27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 21:26

 

On ne dira jamais assez l’importance d’une prévention amorcée le plus tôt possible, comme on pourra prendre conscience qu’en matière de protection civile nous sommes particulièrement en retard par rapport à un pays comme le Japon. Le Japon, dont les contraintes liées à la tectonique de la région où il se situe ont, il est vrai, obligé la population à s’éduquer très tôt en matière de protection civile.

 

Néanmoins, on pourrait s’interroger sur ce petit film d’animation dont l’objectif pédagogique est d’expliquer aux enfants de l’Empire du Soleil levant, ce qui se passe en ce moment même du côté des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi, représentées ici par un personnage appelé “Nuclear boy”.

 

Le film prêterait à sourire s’il n’y avait déjà cette catastrophe majeure, toujours pas maîtrisée à ce jour au niveau du réacteur n° 2, et qui pèsera très lourdement sur l’avenir au moins de cette région et de ses habitants, si ce n’est du Japon tout entier voire au-delà…

 

À chacun de se faire une opinion sur l’efficacité (et la pertinence) d’une telle approche où la menace de la radioactivité est comparée à un mal de ventre, des excréments et des odeurs. De quoi ajouter à la catastrophe réelle, un traumatisme à toute une génération de bambins à la vue d’une couche ou d’une première diarrhée!

 

Une version sous-titrée en français pourra être vue ici.

 

Fukushima

Après le tsunami du vendredi 11 mars 2011 qui a submergé la région de Sendaï, quatre réacteurs nucléaires situés à Fukushima Daiichi ne sont plus refroidis et commencent à entrer en fusion. Avec celle de Tchernobyl, la catastrophe de Fukushima est l'exemple type de la rencontre d'un risque naturel avec un risque technologique, l'ensemble produisant une catastrophe majeure dans un pays pourtant développé

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 06:40

 

La campagne libyenne place davantage sous les projecteurs des médias et l'attention générale notre Armée de l'Air et notre Marine, cette dernière notamment dans sa composante aéronavale. Il n'est a priori pas question d'engager des forces terrestres, quand bien même  - et ne soyons pas naïfs - des unités de forces spéciales sont déployées depuis plusieurs semaines sur ce théâtre d'opérations. Leur mission est essentiellement de faire de la désignation d'objectifs (par illumination laser par exemple), et de continuer à renseigner le commandement directement du sol. Ainsi, la Grande Bretagne a t-elle reconnue la présence de SAS sur le sol libyen, laissant également sous-entendre que d'autres forces spéciales d'autres pays seraient aussi à la manoeuvre... On ne peut s'empêcher de penser à quelques unités du COS.

 

Toujours est-il que l'Armée de Terre est la grande absente des événements libyens. Fortement mise à contribution en Afghanistan, au Liban et en Côte d'Ivoire - pour ne citer que ces théâtres d'engagement - principalement touchée par les pertes humaines qui affectent nos forces armées, l'Armée de Terre vient de diffuser son clip 2011 destiné à assurer une nouvelle campagne de recrutement.

 

Mêlant une approche technique et des effets de style cinématographiques destinés à rendre l'animation dynamique, ce film est en phase avec ce que les jeunes d'aujourd'hui ont l'habitude voir sur les écrans, grands comme plus petits. En ce sens, il est une nouvelle réussite en matière de communication. Mis en relation avoir le nouveau site de la Marine nationale, dont nous nous faisions l'écho récemment, il montre combien nos forces armées ont aujourd'hui compris l'importance de la communication moderne, s'en sont appropriées les techniques, et en maîtrisent la méthode (1).

 

Cependant - et tout au long du film - la forme ne se substitue pas au fond, et le message de ce clip 2011 ne triche en rien sur la réalité de l'engagement dans l'Armée de Terre, à savoir une existence  dangereuse, une existence de rigueur et de discipline, d'efforts continus, et de dépassement de soi. Le haut degré de technicité et de modernité de notre Armée de Terre, bien illustré, est mis en parallèle avec les valeurs cardinales de nos combattants: l'audace et le courage, l'humilité et l'exemplarité. Fait nouveau et remarquable, la réalité de la mort et des blessures n'est plus cachée et apparaît nettement.

 

Saluons ce clip qui présente de manière efficace et pédagogique, en quelques minutes seulement, la complexité de l'engagement militaire. D'abord individuel, celui-ci prend son sens dès qu'il s'inscrit dans une dimension géopolitique globale, que viennent illustrer des missions aussi diverses qu'elles nous montrent une Armée de haut niveau, capable d'actions de combat comme d'interposition et de pacification. De nos jours, un jeune homme comme une jeune femme qui entre dans l'Armée de Terre, vivra un entraînement physique et technique permanent sur fond de projection en OPEX. À cela ajoutons les missions de protection du territoire, qui viendront alourdir une disponibilité constamment réclamée. Cela s'appelle une vocation.

 

(1) Dans cet ordre d'idée, l'opération Harmattan est très vraisemblablement la première opération de guerre dans l'histoire de l'Armée française où l'on assiste à une communication de masse quotidienne, quasiment en direct. Depuis samedi dernier, date du début de l'opération, le MINDEF a communiqué sept fois sur la situation, soit en moyenne un bulletin d'information par jour. Un dossier "Intervention en Libye" a été mis en ligne avec trois grandes rubriques: les "interventions des autorités," les "activités opérationnelles" et les "articles liés". L'ensemble étant illustré par de nombreuses photographies (de qualité). Si cette communication reste très institutionnelle, son degré est inédit. À titre de comparaison, si les opérations afghanes font aussi l'objet d'une certaine transparence, elles sont annoncées après coup, une fois l'opération terminée. Ce qui, par ailleurs, se justifie pleinement...

