 2011 -, on aurait cependant tort de n’y voir qu’une seule opération militaire. En fait, ce que les médias décrivent comme l’opération "Odyssey dawn", n’est qu’une opération parmi plusieurs autres dont les objectifs diffèrent sensiblement. D’où le flou quant à la vision et à la conduite stratégique de l’ensemble.

 

1- “Odyssey dawn” est l’opération militaire visant à instaurer une “No Fly Zone” (NFZ) – comprendre  une zone d'interdiction aérienne permettant le contrôle de l’espace aérien par la coalition - au-dessus de la Libye afin de protéger la population civile de toute attaque de l’aviation kadhafiste. Cette dernière est équipée d'un matériel d'origine essentiellement russe: chasseurs MIG 21 (code OTAN Fishbed), MIG 23 (code OTAN Flogger) et MIG 25 (code OTAN Foxbat), Sukhoï 17 (code OTAN Fitter) et Sukhoï 24 (code OTAN Fencer), et bombardiers TU-22 (code OTAN Backfire).  À cela ajoutons quelques chasseurs Mirage F1 de fabrication française, ce qui porte l'ensemble de l'aviation libyenne à un peu moins de 400 appareils. Ces derniers étant cependant surclassés par  les avions et la qualité des pilotes occidentaux, beaucoup d'entre eux n'étant plus en état de vol du fait de multiples problèmes de maintenance, "Odyssey dawn" est actuellement un succès tactique pour les forces de la coalition.

 

2- L’établissement de la NFZ supposant la destruction des moyens anti-aériens sol-air, et certaines populations civiles étant aussi directement menacées par les troupes du Colonel KADHAFI, la résolution 1973 a également prévu la protection de zones civiles par “tous les moyens nécessaires.” Dès le premier jour, les frappes aériennes se sont donc appliquées à des objectifs militaires au sol alors qu’il n’y avait aucun combat dans les airs. Confondue avec Odyssey dawn, cette opération de protection des populations et des zones civiles est appelée “Harmattan” pour la France et “Ellamy” pour la Grande-Bretagne, les deux principales puissances européennes intervenant directement. Pour l’instant, la protection des populations civiles fait l’unanimité, mais qu’en sera t-il si l’insurrection parvient à investir les fiefs kadhafistes déclenchant une répression en sens inverse sur les populations fidèles au “Guide suprême”?

 

3- Au large de la Libye a été déclenchée une troisième opération militaire destinée à imposer un embargo sur les armes à destination du Colonel KADHAFI. C’est l’opération “Unified protector”.

 

4- Une quatrième opération est organisée afin d’apporter un soutien humanitaire soit direct, soit indirect (en aidant les organisations internationales et ONG). Mise sur pied par l’Union européenne, elle a reçu pour nom “EUFOR Libya”.

 

5- “Hermes” est la cinquième opération destinée à contrôler les flux de migrants occasionnés par le conflit, et qui emprunteraient la voie maritime. Elle s’inscrit dans le dispositif européen FRONTEX dont la vocation est de renforcer la sécurité et la coopération opérationnelle aux frontières de l’UE.

 

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Augusta bay (Italie) le jeudi 24 mars 2011. Le Général américain Carter F. HAM commandant l'US AFRICOM, monte à bord de l'USS Mount Withney (LCC/JCC 20), le bâtiment de commandement américain en Méditerranée. Les frappes en Libye dépendant de son théâtre d'opérations, le Général HAM rencontre le Vice-amiral Harry B. HARRIS (ci-dessous au centre) afin de discuter de la planification des opérations. L'Amiral HARRIS commande la composante navale de l'opération "Odyssey dawn" et coordonne, en fait, les frappes aériennes comme navales dont plus de 50% sont assurées par les Américains au moins jusqu'au 31 mars

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Présentées ainsi les choses pourraient paraître encore simples, mais c’est qu’il ne faut pas oublier que pour chaque opération sont définis un cadre juridique, une autorité politique et un commandement militaire. Or, ce sont souvent les mêmes hommes avec les mêmes structures et les mêmes moyens – car ces derniers ne sont pas illimités loin de là -, qui sont à la manoeuvre d’une opération à une autre sur des objectifs différents… Ainsi, un même bâtiment de guerre pourra se trouver sur zone affecté à plusieurs missions différentes, et les chaînes de commandement mêlant à la fois les structures de commandement à la fois nationales, otaniennes et étatsuniennes s’entrecroiser. Lesdites structures renvoyant à des autorités politiques différentes, devant décider en temps réel d’une situation…

 

La France a, dans un premier temps, fait savoir sa volonté de tenir l'OTAN en deuxième rideau. La prédominance de l’Alliance atlantique, selon elle, donnerait à l’intervention libyenne une coloration trop nettement occidentale de nature à compromettre l’équilibre des relations avec le monde arabe, dont l’adhésion aux frappes aériennes est fondamentale. Un monde arabe prompt à basculer idéologiquement dans une perspective historique qui ramènerait les faits contemporains au colonialisme ou aux croisades.