 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 13:23
Début de l'opération Harmattan (source - Figaro magazine)


Si la proximité géographique du théâtre d’opérations libyen favorise incontestablement l'opération Harmattan, la facilité avec laquelle notre Armée de l’Air peut intervenir ne doit pas occulter l’inestimable avantage stratégique à pouvoir disposer de moyens aéronavals modernes et réactifs. La rapidité avec laquelle le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, et son groupe aérien, ont été mis en alerte, préparés et envoyés dès le dimanche 20 mars 13.00 - soit moins de 24.00 après le déclenchement de l’opération - est d’autant plus remarquable que bâtiments et équipages venaient de rentrer de plusieurs mois d’opération dans l’Océan Indien (opération Agapanthe 2010).

 

À l’heure actuelle, notre porte-avions croise au large de la Libye avec son Groupe Aérien Embarqué (GAE). Pleinement opérationnel, il est le coeur d’un Groupe Aéronaval (GAN) composé de six autres bâtiments: les frégates Dupleix, Aconit, Forbin, Jean Bart, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de classe Rubis, et le pétrolier ravitailleur Meuse. Le Dupleix et le SNA sont essentiellement dédiés à la protection anti-sous-marine du GAN, celui-ci prenant ses précautions face à l’éventuelle présence des deux sous-marins libyens connus. Il s’agit en fait de bâtiments de la classe Foxtrot. De fabrication russe, ils sont aujourd'hui déclassés, et très vraisemblablement hors d’état d’être engagés faute de pièces de maintenance, mais on ne sait jamais (1)… Par ailleurs, les côtes libyennes doivent être, en ce moment même, l’objet d’une concentration importante de sous-marins étrangers qui – même alliés – n’en demeurent pas moins des éléments de surveillance de notre GAN à surveiller. Les frégates Forbin et Jean Bart sont davantage destinées à la protection anti-aérienne. Quant à l’Aconit – une frégate furtive -, elle a pour mission la protection rapprochée en surface du GAN.

 

Ravitailleur-Meuse.jpgLe pétrolier ravitailleur Meuse (source - Mer et Marine)

 

Le GAE pourra être renforcé par d’autres appareils de combat selon l’évolution de la situation. Quant au pétrolier ravitailleur Meuse, il n’ajoute rien à l’autonomie du porte-avions Charles de Gaulle en tant que tel, ce dernier étant à propulsion nucléaire. En revanche, ce bâtiment logistique essentiel permettra de ravitailler en carbu-réacteur et en munitions les Rafale M, les SEM et les autres bâtiments du GAN, donnant à celui-ci une allonge opérationnelle d’au moins un mois. Croisant dans les eaux libyennes, le porte-avions peut ainsi multiplier et faire durer les missions au-dessus de la Libye par rapport à l’Armée de l’Air, dont les appareils partent de bases terrestres bien plus éloignées - Saint-Dizier, Dijon, Nancy ou Istres et Solenzara pour les plus proches -, mettent davantage de temps pour rejoindre le théâtre d’opérations et ne peuvent rester aussi longtemps que les SEM et les Rafale M F3 dans le ciel libyens même avec le soutien d’avions ravitailleurs C135 FR.

 

Nos concitoyens remarqueront-ils alors toute la souplesse et la puissance stratégique que le GAN apporte à l’opération déclenchée depuis samedi? Comprendront-ils davantage l’intérêt stratégique à disposer d’une force aéronavale, dont la permanence à la mer nécessite a minima la construction d’un deuxième porte-avions (fut-il à propulsion classique)?

 

Tandem-Rafale.jpg

Rafale (source - Mer et Marine)


1-copie-1.jpg

Pod DAMOCLES


L’opération “Odyssey dawn”, dans laquelle s’inscrit l’opération Harmattan, voit aussi le premier engagement opérationnel d’une nouvelle génération de matériels dans un contexte de guerre pour lequel ils ont été conçus: frégate de la classe Horizon, avions Typhoon, Growler et même Rafale dans une certaine mesure, optronique air-air et air-sol, missile de croisière SCALP... Si nos Rafale - équipés de la  nacelle RECO-NG et du pod DAMOCLES (2) - ont déjà été engagés en Afghanistan, leurs missions dans le ciel libyen sont bien plus dangereuses que dans le ciel afghan, même s’il n’y a pas eu de pertes jusqu’à présent.  En d'autres termes, c'est bien la première fois que le Rafale Air comme Marine est engagé dans sa véritable configuration polyvalente. Du côté des anglo-saxons, deux nouveaux appareils font également leur apprentissage opérationnel dans un ciel de guerre: l’Eurofighter Typhoon et le EA-18G Growler.

 

1.jpgEurofighter Typhoon de la Royal Air force au décollage sur la base de Coningsby (source - Royal Air Force)

 

L’Eurofighter Typhoon, déployé entre autres par la Royal Air Force, est un avion de combat de nouvelle génération. Bi-réacteurs en plan canard avec une aile delta comme le Rafale, le Typhoon est l’aboutissement d’un programme européen qui a été bien plus coûteux que le programme Rafale de Dassault aviation. Chasseur lourd, théoriquement omnirôle, le Typhoon a été avant tout conçu pour la supériorité aérienne selon les normes de la Guerre froide. Cette orientation ne le rend pas particulièrement adapté pour des frappes de précision au sol, contrairement au Rafale qui reste réellement polyvalent et omnirôle. Odyssey dawn est aussi l’occasion du premier engagement opérationnel pour le EA-18G Growler, le dernier avion de guerre électronique de l’US Navy. Construit à partir du F/A-18F Block II Super Hornet en version biplace - et en remplacement du Grumman EA-6 Prowler -, le Growler a pour mission de s’en prendre à l’architecture des défenses anti-aériennes à savoir les systèmes électroniques et les radars. Équipé de détecteurs et de brouilleurs, il tire des missiles AGM-88 HARM (High speed Anti-Radiation Missile) destinés à remonter les sources d’émission radar (2). Normalement mis en oeuvre à partir de porte-avions, le EA-18G Growler est déployé à partir de bases à terre à l’occasion de la crise libyenne, le porte-avions USS Enterprise CVN 65 étant éloigné en Mer Rouge et non positionné en Méditerranée. Aux côtés de ces appareils de dernière génération le missile de croisière européen SCALP-EG (3) dans sa version air-sol est également employé pour la première fois dans un contexte opérationnel.

SCALP-EG.jpg

 

Missile SCALP-EG/Storm shadow

 

(1) Un sous-marin de la classe Foxtrot, le Scorpion, est exposé à Longbeach (Los Angeles, Californie).

(2) Fabriqués par THALES ces deux équipements constituent ce que l'on fait de mieux en la matière actuellement. La nacelle RECO-NG permet une reconnaissance aérienne de grande qualité et en temps réel du champ de bataille quelles que soient l'altitude et la distance. Quant au pod DAMOCLES, il permet une désignation d'objectif autonome, l'avion tirant le missile n'ayant plus besoin du soutien d'un autre appareil pour illuminer la cible.

(3) Les premiers HARM utilisés en combat le furent en 1986 pour détruire des radars… libyens.

(4) Système de Croisière conventionnel Autonome à Longue Portée dont la version anglaise est appelée Storm shadow.

 

EA-18G-Growler.jpg

EA-18G Growler (source - Mer et Marine)


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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 19:18

  LA FRANCE ENGAGE UNE PARTIE DE POKER!

 

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L'aviation alliée pilonne l'armée du Colonel KADHAFI sur la route Benghazy/Ajdabiyah


La France a pris une position très courageuse de condamner l’action de Monsieur KADHAFI et de reconnaître diplomatiquement, avant tout le reste du monde, la Coordination des Insurgés, avant même qu’ils ne se soient instaurés en gouvernement provisoire. Cela signifie que nous assumons le risque de voir KADHAFI basculer à nouveau dans le terrorisme et notamment sur le sol français. Cela signifie également que nous allons devoir mettre des moyens militaires et financiers importants, à travers notre Aviation et notre Aéronavale pour effectuer des frappes très ciblées et très précises, sans aucun droit à l’erreur. Cela signifie également que nous allons devoir agir très vite.


Car Monsieur KADHAFI va nous faire une nouvelle démonstration de son grand art et de sa grande capacité à osciller entre violence et séduction. Il vient déjà de nous montrer, depuis ces quinze derniers jours qu’il maîtrisait parfaitement le « tempo » militaire et diplomatique. Il a frappé très fort militairement les insurgés, pendant que l’Union Européenne tergiversait sur le niveau et le degré de son intervention. Quand il a vu que la diplomatie française, dirigée de main de maître par Monsieur Alain JUPPE, agissait très vite pour obtenir, à l’arraché, une résolution des Nations Unies, il s’est empressé de déclarer un cessez le feu unilatéral, tentant ainsi de faire passer la France, aux yeux de tous, dans le camp des « agresseurs ». Il avait, au préalable, révélé son propre financement de la campagne électorale de l’UMP en 2007.

 

Mais surtout, il va falloir que Français et Britanniques agissent vite et fort, sous peine de se retrouver complètement isolés. Citons à cet effet, les objections de quelques pays tels que l’Inde, la Chine, la Russie ou le Brésil. Ainsi l’Inde est convaincue qu’il « n’existe pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place qui puisse justifier la décision d’établir une zone d’exclusion aérienne » et « ne sait pas plus comment les mesures prises seront appliquées ». Le Brésil estime que « le texte présenté aujourd’hui envisage des mesures qui vont bien au-delà de l’appel de la Ligue des Etats Arabes qui demandait des mesures fortes pour faire cesser la violence ». La Russie surtout « déplore le fait de n’avoir obtenu aucune réponse sur les moyens permettant de mettre en place le régime d’exclusion aérienne » De plus le texte qui leur a été soumis ne cessait de changer de libellé, suggérant même par endroit la possibilité d’une intervention militaire d’envergure ». La Chine, quant à elle, a pris une position de principe contre la guerre. Mais parmi toutes ces puissance, aucune n’a usé de son droit de veto. Ce qui veut dire en clair: « Messieurs les Franco-Britanniques, tirez les marrons du feu, nous nous inviterons plus tard à la table de dégustation… »

 

Violence et Séduction disais-je, nous allons ainsi voir toute l’habileté dont est capable le chef d’Etat Libyen sur le front de la diplomatie internationale. Le renard du désert n’est plus le Maréchal ROMMEL, mais c’est Monsieur KADHAFI.

 

Fort heureusement, notre nouveau ministre des Affaires Etrangères Monsieur Alain JUPPE va pouvoir donner, dans les semaines à venir, toute la mesure de ses grandes capacités intellectuelles de force et de séduction. Sa réussite ou son échec seront ceux de la France toute entière!

 

Alea jacta est! comme disait Jules César revenant au pays pour conquérir le pouvoir à Rome.

 

CV (R) Thierry GAUROY

Président du CCACR 77

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 22:29

Carte

Carte de la Libye (source - Le Figaro)

 

Après plusieurs semaines de tergiversations qui ont souligné - si tant est que la preuve faisait défaut jusqu’à présent – la division de l’Union européenne, partant la faiblesse intrinsèque de sa politique de Défense, voilà que les faits se sont brutalement accélérés ces dernières 72.00. Alors que l’on commençait à envisager l’écrasement brutal du mouvement populaire libyen par le Colonel Mouammar EL-KADHAFI, le Conseil de Sécurité de l’ONU est parvenu à faire voter, le jeudi 17 mars à 18.00, la résolution 1973 autorisant enfin le recours à la force afin de faire cesser les actes de guerre du dictateur libyen contre son propre peuple.

 

Point capital, cette intervention - comme pour toute intervention touchant désormais l’Afrique et le Moyen-Orient - ne doit pas apparaître aux yeux des États et des opinions publiques comme une action “néo-coloniale” ou porteuse de pensées économiques dissimulées. Le précédent de l'expédition franco-britannique de Suez (1956) étant encore dans les esprits, la caution de l’ONU, celle de la Ligue arabe, un cadre multinational préféré à celui plus restrictif de l’OTAN ont été recherchés et mis en avant.