 

Force, cependant, est de constater que les États-Unis ont souhaité dès le départ se désengager le plus rapidement de la crise libyenne. Dès cette semaine, les frappes aériennes et navales devraient commencer à décroître, pour laisser aux forces américaines un rôle de soutien plus affirmé (ravitaillement aérien et guerre électronique), au détriment d’un rôle de combat direct. Ce basculement n’empêcherait pas un retour offensif si la situation le réclamait, mais dans l’immédiat elle oblige l’opération "Odyssey dawn" à évoluer d’autant plus que c’étaient les Américains qui, jusqu’à présent, assuraient plus de 50% des frappes.

 

Ni la France ni la Grande-Bretagne, pourtant les deux pays européens les plus capables en la matière, ne sont en mesure de mettre sur pied un commandement de coalition aussi important, qui suppose l’unité d’action et le regroupement des efforts, la circulation des informations en temps réel de manière sécurisée afin d’éviter les accidents et les erreurs, un accès à un renseignement fiable... Bref, d’imposer une culture de travail commune. Les États-Unis se désengageant, seul l’OTAN peut offrir cette capacité de commandement intégré, à vrai dire unique au monde. Entériné dimanche 27 mars, le transfert du commandement de l’opération de l'US AFRICOM à l’OTAN est donc passé dans les faits ce jeudi 31. “Odyssey dawn” est devenue l’opération “Unified protector”, nom de code d’origine de l’embargo désormais étendu pour trois mois à l’ensemble des opérations militaires (NFZ, protection des populations civiles et embargo).

 

La France a réussi à imposer un groupe de contact dont la première réunion s’est tenue à Londres mardi dernier. Ce groupe de contact constituera l’autorité politique chargée du pilotage de l’opération militaire dans laquelle l’Alliance atlantique est en quelque sorte la cheville ouvrière. Quoi qu’il en soit et quel que soit le montage, la crise libyenne ne pourra mieux montrer la grande faiblesse, si ce n’est l’échec d’une Europe de la Défense. Incapable de parler d’une même voix, minée par une absence patente de volontarisme qu’illustrent entre autres les baisses drastiques des budgets militaires dans un monde qui réarme de manière accélérée (3), privée d’une capacité de commandement intégré comme de moyens logistiques à la hauteur de ses ambitions mondiales, l’Union européenne dépend encore très largement de l’OTAN – donc des États-Unis – pour sa Défense comme pour l’affirmation de ses valeurs.

 

Général Charles BOUCHARD

C'est un général d'aviation canadien, Charles BOUCHARD, qui prend désormais le commandement de l'opération "Unified protector" à la tête de l'Allied Joint Forces Command (AJFC). L'AJFC est le grand commandement interarmées de l'OTAN situé à Naples, mais les opérations aériennes sont coordonnées du Combined Air Operations Center n° 5 (CAOC-5) de Poggio Renatico non loin de Bologne. Jusqu'au jeudi 31 mars, c'était le CAOC de Ramstein (Allemagne) commandé par le Major général Margaret H. WOODWARD qui prenait en main les opérations en Libye

 

(1) Cf.  Combating Terrorisme Center at West Point, “Al-Qaida’s foreign fighters in Iraq. A first look at the Sinjar records”, Harmony project, 2008, 31 p. Le rapport Sinjar a été établi à partir de 700 documents recueillis en Irak en décembre 2007 par les Américains. Il a permis de déterminer le parcours de combattants étrangers se réclamant du djihad international (origines, motivations, filières…).

(2) Par culture nous entendons les différences d’approche – essentiellement liées à l’Histoire - entre les pays européens et les États-Unis, entre les pays européens eux-mêmes, mais aussi entre les pays occidentaux et le monde arabe.

(3) Les coupes budgétaires au sein de l’armée britannique illustrent de manière spectaculaire cette tendance inquiétante, où des soldats servant actuellement en Libye - voire en Afghanistan – seraient susceptibles d’être licenciés d’ici le mois de septembre. Le licenciement d’élèves-pilotes en fin de formation, avait déjà provoqué une polémique outre-Manche en février dernier…

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 10:13

 

Au 12e jour du déclenchement de l’opération “Odyssey dawn”, les frappes aériennes (airstrikes) se poursuivent. Privées de tout soutien aérien, et alors que leurs défenses antiaériennes sont quasiment neutralisées par la supériorité technologique des alliés, les forces kadhafistes sont réduites à l’impuissance comme l’atteste cette vidéo britannique (source MoD), diffusée par le quotidien The Sun et reprise par le blog Bruxelles2 de Nicolas GROS-VERHEYDE (1).