 

Dans ces négociations complexes et difficiles, le rôle de la France a été important et l’événement marquera incontestablement la présidence de Nicolas SARKOZY en matière de politique étrangère. Surmontant l’opposition de la Chine et de la Russie, l’absence de volonté de plusieurs partenaires européens dont l’Allemagne, la France et l’Angleterre avec le soutien des États-Unis - à l’origine réservés – sont parvenus à imposer cette résolution 1973. La Démocratie et les appels à la paix ne seront, donc, pas qu’une pétition de principe quand bien même n’est-il question que de frappes aériennes et en aucun cas d’intervention au sol.

 

La porte est, cependant, ouverte à une intervention militaire dès jeudi soir. L’ultimatum adressé par les puissances occidentales au Colonel KADHAFI, hier, laisse encore une petite chance à la diplomatie, mais les militaires sont déjà prêts. Depuis le début de la crise, une force navale internationale est déployée au large des côtes libyennes (non sans affaiblir le dispositif de lutte anti-piraterie dans l’Océan Indien…), et les états-majors ont déjà élaborés des plans de frappes aériennes.

 

Les forces loyalistes poursuivant leur offensive, elles menacent dorénavant la ville de Benghazi située à l’Est du pays. Cetet dernière constitue la dernière position tenue par les rebelles au régime de KADHAFI, et la survie d’un mouvement populaire dont le pacifisme s’est transformé en insurrection face à la violence de la répression est plus que jamais en jeu. L'intervention militaire devient désormais une réalité.

 

C’est la France qui, la première, passe à l’action dès aujourd’hui. L’opération reçoit le nom de code “Harmattan”, et est intégrée dans un dispositif allié plus vaste: l’opération “Odyssey dawn” ou “Aube de l’Odyssée” (1). À partir de 15.00, des Rafale et des Mirage 2000 de l’Armée de l’Air (2) sont présents dans l’espace aérien libyen pour des missions de supériorité aérienne, ce qui signifie la recherche de la destruction de l’armée de l’Air du Colonel KADHAFI. Rapidement, nos chasseurs s’en prennent aussi à des véhicules blindés au sol afin de neutraliser la menace anti-aérienne, mais aussi de desserrer l’étau autour de Benghazi.

 

Decollage-Rafale.jpg

Rafale

Mirage-2000.pngMirage 2000-5 au décollage (source - MINDEF)


Dans ce conflit qui s’ouvre, l’armée libyenne devrait opposer une résistance aussi symbolique que la propagande du Colonel KADHAFI est irrationnelle. Comptant avant la crise un peu plus de 100 000 hommes - militaires, miliciens et gardes révolutionnaires compris -, elle a été sensiblement affaiblie par des désertions importantes au profit du mouvement populaire et de l’insurrection. D’où le recours actuel à une force de plusieurs milliers de mercenaires africains. Son matériel de guerre reste rustique, mais vieillissant. Avions et blindés datent de la Guerre froide, période où la Libye constituait un maillon anti-occidental de la stratégie soviétique en Afrique du Nord. D’après les experts, la principale menace viendrait des systèmes anti-aériens au sol qui, s’ils ne sont pas non plus de dernière génération, n’en gardent pas moins une redoutable efficacité face aux aéronefs (avions et hélicoptères) évoluant à basse altitude. Des batteries de missiles anti-aériens, même classiques, obligeraient nos pilotes à voler bas, les mettant ainsi à portée de MANPADS 9K32 SA-7 Strela 2 (code OTAN Grail) ou, surtout, de ZSU 23-4 Shilka (code OTAN Awl)…

 

SA-7

Le SA-7 est un système d'armes dit MANPADS (Man-Portable Air-Defense Systems). Son équivalent américain est le FIM-92 Stinger. Ce sont des systèmes d'armes particulièrement redoutés, notamment entre les mains de terroristes


ZSU-23-4---Mercredi-16-mars-2011.jpg

À l'origine destiné à protéger les colonnes blindées du Pacte de Varsovie, le ZSU 23-4 se présente comme un véhicule blindé anti-aérien, équipé d'un radar et d'un affût quadruple de 23 mm. Dressant un "mur de ferraille", cet engin est particulièrement dangereux pour tout aéronef volant à basse altitude


Au total, c'est une première vague d'une vingtaine d'appareils partis des bases aériennes de Saint-Dizier (BA 113), Nancy (BA 133), Dijon-Longevic (BA 102), Istres (BA 125), et Solenzara (BA 126), qui débute l'opération "Odyssey dawn". 8 Rafale et 4 Mirage 2000 (D et 5) sont coordonnés par 1 avion de veille E3F AWACS, et sont ravitaillés en vol par 6 C135 FR. Ces derniers peuvent ravitailler 4 intercepteurs Rafale sur 5000 km. Dans les prochaines heures, d’autres appareils - cette fois américains, britanniques, canadiens, espagnols, belges, danois, norvégiens, qataris et émriratis - décollant enter autres d’Espagne, d’Italie et de Crète devraient les rejoindre: F15 Eagle, F16 Falcon et Panavia Tornado… L’US Navy qui pour l’instant reste en deuxième rideau se charge d’éventuelles missions de récupération de pilotes abattus (Combat Search and Rescue ou CSAR). Son bâtiment d’assaut amphibie  USS Kearsarge LHD 3 - une vaste plate-forme porte-hélicoptères équipée d'un radier immergeable - croise au large de la Libye, et le porte-avions USS Enterprise CVN 65 – arrivé depuis sur zone - se prépare à lancer ses F18 Hornet. Plus d’une centaine de missiles de croisière BGM 109 Tomahawk  - 110 en fait - ont cependant déjà été tirés cette nuit sur différents objectifs. Ces frappes de neutralisation des défenses aériennes libyennes - voire peut-être de décapitation (3) - ont été lancées à partir des destroyers USS Stout DDG 55 et USS Barry DDG 52 (4) mais aussi à partir des sous-marins d’attaque USS Providence SSN 719, USS Scranton SSN 756, USS Florida SSGN 728 (5).