 

Si ce n’est face aux assauts désordonnés et inexpérimentés des rebelles, les blindés du Colonel KADHAFI n’ont aucune chance lorsqu’ils sont pris à parti par l’aviation occidentale. Attaqués par des Panavia Tornado GR4 anglais, ainsi que des Mirage 2000 D français, 7 blindés T72 sont détruits (essentiellement par des missiles air-sol Brimstone) au cours d'une mission dont la vidéo du Sun nous montre une partie. Alors que la France engage 33 appareils dans l'opération Harmattan, la Grande-Bretagne n'en envoie que 17, soit deux fois moins, dans l'opération Ellamy. L'Eurofighter Typhoon, dont c'est le premier engagement opérationnel, est surtout affecté  - aussi bien chez les Anglais que chez les Italiens - à des missions de supériorité aérienne plus que de frappes au sol. Son rôle reste, autrement dit, assez discret, voire effacé, eu égard à ce que représente l'armée de l'air libyenne... Le nombre d'appareils engagés comme le nombre de sorties, qui semble très limité par rapport au Rafale, ne participent donc pas à une publicité favorable en ce qui concerne le Typhoon. En revanche, l'opération Harmattan révèle la performance du Dassault Rafale, dont les qualités technico-opérationnelles maintes fois soulignées lors d'exercices - comme en Afghanistan - se confirment en Libye: fiabilité des modèles Air et Marine, et polyvalence des missions sur un rythme de sorties particulièrement intensif (250 depuis le début de l'opération soit 1600 heures de vol). Harmattant montre également la qualité de nos pilotes dont la résistance physique est mise à rude épreuve de jour comme de nuit...

 

Nonobstant un rôle qu’ils voudraient modéré et en retrait durant cette crise (2), les États-Unis assurent cependant plus de 50% des sorties et des frappes aériennes sur les forces libyennes encore loyales au Colonel KADHAFI. Des hommes et des moyens provenant de plus de dix bases de l'US Air Force ont été rassemblés pour constituer la force destinée à opérer les frappes aériennes: la 313th Air Expeditionnary Wing. Visant les batteries anti-aériennes mobiles (SA-6 Kub, code OTAN Gainful), les centres de commandement, les dépôts logistiques, les colonnes blindées, l’Air Force comme la Navy font le ménage sur le terrain tout en assurant 80% des ravitaillement en vol, 75% des surveillances aériennes et 100% des missions de guerre électronique - notamment avec les EA-18G Growler – selon un dernier rapport du Vice-amiral William E. GORTNEY.

 

(1) Un blog spécialisé sur les questions de Défense européenne, dont les sources sont remarquables.

(2) Comme en témoigne le passage récent du commandement de l’opération Odyssey dawn à l’OTAN.

 

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Le Vice-amiral GORTNEY présentant la situation au 25 mars 2011 (source - DoD)

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Armement de Rafale sur la base aérienne 126 (BA 126) de Ventiseri-Solenzara en Corse le samedi 26 mars 2011 (source - MINDEF)

 

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 21:26

 

On ne dira jamais assez l’importance d’une prévention amorcée le plus tôt possible, comme on pourra prendre conscience qu’en matière de protection civile nous sommes particulièrement en retard par rapport à un pays comme le Japon. Le Japon, dont les contraintes liées à la tectonique de la région où il se situe ont, il est vrai, obligé la population à s’éduquer très tôt en matière de protection civile.

 

Néanmoins, on pourrait s’interroger sur ce petit film d’animation dont l’objectif pédagogique est d’expliquer aux enfants de l’Empire du Soleil levant, ce qui se passe en ce moment même du côté des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi, représentées ici par un personnage appelé “Nuclear boy”.

 

Le film prêterait à sourire s’il n’y avait déjà cette catastrophe majeure, toujours pas maîtrisée à ce jour au niveau du réacteur n° 2, et qui pèsera très lourdement sur l’avenir au moins de cette région et de ses habitants, si ce n’est du Japon tout entier voire au-delà…

 

À chacun de se faire une opinion sur l’efficacité (et la pertinence) d’une telle approche où la menace de la radioactivité est comparée à un mal de ventre, des excréments et des odeurs. De quoi ajouter à la catastrophe réelle, un traumatisme à toute une génération de bambins à la vue d’une couche ou d’une première diarrhée!

 

Une version sous-titrée en français pourra être vue ici.

 

Fukushima

Après le tsunami du vendredi 11 mars 2011 qui a submergé la région de Sendaï, quatre réacteurs nucléaires situés à Fukushima Daiichi ne sont plus refroidis et commencent à entrer en fusion. Avec celle de Tchernobyl, la catastrophe de Fukushima est l'exemple type de la rencontre d'un risque naturel avec un risque technologique, l'ensemble produisant une catastrophe majeure dans un pays pourtant développé

 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 13:23
Début de l'opération Harmattan (source - Figaro magazine)


Si la proximité géographique du théâtre d’opérations libyen favorise incontestablement l'opération Harmattan, la facilité avec laquelle notre Armée de l’Air peut intervenir ne doit pas occulter l’inestimable avantage stratégique à pouvoir disposer de moyens aéronavals modernes et réactifs. La rapidité avec laquelle le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, et son groupe aérien, ont été mis en alerte, préparés et envoyés dès le dimanche 20 mars 13.00 - soit moins de 24.00 après le déclenchement de l’opération - est d’autant plus remarquable que bâtiments et équipages venaient de rentrer de plusieurs mois d’opération dans l’Océan Indien (opération Agapanthe 2010).

 

À l’heure actuelle, notre porte-avions croise au large de la Libye avec son Groupe Aérien Embarqué (GAE). Pleinement opérationnel, il est le coeur d’un Groupe Aéronaval (GAN) composé de six autres bâtiments: les frégates Dupleix, Aconit, Forbin, Jean Bart, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de classe Rubis, et le pétrolier ravitailleur Meuse. Le Dupleix et le SNA sont essentiellement dédiés à la protection anti-sous-marine du GAN, celui-ci prenant ses précautions face à l’éventuelle présence des deux sous-marins libyens connus. Il s’agit en fait de bâtiments de la classe Foxtrot. De fabrication russe, ils sont aujourd'hui déclassés, et très vraisemblablement hors d’état d’être engagés faute de pièces de maintenance, mais on ne sait jamais (1)… Par ailleurs, les côtes libyennes doivent être, en ce moment même, l’objet d’une concentration importante de sous-marins étrangers qui – même alliés – n’en demeurent pas moins des éléments de surveillance de notre GAN à surveiller. Les frégates Forbin et Jean Bart sont davantage destinées à la protection anti-aérienne. Quant à l’Aconit – une frégate furtive -, elle a pour mission la protection rapprochée en surface du GAN.

 

Ravitailleur-Meuse.jpgLe pétrolier ravitailleur Meuse (source - Mer et Marine)

 

Le GAE pourra être renforcé par d’autres appareils de combat selon l’évolution de la situation. Quant au pétrolier ravitailleur Meuse, il n’ajoute rien à l’autonomie du porte-avions Charles de Gaulle en tant que tel, ce dernier étant à propulsion nucléaire. En revanche, ce bâtiment logistique essentiel permettra de ravitailler en carbu-réacteur et en munitions les Rafale M, les SEM et les autres bâtiments du GAN, donnant à celui-ci une allonge opérationnelle d’au moins un mois. Croisant dans les eaux libyennes, le porte-avions peut ainsi multiplier et faire durer les missions au-dessus de la Libye par rapport à l’Armée de l’Air, dont les appareils partent de bases terrestres bien plus éloignées - Saint-Dizier, Dijon, Nancy ou Istres et Solenzara pour les plus proches -, mettent davantage de temps pour rejoindre le théâtre d’opérations et ne peuvent rester aussi longtemps que les SEM et les Rafale M F3 dans le ciel libyens même avec le soutien d’avions ravitailleurs C135 FR.

 

Nos concitoyens remarqueront-ils alors toute la souplesse et la puissance stratégique que le GAN apporte à l’opération déclenchée depuis samedi? Comprendront-ils davantage l’intérêt stratégique à disposer d’une force aéronavale, dont la permanence à la mer nécessite a minima la construction d’un deuxième porte-avions (fut-il à propulsion classique)?

 

Tandem-Rafale.jpg

Rafale (source - Mer et Marine)


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Pod DAMOCLES


L’opération “Odyssey dawn”, dans laquelle s’inscrit l’opération Harmattan, voit aussi le premier engagement opérationnel d’une nouvelle génération de matériels dans un contexte de guerre pour lequel ils ont été conçus: frégate de la classe Horizon, avions Typhoon, Growler et même Rafale dans une certaine mesure, optronique air-air et air-sol, missile de croisière SCALP... Si nos Rafale - équipés de la  nacelle RECO-NG et du pod DAMOCLES (2) - ont déjà été engagés en Afghanistan, leurs missions dans le ciel libyen sont bien plus dangereuses que dans le ciel afghan, même s’il n’y a pas eu de pertes jusqu’à présent.  En d'autres termes, c'est bien la première fois que le Rafale Air comme Marine est engagé dans sa véritable configuration polyvalente. Du côté des anglo-saxons, deux nouveaux appareils font également leur apprentissage opérationnel dans un ciel de guerre: l’Eurofighter Typhoon et le EA-18G Growler.