 

Véritable illustration de ce que peut-être aujourd’hui une opération de gestion de crise, “Odyssey dawn” illustre la complexité à mettre en oeuvre une coalition internationale dans un cadre devenu de nos jours - et systématiquement - interarmées et interarmes. Jusqu'à ce qu'un commandement clair et définitif de l'opération soit défini, ce sont les États-Unis qui exercent le commandement car ils sont les seuls à pouvoir le faire - si ce n'est la seule organisation intégrée capable de le faire également: l'OTAN... -, comme ils sont les seuls à disposer de la capacité logistique aérienne et navale indispensable à de telles opérations. Dans le détail, la composante US Air Force est commandée par le Major général Margaret  WOODWARD (Ramstein), la composante US Navy par le Vice-amiral Harry B. HARRIS à bord du bâtiment de commandement USS Mount  Whitney LCC/JCC 20, et la Joint Task Force (JTF) par l'Amiral Samuel J. LOCKLEAR. La Libye relevant, cependant, d'un commandement de théâtre à savoir le grand commandement régional américain en Afrique - l’US AFRICOM (6) -, c'est le Général Carter F. HAM dont le Quartier général se situe à Stuttgart, qui supervise l'ensemble... De Stuttgart sont actuellement coordonnées les frappes aériennes via les deux grands centres de Défense aérienne européens: celui de Northwood en Grande-Bretagne et celui de Lyon Mont-Verdun, siège du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA), en France.


US-AFRICOM.jpg

(1) "Odyssey dawn" est le nom américain de l'opération. Pour les Britanniques, il s'agit de l'opération "Ellamy", et pour les Canadiens de l'opération "Mobile".

(2) Demain (dimanche), le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle devrait appareiller de Toulon, amenant rapidement son groupe aérien: Hawkeye, Super Étendard modernisés et Rafale marine.

(3) Par frappe de décapitation, il faut comprendre des tirs ciblés sur les dirigeants ennemis et leur entourage afin de paralyser la volonté politique adverse.

(4) De la classe Arleigh Burke.

(5) De la classe Los Angeles pour le Providence et le Scranton, et de la classe Ohio pour le Florida.

(6) L’US Africa Command est le dernier grand commandement régional américain. Créé en octobre 2008 afin de renforcer la présence américaine dans cette région du monde, face notamment à la dégradation de la situation dans la corne de l’Afrique, l’US AFRICOM a d’abord été commandé par le Général William E. WARD qui a été récemment remplacé, au début de ce mois, par le Général Carter F. HAM.

 

Une colonne de l'armée libyenne détruite aux abords de Benghazi (source - The Telegraph)

 

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 15:25

DON DU SANG POUR LES SOLDATS

MARDI 29 MARS 2011 AUX INVALIDES

Ruban jaune

Pochettes-plasma-CTSA.jpg

 

Le sang est une substance de première nécessité pour nos Forces armées engagées sur des théâtres d’opérations extérieurs où actions de guerre et accidents sont des réalités quotidiennes. L’Afghanistan a, ainsi, considérablement accru les besoins en plasma du fait d’un nombre important de blessés hémorragiques. Or l’hémorragie peut être une cause de mortalité importante pour des soldats polycriblés ou directement mutilés sur le champ de bataille. Ce peut être aussi la première cause de mortalité que l’on peut éviter.

 

La mission du Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTAS) est de pourvoir un stock stratégique de produits sanguins, et d’assurer pour les Armées un processus transfusionnel adapté aux réalités des théâtres d’opérations à savoir une rapidité et une efficacité d’intervention dans un contexte d’éloignement, d’isolement et de manque matériel. Dans un précédent article consacré aux blessés de guerre, nous avions vu à quel point la prise en charge de soldats dans l’heure qui suit la blessure était essentielle. Soumis à des chocs hémorragiques particulièrement graves, ces derniers peuvent être sauvés si une transfusion sanguine est opérée dès l’arrivée de l’hélicoptère sanitaire, et si celle-ci pouvait se poursuivre dans l’hélicoptère le temps du transport jusqu’à l’antenne médico-chirurgicale de théâtre.

 

Créé en 1945 par le Médecin général Jean JULLIARD (1902-1960) - dont il porte le nom sur son insigne - installé dans l’HIA Percy à Clamart, le CTSA mène aussi des activités thérapeutiques et de recherche. C’est ici qu’a été mis au point un processus de lyophilisation du plasma unique au monde, dont l’Armée française s’est faite une spécialité. Alors que le plasma est habituellement congelé à -25°, le CTAS a réussi à fabriquer un plasma identique sous forme de poudre. Ce dernier se conserve à température ambiante, et peut être reconstitué en quelques minutes avec de l’eau. Nécessitant un processus de production complexe, le plasma cryo-desséché donne au Service de Santé des Armées (SSA) une très grande souplesse pour des interventions extrêmes. Son emploi est jusqu’à présent réservé aux théâtres d’opérations extérieurs.

 

Le plasma cryo-desséché ne peut, cependant, remplacer le plasma frais (à partir duquel il est reconstitué) dont nos Forces armées éprouvent un besoin d’autant plus important que la consommation est devenue importante avec notre engagement en Afghanistan. Geste particulièrement civique pour ne pas dire généreux, le don du sang prend, ici, une signification particulière pour qui désire donner un sens à l’Esprit de Défense ou au soutien de nos soldats.

 

En prenant rendez-vous avec le CTSA au 01 41 46 72 24, les personnes intéressées pourront participer à un don de plasma (45 minutes/1 heure) ou de plaquettes (1.30/2.00) le mardi 29 mars 2011 prochain aux Invalides de 8.30 à 12.30.

 

Livraison-plasma-CTSA.jpg

 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 11:59

etremarin.fr.png

 

Une Marine reste le produit d’une évolution historique qui, elle-même, façonne une culture stratégique et sociétale sur le temps long. La France a cette chance de pouvoir disposer, encore de nos jours, d’un outil naval à vocation océanique dont les moyens et les savoir-faire, s’ils ne peuvent rivaliser avec ceux de la thalassocratie étasunienne, restent très bien placés dans le classement des puissances navales actuelles.

 

De nos jours, la France est, avec les États-Unis, la seule puissance à pouvoir déployer un porte-avions nucléaire, dont l’aéronef principal – le Rafale marine standard F3 – est le meilleur au monde d’un point de vue technico-opérationnel. La France fait également partie de ce club restreint de pays capables de mettre en oeuvre une dissuasion nucléaire sous-marine. La Royal Navy qui, des siècles durant, fut la puissance navale hégémonique - et celle qui inspira directement l’US Navy -, a perdu depuis les années 1970 ce savoir-faire aéronaval qu’elle tente de récupérer avec la construction de deux porte-avions de la classe Queen Elizabeth. Retrouver une capacité aéronavale demandera, cependant, aux Britanniques de longs et coûteux efforts sur plusieurs décennies. Il est facile d’abandonner l’effort de construction d’un porte-avions. Il est, en revanche, beaucoup plus difficile (voire impossible) de s’y remettre compte tenu de l’ampleur scientifique et technologique (en constante évolution) que demande une telle construction (1)… Avec un tonnage de 396 000 tonnes dont 285 000 tonnes de bâtiments de combat, la Royal Navy est aujourd’hui durement talonnée par sa rivale historique, la Royale. Cette dernière alignant, en 2011, 300 000 tonnes dont 270 000 de bâtiments de combat…

 

Si la doctrine stratégique de la France reconnaît aujourd’hui la dimension pleinement maritime des enjeux et des crises liés à notre sécurité, cette compréhension est loin de s’être diffusée de manière éclairée dans l’ensemble d’une société qui garde une perception culturelle des menaces et des conflits davantage terrestre et continentale. L’incompréhension d’une nécessaire permanence à la mer de notre aéronavale – nécessité induisant la construction d’au moins un deuxième porte-avions – illustre ce manque d’intérêt de la société française pour les problématiques maritimes. (2)

 

Or, l’Histoire a montré à plusieurs reprises qu’une Marine de guerre est toujours le résultat d’une doctrine stratégique et de décisions politico-technico-économiques ancrées dans la longue durée. Une doctrine navale comme l’outil qui en émane ne peuvent s’improviser ni se construire sur dix ans… Au coeur de ces réflexions, de ces décisions et de ces constructions qui engagent l’avenir de notre pays, sur ou à travers les océans et les mers, se trouve également la question cruciale de la formation des équipages de la Flotte. Si, dans un avenir proche, la Chine pourra mettre à flot des porte-avions, l’acquisition des spécialités techniques et tactiques indispensables au déploiement et à l’engagement opérationnel de ces porte-avions demandera deux fois plus de temps si ce n’est davantage… Il en est de même pour l’arme sous-marine, car toute Marine est – bien plus que les deux autres armées – une armée avant tout technique et logistique par essence.

 

Assurer un recrutement permanent de qualité est, donc, une priorité pour la Marine nationale qui vient, ces derniers jours, de mettre en ligne un site de recrutement remarquable et particulièrement efficace du point de vue de sa conception et de sa charte graphique. Le site "etremarin.fr" s’ouvre par un exercice naval mettant en oeuvre une frégate, un hélicoptère et un sous-marin dans l’océan Atlantique. L’objectif de la mission étant l’évacuation de 4000 personnes, ce que doit empêcher le sous-marin. De la passerelle de la frégate au centre de contrôle du sous-marin en passant par l’habitacle de l’hélicoptère, nous pouvons suivre le déroulé de l’exercice qui se termine par le repérage du sous-marin (donc sa destruction dans la réalité…). Avec une entrée en la matière aussi pédagogique que ludique, le site ouvre sur un ensemble de pages interactives bien construites, qui permettent de renseigner utilement n’importe quel candidat sur les nombreux métiers que propose la Marine nationale.

 

Après avoir investi le réseau social “Second life” lors d’une précédente campagne de recrutement, nos marins montrent une fois de plus leur capacité à rester dans leur temps tout en continuant de servir une arme de grande tradition. Espérons maintenant que le site “etremarin.fr” contribuera à déclencher intérêts, engagements et vocations que nous souhaitons nombreux.

 

(1) En renonçant aux porte-avions au profit de porte-aéronefs à la fin des années 1960, la Royal Navy s’est condamnée à ne pouvoir dorénavant agir que dans le cadre d’une coalition sous commandement américain, quand bien même la Guerre des Malouines (1982) illustra t-elle encore la supériorité des équipages britanniques.

(2) D'excellents sites existent pourtant de nos jours, qui traitent des questions maritimes et navales. Citons, entre autres, "Mer et Marine" de Gildas LE CUNFF de KAGNAC et Vincent GROIZELEAU, "Net-marine" de Jean-Michel ROCHE, "Le portail des sous-marins" de Gilles CORLOBE...

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 12:00

P1010442Tiphaine, navigatrice sur l'EC 135, discute avec les lycéens. Cliquer sur la photographie pour accéder à l'album

 

Le Conseil de la Vie Lycéenne (CVL) est une instance présente dans tous les lycées. Constitué de dix élèves élus, de représentants des personnels de la communauté scolaire et de parents d’élèves, présidé par le chef d’établissement, le CVL a pour mission de participer à l’amélioration des conditions de vie au lycée comme aux décisions. Lieu de dialogue et d’échange, le CVL est aussi une représentation de la Démocratie et de la Citoyenneté à l’échelle du lycée, dont il est l'une des représentations légitimes en cas de manifestations extérieures.

 

Dans le cadre de l’inter-CVL du réseau Centre Seine-et-Marne - et autour du Lycée Léonard de Vinci de Melun - s’organise cette année tout un ensemble d’activités de sensibilisation à la Défense. Conduites par M. Alain JUSTEAU, Proviseur-adjoint, ces activités ont débuté le mercredi 2 mars avec l’accueil de plusieurs CVL par la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP), stationnée au Fort de Villeneuve-Saint-Georges. À cette occasion, les élèves du CVL de Galilée étaient accompagnés par l’infirmière Laurence DELY, particulièrement engagée sur les questions de secourisme et de préventions diverses depuis plusieurs années au sein du Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté (CESC).