 

1.jpgEurofighter Typhoon de la Royal Air force au décollage sur la base de Coningsby (source - Royal Air Force)

 

L’Eurofighter Typhoon, déployé entre autres par la Royal Air Force, est un avion de combat de nouvelle génération. Bi-réacteurs en plan canard avec une aile delta comme le Rafale, le Typhoon est l’aboutissement d’un programme européen qui a été bien plus coûteux que le programme Rafale de Dassault aviation. Chasseur lourd, théoriquement omnirôle, le Typhoon a été avant tout conçu pour la supériorité aérienne selon les normes de la Guerre froide. Cette orientation ne le rend pas particulièrement adapté pour des frappes de précision au sol, contrairement au Rafale qui reste réellement polyvalent et omnirôle. Odyssey dawn est aussi l’occasion du premier engagement opérationnel pour le EA-18G Growler, le dernier avion de guerre électronique de l’US Navy. Construit à partir du F/A-18F Block II Super Hornet en version biplace - et en remplacement du Grumman EA-6 Prowler -, le Growler a pour mission de s’en prendre à l’architecture des défenses anti-aériennes à savoir les systèmes électroniques et les radars. Équipé de détecteurs et de brouilleurs, il tire des missiles AGM-88 HARM (High speed Anti-Radiation Missile) destinés à remonter les sources d’émission radar (2). Normalement mis en oeuvre à partir de porte-avions, le EA-18G Growler est déployé à partir de bases à terre à l’occasion de la crise libyenne, le porte-avions USS Enterprise CVN 65 étant éloigné en Mer Rouge et non positionné en Méditerranée. Aux côtés de ces appareils de dernière génération le missile de croisière européen SCALP-EG (3) dans sa version air-sol est également employé pour la première fois dans un contexte opérationnel.

SCALP-EG.jpg

 

Missile SCALP-EG/Storm shadow

 

(1) Un sous-marin de la classe Foxtrot, le Scorpion, est exposé à Longbeach (Los Angeles, Californie).

(2) Fabriqués par THALES ces deux équipements constituent ce que l'on fait de mieux en la matière actuellement. La nacelle RECO-NG permet une reconnaissance aérienne de grande qualité et en temps réel du champ de bataille quelles que soient l'altitude et la distance. Quant au pod DAMOCLES, il permet une désignation d'objectif autonome, l'avion tirant le missile n'ayant plus besoin du soutien d'un autre appareil pour illuminer la cible.

(3) Les premiers HARM utilisés en combat le furent en 1986 pour détruire des radars… libyens.

(4) Système de Croisière conventionnel Autonome à Longue Portée dont la version anglaise est appelée Storm shadow.

 

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EA-18G Growler (source - Mer et Marine)


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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 22:29

Carte

Carte de la Libye (source - Le Figaro)

 

Après plusieurs semaines de tergiversations qui ont souligné - si tant est que la preuve faisait défaut jusqu’à présent – la division de l’Union européenne, partant la faiblesse intrinsèque de sa politique de Défense, voilà que les faits se sont brutalement accélérés ces dernières 72.00. Alors que l’on commençait à envisager l’écrasement brutal du mouvement populaire libyen par le Colonel Mouammar EL-KADHAFI, le Conseil de Sécurité de l’ONU est parvenu à faire voter, le jeudi 17 mars à 18.00, la résolution 1973 autorisant enfin le recours à la force afin de faire cesser les actes de guerre du dictateur libyen contre son propre peuple.

 

Point capital, cette intervention - comme pour toute intervention touchant désormais l’Afrique et le Moyen-Orient - ne doit pas apparaître aux yeux des États et des opinions publiques comme une action “néo-coloniale” ou porteuse de pensées économiques dissimulées. Le précédent de l'expédition franco-britannique de Suez (1956) étant encore dans les esprits, la caution de l’ONU, celle de la Ligue arabe, un cadre multinational préféré à celui plus restrictif de l’OTAN ont été recherchés et mis en avant.

 

Dans ces négociations complexes et difficiles, le rôle de la France a été important et l’événement marquera incontestablement la présidence de Nicolas SARKOZY en matière de politique étrangère. Surmontant l’opposition de la Chine et de la Russie, l’absence de volonté de plusieurs partenaires européens dont l’Allemagne, la France et l’Angleterre avec le soutien des États-Unis - à l’origine réservés – sont parvenus à imposer cette résolution 1973. La Démocratie et les appels à la paix ne seront, donc, pas qu’une pétition de principe quand bien même n’est-il question que de frappes aériennes et en aucun cas d’intervention au sol.

 

La porte est, cependant, ouverte à une intervention militaire dès jeudi soir. L’ultimatum adressé par les puissances occidentales au Colonel KADHAFI, hier, laisse encore une petite chance à la diplomatie, mais les militaires sont déjà prêts. Depuis le début de la crise, une force navale internationale est déployée au large des côtes libyennes (non sans affaiblir le dispositif de lutte anti-piraterie dans l’Océan Indien…), et les états-majors ont déjà élaborés des plans de frappes aériennes.