 

Cette sensibilisation à notre Défense s’est poursuivie le mardi 8 mars dernier où, cette fois, encadrés par l’Enseignant Défense du Lycée Galilée, huit élèves du CVL sont allés à la rencontre de la Gendarmerie nationale et de l’Armée de Terre. Le contact avec les gendarmes eut lieu le matin au Fort de Charenton, où une unité d’intervention, et plusieurs équipes cynophiles firent des démonstrations dynamiques: neutralisation de suspects à bord d’une voiture, fouille d’un coffre, recherche de stupéfiants opérée par un maître-chien et son animal, neutralisation d’un suspect par un chien…  À l’image des forces armées, la Gendarmerie est un vaste domaine de spécialités en évolution constante face à des menaces fluides, matérielles comme immatérielles, elles aussi en constante évolution. Le matériel qu’utilisent les gendarmes reflètent ce large spectre d’interventions dont ils sont aujourd’hui capables: matériels anti-émeute à la fois défensif et offensif, protections balistiques diverses (gilets, visières de casque, bouclier…), armes non léthales (Taser, flashball, matraques télescopiques…) mais aussi de véritables armes de guerre (fusil de précision, fusil d’assaut FAMAS, riot gun, Heckler & Koch MP 5, en plus du Sig Sauer) devant la montée d’une délinquance et d’un banditisme qui peuvent être de nos jours d’une violence extrême. À noter également la présentation d’un bélier et d’un bouclier balistique pouvant arrêter des munitions de guerre à courte distance. Les deux matériels, d’un poids très élevé, nécessitent un entraînement physique et sportif régulier pour leur maniement.

 

Point fort de cette matinée, la présentation de l’EUROCOPTER EC 135. Hélicoptère récent, biturbine, l’EC 135 équipe la Gendarmerie nationale et permet des missions très variées comme l’héliportage, l’évacuation (l’arrière de l’hélicoptère s’ouvre sur un compartiment permettant d’héliporter un blessé sur brancard), la surveillance. Embarquant une panoplie optronique impressionnante, l’EC 135 peut suivre, pister thermiquement et écouter à de grandes distances. Il est notamment utilisé pour la surveillance du réseau ferroviaire afin de dissuader les voleurs de cables et de métaux. Appareil performant, son emploi est surtout limité par la résistance physique des pilotes dont les missions ont actuellement tendance à se multiplier… (1)

 

 

Impressionnés par des choses qu’ils ne voyaient jusqu’à présent qu’à la télévision, les élèves posèrent de nombreuses questions notamment sur l’unité phare de la Gendarmerie nationale: le Groupement d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN). L’occasion ne fut, donc, pas manquée par leurs interlocuteurs de leur rappeler la sortie concomitante dans les salles de cinéma du film de Julien LECLERCQ, L’Assaut. Celui-ci retraçant le détournement du vol Air France 8969 par des terroristes islamistes du GIA le 26 décembre 1994. L'exécution de 3 otages par les islamistes, déclencha l'intervention du GIGN et se solda par la mort des 4 terroristes.

 

L’après-midi se déroula au Fort-Neuf de Vincennes, haut-lieu de la JDC. Après le déjeuner, les différents CVL et leurs encadrants assistèrent à une présentation de l’Armée de Terre par le Lieutenant-colonel Jean-Luc OLIVE, DMD adjoint de Seine-et-Marne. À cet exposé pédagogique succédèrent deux autres interventions visant à expliquer la participation des forces armées à la protection du territoire (plan VIGIPIRATE) mais aussi de son espace aérien.

 

Dans un atelier consacré à la protection NRBC (2) les militaires montrèrent aux élèves ce qui se fait de nos jours en la matière: tenue de protection à port permanent, Appareil Normal de Protection (ANP) avec masque, matériels de détection, seringue auto-injectante (3)… Les fantassins du 35e Régiment d’Infanterie de Belfort (4), finissant une mission VIGIPIRATE sur la capitale, présentèrent également aux lycéens un matériel plus conventionnel mais toujours aussi attractif: véhicule polyvalent Defender, gilets pare-balles avec des plaques de céramique additionnelles, casque kevlar, FAMAS, PA Mac 50.

 

Organisée et conduite de manière dynamique par M. JUSTEAU, cette journée fort riche,qui intéressa réellement les élèves des lycées, fut aussi rendue possible grâce au soutien du trinôme académique représenté par l’IA-IPR Anne-Marie TOURILLON et le délégué IHEDN, Michel GAUVIN. Le Recteur de l’Académie, M. William MAROIS, vint lui-même saluer les acteurs de cette manifestation, dont le prochain rendez-vous est fixé au mercredi 4 mai 2011. Ce jour qui devrait coïncider avec la Journée Nationale du Réserviste (JNR) 2011, clôturera cette inter-CVL 2011 riche et innovante, illustrant le dynamisme de l’Éducation à la Défense dans notre académie.

 

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(1) Il faut un délai de 12.00 de récupération pour un pilote entre deux missions, surtout si l’une d’entre elle est une mission de nuit.

(2) Acronyme pour Nucléaire Radiologique Biologique Chimique.

(3) En cas de contamination du combattant par neurotoxique, cette seringue, dont l’aiguille peut percer la combinaison de protection et le treillis qui se trouve en-dessous (au niveau de la cuisse), injecte une dose de stimulant cardiaque (atropine).

(4) C'est ce régiment qui, le premier, reçut en 2008 le tout nouveau Véhicule Blindé de Combat d'Infanterie (VBCI) fabriqué par Nexter Systems et Renault Trucks Defense. Chargé d'en mener l'expérimentation, le 35e RI a, depuis l'été 2010, engagé de manière opérationnelle ce véhicule en Afghanistan.

Annonce JNR 2011

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 06:33

NON, LA MORT D’UN SOLDAT N’EST PAS UN SIMPLE ACCIDENT DU TRAVAIL

 

Il vient de survenir la mort du 54ème soldat français en Afghanistan depuis 2001. Un pilote et son navigateur viennent de périr dans l’accident d’un Mirage 2000 de la base de LUXEUIL, à l’occasion d’un exercice d’entraînement complexe.