 

Les forces loyalistes poursuivant leur offensive, elles menacent dorénavant la ville de Benghazi située à l’Est du pays. Cetet dernière constitue la dernière position tenue par les rebelles au régime de KADHAFI, et la survie d’un mouvement populaire dont le pacifisme s’est transformé en insurrection face à la violence de la répression est plus que jamais en jeu. L'intervention militaire devient désormais une réalité.

 

C’est la France qui, la première, passe à l’action dès aujourd’hui. L’opération reçoit le nom de code “Harmattan”, et est intégrée dans un dispositif allié plus vaste: l’opération “Odyssey dawn” ou “Aube de l’Odyssée” (1). À partir de 15.00, des Rafale et des Mirage 2000 de l’Armée de l’Air (2) sont présents dans l’espace aérien libyen pour des missions de supériorité aérienne, ce qui signifie la recherche de la destruction de l’armée de l’Air du Colonel KADHAFI. Rapidement, nos chasseurs s’en prennent aussi à des véhicules blindés au sol afin de neutraliser la menace anti-aérienne, mais aussi de desserrer l’étau autour de Benghazi.

 

Decollage-Rafale.jpg

Rafale

Mirage-2000.pngMirage 2000-5 au décollage (source - MINDEF)


Dans ce conflit qui s’ouvre, l’armée libyenne devrait opposer une résistance aussi symbolique que la propagande du Colonel KADHAFI est irrationnelle. Comptant avant la crise un peu plus de 100 000 hommes - militaires, miliciens et gardes révolutionnaires compris -, elle a été sensiblement affaiblie par des désertions importantes au profit du mouvement populaire et de l’insurrection. D’où le recours actuel à une force de plusieurs milliers de mercenaires africains. Son matériel de guerre reste rustique, mais vieillissant. Avions et blindés datent de la Guerre froide, période où la Libye constituait un maillon anti-occidental de la stratégie soviétique en Afrique du Nord. D’après les experts, la principale menace viendrait des systèmes anti-aériens au sol qui, s’ils ne sont pas non plus de dernière génération, n’en gardent pas moins une redoutable efficacité face aux aéronefs (avions et hélicoptères) évoluant à basse altitude. Des batteries de missiles anti-aériens, même classiques, obligeraient nos pilotes à voler bas, les mettant ainsi à portée de MANPADS 9K32 SA-7 Strela 2 (code OTAN Grail) ou, surtout, de ZSU 23-4 Shilka (code OTAN Awl)…

 

SA-7

Le SA-7 est un système d'armes dit MANPADS (Man-Portable Air-Defense Systems). Son équivalent américain est le FIM-92 Stinger. Ce sont des systèmes d'armes particulièrement redoutés, notamment entre les mains de terroristes


ZSU-23-4---Mercredi-16-mars-2011.jpg

À l'origine destiné à protéger les colonnes blindées du Pacte de Varsovie, le ZSU 23-4 se présente comme un véhicule blindé anti-aérien, équipé d'un radar et d'un affût quadruple de 23 mm. Dressant un "mur de ferraille", cet engin est particulièrement dangereux pour tout aéronef volant à basse altitude


Au total, c'est une première vague d'une vingtaine d'appareils partis des bases aériennes de Saint-Dizier (BA 113), Nancy (BA 133), Dijon-Longevic (BA 102), Istres (BA 125), et Solenzara (BA 126), qui débute l'opération "Odyssey dawn". 8 Rafale et 4 Mirage 2000 (D et 5) sont coordonnés par 1 avion de veille E3F AWACS, et sont ravitaillés en vol par 6 C135 FR. Ces derniers peuvent ravitailler 4 intercepteurs Rafale sur 5000 km. Dans les prochaines heures, d’autres appareils - cette fois américains, britanniques, canadiens, espagnols, belges, danois, norvégiens, qataris et émriratis - décollant enter autres d’Espagne, d’Italie et de Crète devraient les rejoindre: F15 Eagle, F16 Falcon et Panavia Tornado… L’US Navy qui pour l’instant reste en deuxième rideau se charge d’éventuelles missions de récupération de pilotes abattus (Combat Search and Rescue ou CSAR). Son bâtiment d’assaut amphibie  USS Kearsarge LHD 3 - une vaste plate-forme porte-hélicoptères équipée d'un radier immergeable - croise au large de la Libye, et le porte-avions USS Enterprise CVN 65 – arrivé depuis sur zone - se prépare à lancer ses F18 Hornet. Plus d’une centaine de missiles de croisière BGM 109 Tomahawk  - 110 en fait - ont cependant déjà été tirés cette nuit sur différents objectifs. Ces frappes de neutralisation des défenses aériennes libyennes - voire peut-être de décapitation (3) - ont été lancées à partir des destroyers USS Stout DDG 55 et USS Barry DDG 52 (4) mais aussi à partir des sous-marins d’attaque USS Providence SSN 719, USS Scranton SSN 756, USS Florida SSGN 728 (5).

 

Véritable illustration de ce que peut-être aujourd’hui une opération de gestion de crise, “Odyssey dawn” illustre la complexité à mettre en oeuvre une coalition internationale dans un cadre devenu de nos jours - et systématiquement - interarmées et interarmes. Jusqu'à ce qu'un commandement clair et définitif de l'opération soit défini, ce sont les États-Unis qui exercent le commandement car ils sont les seuls à pouvoir le faire - si ce n'est la seule organisation intégrée capable de le faire également: l'OTAN... -, comme ils sont les seuls à disposer de la capacité logistique aérienne et navale indispensable à de telles opérations. Dans le détail, la composante US Air Force est commandée par le Major général Margaret  WOODWARD (Ramstein), la composante US Navy par le Vice-amiral Harry B. HARRIS à bord du bâtiment de commandement USS Mount  Whitney LCC/JCC 20, et la Joint Task Force (JTF) par l'Amiral Samuel J. LOCKLEAR. La Libye relevant, cependant, d'un commandement de théâtre à savoir le grand commandement régional américain en Afrique - l’US AFRICOM (6) -, c'est le Général Carter F. HAM dont le Quartier général se situe à Stuttgart, qui supervise l'ensemble... De Stuttgart sont actuellement coordonnées les frappes aériennes via les deux grands centres de Défense aérienne européens: celui de Northwood en Grande-Bretagne et celui de Lyon Mont-Verdun, siège du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA), en France.


US-AFRICOM.jpg

(1) "Odyssey dawn" est le nom américain de l'opération. Pour les Britanniques, il s'agit de l'opération "Ellamy", et pour les Canadiens de l'opération "Mobile".

(2) Demain (dimanche), le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle devrait appareiller de Toulon, amenant rapidement son groupe aérien: Hawkeye, Super Étendard modernisés et Rafale marine.

(3) Par frappe de décapitation, il faut comprendre des tirs ciblés sur les dirigeants ennemis et leur entourage afin de paralyser la volonté politique adverse.

(4) De la classe Arleigh Burke.

(5) De la classe Los Angeles pour le Providence et le Scranton, et de la classe Ohio pour le Florida.

(6) L’US Africa Command est le dernier grand commandement régional américain. Créé en octobre 2008 afin de renforcer la présence américaine dans cette région du monde, face notamment à la dégradation de la situation dans la corne de l’Afrique, l’US AFRICOM a d’abord été commandé par le Général William E. WARD qui a été récemment remplacé, au début de ce mois, par le Général Carter F. HAM.

 

Une colonne de l'armée libyenne détruite aux abords de Benghazi (source - The Telegraph)

 

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 15:25

DON DU SANG POUR LES SOLDATS

MARDI 29 MARS 2011 AUX INVALIDES

Ruban jaune

Pochettes-plasma-CTSA.jpg

 

Le sang est une substance de première nécessité pour nos Forces armées engagées sur des théâtres d’opérations extérieurs où actions de guerre et accidents sont des réalités quotidiennes. L’Afghanistan a, ainsi, considérablement accru les besoins en plasma du fait d’un nombre important de blessés hémorragiques. Or l’hémorragie peut être une cause de mortalité importante pour des soldats polycriblés ou directement mutilés sur le champ de bataille. Ce peut être aussi la première cause de mortalité que l’on peut éviter.

 

La mission du Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTAS) est de pourvoir un stock stratégique de produits sanguins, et d’assurer pour les Armées un processus transfusionnel adapté aux réalités des théâtres d’opérations à savoir une rapidité et une efficacité d’intervention dans un contexte d’éloignement, d’isolement et de manque matériel. Dans un précédent article consacré aux blessés de guerre, nous avions vu à quel point la prise en charge de soldats dans l’heure qui suit la blessure était essentielle. Soumis à des chocs hémorragiques particulièrement graves, ces derniers peuvent être sauvés si une transfusion sanguine est opérée dès l’arrivée de l’hélicoptère sanitaire, et si celle-ci pouvait se poursuivre dans l’hélicoptère le temps du transport jusqu’à l’antenne médico-chirurgicale de théâtre.

 

Créé en 1945 par le Médecin général Jean JULLIARD (1902-1960) - dont il porte le nom sur son insigne - installé dans l’HIA Percy à Clamart, le CTSA mène aussi des activités thérapeutiques et de recherche. C’est ici qu’a été mis au point un processus de lyophilisation du plasma unique au monde, dont l’Armée française s’est faite une spécialité. Alors que le plasma est habituellement congelé à -25°, le CTAS a réussi à fabriquer un plasma identique sous forme de poudre. Ce dernier se conserve à température ambiante, et peut être reconstitué en quelques minutes avec de l’eau. Nécessitant un processus de production complexe, le plasma cryo-desséché donne au Service de Santé des Armées (SSA) une très grande souplesse pour des interventions extrêmes. Son emploi est jusqu’à présent réservé aux théâtres d’opérations extérieurs.