 

Complexe comme la machinerie que constitue un avion de chasse que l’on ne mène pas sans risque au maximum de ses potentialités. La mort d’un soldat, que ce soit au combat ou que ce soit à l’entraînement, est un sacrifice au sens antique et pré-chrétien du terme. Accomplir un sacrifice, c’est étymologiquement, produire quelque chose de sacré. La mort d’un soldat est la conséquence logique et pleinement assumée mais non souhaitée de son engagement pour le drapeau qu’il sert, sous les ordres et la mission définis par les chefs qui le mènent au combat et parfois à la mort.

 

Ce n’est pas seulement la mort du soldat qui est sacrée, mais son engagement et toute sa vie, de même que le lien qui l’unit à ses chefs et à ses camarades d’unité et de combat, car elle sert une finalité supérieure qui est la paix et la tranquillité des citoyens du pays sous le drapeau duquel il combat. La finalité étant intrinsèquement juste, il faut qu’il y ait concordance entre la finalité affichée et la finalité réelle de la guerre, et notamment qu’il y ait une certaine proportionnalité entre les moyens de destruction employés et l’enjeu final de la guerre.

 

Et il faut également que l’ordre de tuer soit consubstantiellement lié au risque d’être tué soi-même, et que cet ordre soit juste et légitime. Si l’ordre n’est ni juste, ni légitime, le combattant encourt le risque d’être poursuivi pour crime de guerre et contre l’humanité. Si c’est la guerre, elle-même qui est injuste et illégitime, ce n’est plus le soldat mais c’est l’Etat du drapeau sous lequel il combat, qui risque lui-même d’être juridiquement sanctionné par les tribunaux internationaux ou par la communauté internationale des Etats.

 

C’est pourquoi l’état de militaire et de combattant est plus une vocation qu’un métier.

 

C’est pourquoi, il n’y a plus de service militaire obligatoire, mais seulement une réserve militaire volontaire.

 

C’est pourquoi le service des armes de son pays est le plus haut degré de la citoyenneté.

 

Ce n’est pas instaurer une inégalité que de dire cela, mais simplement établir une hiérarchie des valeurs, nécessaire au fonctionnement harmonieux des institutions du pays dans lequel nous vivons et que nous considérons comme « NÔTRES » par un lien fusionnel. C’est pourquoi, en tant que citoyens, nous n’avons pas seulement des DROITS mais également des DEVOIRS, et le premier devoir du citoyen est d’aimer son pays, comme il aime ses propres parents.

 

CV (R) Thierry GAUROY

Président du CCACR 77

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 11:22

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Opération Storm rumbling (Afghanistan, 2011)

 

Alors que dans nos salles de classes nous nous intéressons particulièrement à la relation entre la guerre et les médias, et les conséquences que cette relation produit sur l’opinion publique dans notre Démocratie, la chaîne France 2 va très prochainement diffuser un documentaire de Patrick BARBÉRIS qui ne pouvait mieux tomber.

 

Patrick BARBÉRIS s’intéresse depuis longtemps à cette problématique. En octobre 2008, ARTE avait diffusé son excellent documentaire, “Vietnam, la trahison des médias”, qui montrait comment les images de l’offensive du Têt (janvier-avril 1968) avaient renversé le cours de la Guerre du Vietnam alors que l’US Army était victorieuse sur le champ de bataille. Alors que l’offensive nord-vietnamienne fut tenue en échec - 58 000 morts sur les 84 000 combattants engagés dans la bataille (70% des effectifs!), libération de toutes les villes sud-vietnamiennes attaquées dont l’emblématique Hué, victoire à Khé Sanh où le camp encerclé des US Marines n’est pas tombé -, la violence des combats, les images de morts quotidiennement relayées par les télévisions occidentales durant quatre mois, l’exécution quasiment en direct du Vietcong NGUYEN Van Lem dans Saïgon, vont annuler le succès tactique de l’US Army et de l’ARVN pour donner la victoire stratégique au camp communiste. L’offensive du Têt comme l’année 1968 seront le point de départ du désengagement des États-Unis au Vietnam, partant, le début de la fin pour le régime du Sud.

 

Dans un deuxième documentaire, qui sera très certainement remarqué également, Patrick BARBÉRIS montre comment le statut du soldat français est en train de changer au sein de la société, cette dernière ne comprenant plus le sens de l’héroïsme intrinsèque à l’engagement militaire, et préférant lui substituer la victimisation. Les soldats tombés ne sont, désormais, plus des héros aux yeux de la majorité de nos contemporains, mais des victimes: victimes d’une violence incompréhensible, de situations absurdes, voire de fautes du commandement. La judiciarisation des opérations militaires dont la plainte déposée par la famille LE PAHUN au lendemain de la bataille de Sper Kunday (18 août 2008), illustre ce mouvement de privatisation de la mort du militaire, et montre à quel point la confusion des valeurs et des indispensables codes sociaux est, aujourd'hui, grande dans l’esprit de nombre de nos concitoyens. La transcendance a t-elle encore un sens dans nos sociétés hédonistes, surtout lorsqu'elle conduit au don de soi? Plus que jamais, nos démocraties, aussi anciennes au regard de l’Histoire qu’elles sont modernes dans leurs évolutions contemporaines, se doivent de redonner un sens aux sacrifices demandés par la Liberté et la Paix. À ne pas rater, donc, nonobstant l’heure tardive de diffusion:

 

(Patrick) BARBÉRIS, “La Guerre en face. Que sont nos soldats devenus?” (1), sur France 2 le jeudi 3 mars à 23.05.


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(1) Pour approfondir cette réflexion, Défense et Démocratie conseille de lire le dernier numéro de l’excellente revue “Inflexions”: “Que sont les héros devenus?”, Inflexions. Civils et militaires: pouvoir dire, 16, 2011, 232 p.

 

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