 

Le plasma cryo-desséché ne peut, cependant, remplacer le plasma frais (à partir duquel il est reconstitué) dont nos Forces armées éprouvent un besoin d’autant plus important que la consommation est devenue importante avec notre engagement en Afghanistan. Geste particulièrement civique pour ne pas dire généreux, le don du sang prend, ici, une signification particulière pour qui désire donner un sens à l’Esprit de Défense ou au soutien de nos soldats.

 

En prenant rendez-vous avec le CTSA au 01 41 46 72 24, les personnes intéressées pourront participer à un don de plasma (45 minutes/1 heure) ou de plaquettes (1.30/2.00) le mardi 29 mars 2011 prochain aux Invalides de 8.30 à 12.30.

 

Livraison-plasma-CTSA.jpg

 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 08:52

The hurt locker

Cliquer sur l'affiche pour télécharger la vidéo

 

Avec les guerres d’Irak et d’Afghanistan, le grand public a appris à connaître les Improvised Explosive Devices (IED) – également appelés “roadside bombs” (1) -, responsables de la plus grande partie des pertes dans les rangs des coalitions occidentales. De fabrication artisanale - ce qui n’exclue pas une grande sophistication pour certains d’entre eux -, d’une grande diversité et difficiles à détecter, les IED sont aujourd’hui le grand fléau du champ de bataille asymétrique. Aujourd’hui, les armées occidentales consacrent des budgets très importants afin d’étudier les moyens, les techniques et les tactiques des poseurs d’IED, afin de pouvoir élaborer des parades en retour (2).

 

En Afghanistan, il ne se passe pas un jour ni une nuit sans que la lutte contre les IED ne mobilise des moyens lourds. Des drones qui peuvent détecter silencieusement et à distance des équipes posant un IED, aux opérations visant à rechercher et détruire des caches d’engins explosifs divers entrant dans la fabrication des roadside bombs, c’est un ensemble important de missions qui est aujourd’hui dédié à la lutte anti-IED: anticipation, surveillance, détection, déminage… En fait, la lutte anti-IED est, actuellement, planifiée autour de trois axes stratégiques: en amont, il s’agit d’attaquer le réseau qui concentre le matériel, fabrique les IED et les pose. C’est l’organisation de la filière, de son financement et du recrutement des spécialistes qu’elle nécessite qui est, ici, visé. La récente opération Storm Lightning qui s’est déroulée en Kapisa du 29 janvier au 7 février entrait dans cette perspective.

 

Le deuxième axe stratégique de la lutte anti-IED consiste à mettre en échec le dispositif lui-même une fois qu’il est installé sur le terrain. C’est ici qu’interviennent les aspects les plus spectaculaires (les plus médiatisés) du problème. Le recours traditionnel aux chiens s’est, par exemple, accompagné d’un développement sans précédent de robots. La lutte anti-IED a contribué à une robotisation  accélérée du champ de bataille, de la télé-opération, et de la généralisation de véhicules davantage conçus pour la protection que pour le combat (MRAP). Destruction ou neutralisation des explosifs, et lorsque l’on peut, atténuation de leurs effets, sont parmis les missions les plus dangereuses et les plus éprouvantes pour nos soldats. Dans un film récent – “The hurt locker” (2009), “Démineurs” pour le titre français (voir affiche ci-dessus) - la cinéaste Katryn BIGELOW a très efficacement restitué le quotidien des combattants des Explosive Ordnance Disposal Team en Irak (3). À l’aval, le troisième volet stratégique de la lutte anti-IED concernera la formation des forces et la transmission des savoir-faire destinés à permettre une lutte en synergie de tous les acteurs du champ de bataille.

 

(1) En France, la terminologie reçoit: “Engins Explosifs Improvisés” (EEI) ou “Engins Explosifs de Circonstance” (EEC).

(2) Aux États-Unis, un service a été spécialement créé pour lutter contre cette menace. Le Joint Improvised Device Defeat Organization (JIEDDO) a reçu un budget de 2,7 milliards de dollars pour 2010. En France, c’est à l’École du Génie d’Angers qu’a été ouvert récemment (juillet 2010) un centre d’étude sur les IED. Appelé Centre Contre IED (C-IED), il s’inscrit dans une dimension interarmées.

(3) Si les IED utilisent essentiellement des munitions d’artillerie, on observe cependant des différences sensibles quant à leur fabrication et leur utilisation de l’Irak à l’Afghanistan. En Afghanistan, les engrais plus facilement accessibles sont beaucoup plus utilisés, et la rareté des routes ainsi que la faiblesse du réseau urbain expliquent aussi une plus grande dispersion dans l’emploi de ces armes par rapport au théâtre irakien.


La lutte anti-IED dans l'armée américaine

 

La lutte anti-IED dans l'armée canadienne

 

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